1930 |
Avril 1930 : le combat pour unifier et souder l'Opposition de Gauche Internationale face à la tourmente qui s'annonce. |
Œuvres - avril 1930
Cher Camarade Well,
Il n'est pas facile de répondre de l'extérieur aux questions que vous posez, sans connaître les circonstances concrètes. Je pense en tous cas que, puisque la manifestation aura un caractère public, c'est-à-dire ouvert à tous, il faut souligner avec une insistance particulière ce qui nous unit au Parti Communiste, sans toutefois admettre la moindre hypocrisie politique. En ce sens, je pense qu'il faudrait avancer des mots d'ordre comme "Travailleurs, communistes, l'Opposition de gauche est des vôtres, l'unité du parti doit être rétablie sur une base léniniste, etc..." . Dans ce contexte, vous pourriez aussi soulever la question du visa d'entrée, car elle est liée à la précédente, et ne sera pas perçue comme une protestation contre le parti communiste, mais comme un mot d'ordre susceptible de nous lier aux ouvriers communistes. Pour la même raison, je serais contre le fait de soulever la question de Blumkine dans une manifestation de rue. La question est trop aiguë, et trop peu connue des masses, de sorte qu'un mot d'ordre sur Blumkine pourrait faciliter les provocations et les affrontements, etc... Cela ne signifie nullement qu'il faille laisser tomber la question de Blumkine, mais il faut le faire sous une forme différente.
Je me réjouis fort que vous puissiez faire état de succès importants à Leipzig. J'espère que vous me ferez un compte-rendu détaillé du travail de l'opposition à Leipzig, ainsi que du déroulement et de l'issue du l° mai, pour le Biulleten russe, la Vérité, etc... Cela est extrêmement important, car en France certains camarades doutent qu'il soit opportun, compte tenu de la faiblesse de l'opposition, d'intervenir activement dans les actions du Parti. Je tiens ces considérations pour fausses, mais le meilleur argument est un bon exemple.
Que vous vous teniez à l'écart de la direction berlinoise, cela est psychologiquement compréhensible, mais politiquement dangereux. Je vous en ai déjà parlé dans ma dernière lettre. Assurer l'unité de l'opposition et constituer une direction capable d'agir, voilà ce qu'il faut accomplir à tout prix. Lorsque cela sera obtenu, nous nous mettrons à travailler de toutes nos forces pour transformer le Kommunist en hebdomadaire. Il faudrait que ce soit fait très bientôt. Mais le préalable demeure: avoir auparavant une direction ferme, soudée et résolue.