1940 |
En mai 1940, Trotsky rédige le manifeste de la IV° Internationale sur la guerre. Ce texte basé sur les principes de l'internationalisme prolétarien servira de base à l'activité trotskyste durant toute cette période et sera l'un des derniers de Trotsky avant son assasinat. |
Manifeste d'alarme de la IV° Internationale
La Révolution prolétarienne
Les conditions
fondamentales pour la victoire de la révolution prolétarienne ont été établies
par l'expérience historique et sur le plan théorique :
1. L'impasse bourgeoise et la confusion de la classe dominante qui en résulte,
2. le vif mécontentement et l'aspiration à des changements décisifs dans les
rangs de la petite bourgeoisie sans le soutien de laquelle la grande bourgeoisie ne peut pas se
maintenir,
3. La conscience du caractèrere intolérable de la situation et le fait qu'on soit, dans les rangs du prolétariat, prêts à
des actions révolutionnaires,
4. Un programme clair et une direction ferme de l'avant‑garde
prolétarienne ‑ telles sont les quatre conditions pour la victoire de la révolution prolétarienne.
La principale raison des défaites de nombreuses révolutions a sa racine dans le fait que ces quatre conditions n'atteignent que rarement le nécessaire degré de maturité au même moment. En histoire, la guerre est souvent la mère de la révolution précisément parce qu'elle secoue jusque dans leurs fondations des régimes totalement surannés, affaiblit la classe dirigeante, et hâte la montée de l'agitation révolutionnaire dans les classes opprimées.
Déjà, la désorientation de la bourgeoisie, les inquiétudes et le mécontentement des classes populaires sont intenses, non seulement dans les pays belligérants, mais aussi dans les pays neutres : ces phénomènes s'intensifieront avec chaque mois de guerre. Au cours des vingt dernières années, c'est vrai, le prolétariat a subi une défaite après l'autre, chacune plus grave que la précédente, a perdu ses illusions dans ses vieux partis et abordé la guerre incontestablement dans un état d'esprit dépressif. On ne devrait cependant pas surestimer la stabilité ou la capacité de durer de tels sentiments. Les événements les ont fait apparaître; les événements les feront disparaître.
La guerre comme la révolution est faite d'abord et avant tout par la plus jeune génération. Des millions de jeunes, incapables d'accéder à l'industrie, ont commencé leur vie comme chômeurs et sont ainsi restés à l'écart de la vie politique. Aujourd'hui, ils sont en train de trouver leur place, ou bien ils la trouveront demain : l'Etat les organise en régiments, et pour cette raison même, ouvre la possibilité de leur unification révolutionnaire. Sans aucun doute, la guerre secouera aussi l'apathie des générations plus anciennes.