1936 |
Lettre à Muste, Spector, Abern. Traduite de l'allemand |
Œuvres – mars 1936
Lettre à Muste, Spector, Abern
Chers Camarades [1]
Je viens de recevoir votre cible conçu en ces termes : " All our group decide loyally carry out convention decision greeting Muste, Spector and Abern [2]. " Je n'ai pas besoin de vous dire que cette nouvelle a été accueillie avec grande joie dans notre maison. Ce que cette adhésion au parti socialiste va apporter, seul le cours ultérieur des choses nous l'apprendra. Toutefois, le fait qu'on ait accompli un tournant tactique de cette importance sans scission, malgré les divergences les plus aiguës, est la meilleure preuve de la haute valeur des cadres de notre parti américain. Ce qui vaut autant pour l'actuelle minorité que pour la majorité. Car, pour éviter une scission dans de telles situations, il faut une solide volonté des deux côtés. Je vous félicite pour cet immense succès qui en appellera d'autres.
Etes vous au courant des attaques du gouvernement hollandais contre notre parti au Pays Bas : confiscation du journal et nouveau procès ? La raison en est à nouveau la question coloniale, une question brûlante pour la Hollande à propos de laquelle nos amis hollandais ont une fois de plus manifesté leur courage révolutionnaire. Il est absolument nécessaire que toutes les organisations de la IVº Internationale, ainsi que tous les sympathisants, donnent à cette affaire l'écho qu'elle mérite.
Avec mes salutations et mes vux les plus cordiaux.
Notes
[1] Abraham Johannot Muste (1885 1967), fils d'émigrés hollandais, pasteur sanctionné pour pacifisme en 1915, venu au mouvement ouvrier dans la grève de Lawrence en 1918 avait partt été à partir de 1921 directeur pédagogique du Brookwood Labor College. Convaincu de la nécessité de l'organisation politique des travailleurs, il avait fondé en 1929 le C.P.L.A (Committee for Progressive Labor Action) qui était devenu ensuite American Workers Party, lequel avait fusionné en 1934 avec la Communist League of America, section de la L C I., pour former le W.P.U.S. (Workers Party of the United States) dont il était le secrétaire. Trotsky attachait une grande importance au fait que ses camarades aux Etats Unis avaient pu gagner une figure aussi typiquement américaine et s'était inquiété de le voir en opposition à la politique d'entrée dans le P.S, que préconisaient Cannon et Shachtman, les anciens de la C.L.A.
Maurice Spector (1898 1968) était né en Ukraine et était venu tout enfant au Canada dont Il fut très jeune un dirigeant du P.C. Membre de l'exécutif de l'I.C., Il passa à l'Opposition de gauche en 1928 et fut exclu. Il venait de quitter le Canada et de se fixer à New York. Il avait rendu visite à Trotsky à H?nofoss quelques jours avant (uvres 7).
Martin Abern (1898 1943) avait adhéré aux J.S. en 1912 et était en 1917 secrétaire du P.S. du Minnesota. Rallié au P.C. Il avait été secrétaire national des J.C,, puis l'un des collaborateurs de Cannon dans le parti puis l'Opposition de gauche. Il passait pour un organisateur de talent, et était également le centre d'un groupe très actif que ses adversaires devaient appeler " la clique Abern ". Il avait été aussi un adversaire déterminé de l'entrisme, y compris en France.
[2] " Tout notre groupe décide d'appliquer loyalement la décision du congrès salut Muste Spector et Abern. " Le congrès du W.P.U.S. venait de décider l'entrée en bloc de ses militants dans le parti socialiste conformément à une proposition de Shachtman et Cannon que Trotsky avait appuyée. Une minorité s'y était opposée avant et pendant le congrès, et ses principaux dirigeants avaient été précisément Muste, Spector et Abern. Trotsky avait redouté une scission et s'était employé, aussi bien par lettres que dans ses conversations avec Spector, à préserver l'unité des rangs du W.P.U.S. dans cette opération " entriste ". Le télégramme en question était la preuve qu'il avait réussi.