1938 |
Lettre à A. Rosmer (9896), dictée en français, avec la permission de la Houghton Library. |
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12 juin 1938
Le tableau que vous donnez dans votre dernière lettre de l'état de l'investigation en relation avec l'état politique est bien convaincant. C'est à peu près ainsi que nous nous représentions la situation ici, moins les précisions. Que pensez‑vous, si je m'adresse directement d'ici au juge d'instruction, avec copie de la lettre au ministre de la Justice ou au chef du gouvernement, avec le dessein de publier cette lettre si les choses continuent à ne pas marcher. Je l'aurais déjà fait dès la réception de votre lettre, mais vous m'avez annoncé une lettre de Gérard [Rosenthal] qui n'est cependant pas arrivée.
Beaucoup de journaux des Etats‑Unis et du Mexique avaient publié, quelques jours après la mort de Léon, une courte déclaration de l'avocat de Trotsky, Gérard Rosenthal, disant : « On fera tout le nécessaire pour l'investigation, quoique l'on soit sûr que la mort soit naturelle. » Les camarades américains, aussi bien que nous, furent bien étonnés de cette déclaration. Comment a‑t‑elle pu se produire ? Avec qui Rosenthal a‑t‑il parlé à ce moment‑là ? C'est lui seul qui pourrait peut‑être débrouiller cette énigme [2] .
En tout cas, il faut chercher des moyens de pression. Si la presse française est presque inaccessible ; nous avons toujours les réserves de la presse des Etats‑Unis et du Mexique. Par ces voies détournées, on peut bien faire pression sur la presse française et sur les autorités. La seule chose qui me gêne, c'est le manque d'information, car j'ai peur d'entrer en collision quelconque avec vous.
Quant à la situation générale, il semble que le Front populaire se soit donné pour tâche d'aplanir dans le délai le plus court tous les obstacles sur la voie du fascisme.
On a vraiment l'impression que le seul gouvernement courageux et honnête de cette époque, c'est le gouvernement Càrdenas.
Notes
[1]
Trotsky avait chargé Alfred Rosmer de le représenter dans les difficiles négociations et les mesures à prendre pour une enquête
après la mort à Paris de son fils Léon Sedov.
[2]
Rosenthal devait démentir avoir jamais fait à quiconque une déclaration de ce genre.
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