1927

La plate-forme des bolcheviks-léninistes (Opposition) pour le XV° Congrès du PC de l'URSS. Un domument élaboré par Trotsky et Zinoviev, repris par 13 membres du CC et de la CCC, puis par près de 10 000 communistes.

Téléchargement fichier zip (compressé) : cliquer sur le format de contenu désiré

Format MS Word/RTF Format Acrobat/PDF

Plate-forme pour le XV° congrès du PCUS

Opposition bolchévique unifiée


VIII. Les Jeunesses Communistes

On a transporté entièrement dans les Jeunesses Communistes - même quelquefois en l'aggravant la fausse ligne politique et l'arbitraire. L'éducation internationaliste de la jeunesse ouvrière est mise de plus en plus au second plan. Toute manifestation critique est étouffée et pourchassée. l'es organisations du parti exigent, avant tout, des candidats à la direction des organismes des Jeunesses Communistes qu'ils se « soumettent »complètement aux organisations du parti et qu'ils soient bien prêts à traquer l'Opposition. Un tel régime supprime complètement dans les Jeunesses le rôle des militants ouvriers de base, éléments qui, en général, sont très sains.

La fausse ligne - dictée d'en haut ouvre, dans les Jeunesses - et dans une plus large mesure que dans le parti - la porte aux influences petites­-bourgeoises.

Durant les dernières années, les Jeunesses communistes ont augmenté rapidement leurs effectifs, mais aux dépens de leur composition sociale. Depuis le XIII° Congrès du Parti, le niveau prolétarien des Jeunesses est tombé de 41,1 % à 34,4 % tandis que le niveau de la jeunesse ouvrière, travaillant à l'usine, est tombé de 49,8 % à 47 %. L'activité politique des jeunes ouvriers se ralentit.

Dans ces conditions, les fautes les plus grossières - capables de détacher les Jeunesses Communistes de la Jeunesse ouvrière - sont les dernières dispositions aggravant, malgré les décisions du XIV° Congrès du parti, la situation de la jeunesse ouvrière (parmi ces décisions, il faut indiquer la tentative d'instaurer l'apprentissage non rétribué).

Les Jeunesses à la campagne s'appuient de moins en moins sur les ouvriers agricoles et les paysans pauvres. Le travail culturel et économique est dirigé de plus en plus sur une voie fausse.

Le poids spécifique des couches pauvres diminue partout, dans les cellules de villages, chez les militants, parmi les membres du parti appartenant aux Jeunesses. En même temps qu'on enregistre dans les villes une diminution constante d'adhésions de jeunes ouvriers, à la campagne les couches de paysans moyens et aisés forment de plus en plus la majorité des Jeunesses.

A la ville comme à la campagne on assiste à des tentatives de leur part pour accaparer la direction ; un rôle plus important est joué dans les Jeunesses, surtout à la campagne, par les groupes composés d'employés et autres éléments non prolétariens.

36 % des nouveaux adhérents du parti viennent des Jeunesses communistes (Pravda, 14-7-1927). Les membres du parti appartenant aux Jeunesses sont dans la proportion de 1/4 à 1/3 des éléments non prolétariens tandis qu'à la campagne, la composition sociale des membres du parti, appartenant aux Jeunesses, se transforme assez rapidement au profit des paysans moyens et aux dépens des ouvriers agricoles et des paysans pauvres (20 % de paysans moyens en 1925 ; 32,5 % en 1927). De cette façon, les Jeunesses communistes deviennent un des canaux par lesquels les éléments petits-bourgeois pénètrent dans le parti.

Afin que la direction des Jeunesses reste entre les mains des éléments prolétariens, pour éviter leur affaiblissement continuel, leur élimination par les transfuges sortis des milieux intellectuels, des employés et des couches paysannes aisées, ce qui amènerait inévitablement une dégénérescence petite-bourgeoise des Jeunesses, il faut :

  1. Entraver immédiatement toute tentative d'enlever à la jeunesse travailleuse ses acquisitions révolutionnaires dans le domaine de l'éducation et du travail. Il faut supprimer toutes les nouvelles dispositions qui aggravent les conditions de travail des jeunes. Ceci est très important car ces mesures doivent précéder la lutte contre les phénomènes anormaux qui se produisent dans les Jeunesses (ivrognes, apaches, etc.) ;
  2. Relever systématiquement et sans défaillance le niveau culturel et matériel de la jeunesse ouvrière, par rapport à l'amélioration générale des conditions de vie des ouvriers, en augmentant les salaires, en développant le nombre des écoles, des facultés ouvrières, des cours professionnels et en relevant la qualification du travail de la Jeunesse ouvrière ;
  3. Arriver, dans les années prochaines, à mettre à exécution les décisions des anciens congrès du Parti et des Jeunesses disant que 100 % de la jeunesse ouvrière des villes et de la campagne (ouvriers agricoles) doivent être attirés dans les organisations de Jeunesses ;
  4. Renforcer, non en paroles, mais en fait, l'absorption par les Jeunesses des jeunes paysans pauvres ;
  5. Attirer dans les JC les paysans moyens économiquement faibles et ceux des paysans moyens qui, dans la vie publique, ont donné des garanties par leurs luttes contre le koulak ;
  6. Assurer la défense des intérêts des paysans pauvres en dirigeant le travail des Jeunesses dans la voie de la construction de la campagne nouvelle, non sur la voie de l'enrichissement individuel, mais par le canal de la coopération et de la collectivisation de l'agriculture ;
  7. Améliorer le contenu social des membres du parti appartenant aux Jeunesses en n'acceptant au parti, pendant deux ans, que des adhésions d'ouvriers, d'ouvriers agricoles et de paysans pauvres ;
  8. Par des mesures énergiques, prolétariser le noyau dirigeant les Jeunesses en attirant au travail de direction les ouvriers agricoles et les paysans pauvres. Il faut décider que, dans les grands centres industriels, la composition des organismes de Jeunesses (comités régionaux, comités de rayons) doit être faite d'une majorité écrasante d'ouvriers travaillant à l'usine et attirer ces éléments à la participation réelle du travail de direction.
  9. Mener une lutte sérieuse contre le bureaucratisme. Il faut restreindre au minimum l'appareil rémunéré. Le travail doit être assuré bénévolement au moins pour moitié, et dans les grands centres industriels aux trois quarts, par les membres des Jeunesses communistes. Les militants de base doivent être associés à l'accomplissement de ces tâches;
  10. Le travail d'éducation des Jeunesses communistes doit être intensifié et étroitement lié à leur travail pratique quotidien, ainsi qu'à la vie politique et à la vie du Parti (Soviets, syndicats, coopératives, etc.) ;
  11. Changer radicalement les méthodes d'éducation existantes : étudier sérieusement le marxisme et le léninisme en employant la méthode vivante : examiner les problèmes en commun, les discuter dans une atmosphère de camaraderie, acquérir, non pour la forme mais en réalité, les connaissances nécessaires ;
  12. Instaurer, non en paroles, mais en réalité, le régime de démocratie des Jeunesses communistes, supprimer l'arbitraire el l'expulsion des Jeunesses de ceux qui ne pensent pas de la même façon sur les problèmes touchant le parti et les Jeunesses. Respecter strictement les statuts concernant la convocation des conférences et congrès de rayons, de districts, de régions, etc.

Archives Trotsky Archives IV° Internationale
Début Précédent Début Sommaire Suite Fin