1936

Lettre à G. Vereeken, Bibliothèque du Collège de Harvard, 10723, avec la permission du Collège de Harvard. Original en français.


Œuvres – avril 1936

L. Trotsky

[Avant la réunification en Belgique]

8 avril 1936


Cher Camarade Vereeken [1],

Je vous remercie pour l'envoi des derniers documents et je me réjouis du rapprochement entre votre organisation et l'A.S.R. [2]. Voici quelques remarques de ma part.

  1. Je ne vois aucune utilité d'une longue discussion préalable à la fusion. Les deux organisations ne sont pas tombées du ciel. Elles se connaissent suffisamment. Les bases nécessaires pour la fusion sont données par l'expérience. On aboutira à la précision programmatique dans l'organisation unifiée par les efforts communs.
  2. Ce qui me semble absolument stérile, c'est de recommencer une discussion abstraite sur la « manière d'aborder les masses ». Le seul argument qui aura de l'importance, ce sont les chiffres. Les adhérents de chaque côté. C'est la meilleure vérification de la « manière d'aborder les masses ».
  3. Commencer l'action commune ou la fusion par des considérations sur le « danger de dégénérescence » me paraît caractéristique de l'esprit sectaire. Il n'y a pas de recettes spéciales contre la dégénérescence. Il s'agit maintenant d'aborder les masses effectivement par une action vigoureuse.
  4. La formule de la « lutte commune contre la guerre et le fascisme » me paraît un peu empruntée aux staliniens. La lutte contre la guerre et le fascisme, c'est la lutte pour la révolution sociale. Elle englobe toute notre activité. Si la base existe pour la lutte commune contre la guerre et le fascisme, elle existe par là‑même pour la fusion.
  5. Quant au nom du nouveau parti, il faut bien constater que les dénominations de « communiste » et de « socialiste » sont bien compromises. Ne pourrait‑on se déclarer « parti ouvrier de la révolution sociale » ? On devrait selon moi aussi appeler la IV° Internationale « parti mondial de la révolution sociale ».

Notes

[1] Georges Vereken aspirait à la réunification avec les trotskystes qu'il avait quittés lors de leur entrée dans le P.O.B. en 1935. Il venait d'envoyer à Trotsky une série de documents en vue de l'unification entre son groupe de la L.C.I. et l'A.S.R.

[2] Walter Dauge, porte‑parole de l'A.S.R., venait d'annoncer dans son journal le 4 avril qu'il refusait de signer le programme électoral du P.O.B., ce qui était le signal de son exclusion et de celle de ses partisans. La scission signifiait ipso facto la fusion A.S.R.‑L.C.I. C'était en effet la majorité « entriste » de la section belge qui, après sa rupture avec Vereeken, avait construit l'A.S.R. et gagné Dauge dans le P.O.B. et les « non‑entristes » pour leur part se réjouissaient de la « sortie » des « entristes ».


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