La plate-forme des bolcheviks-léninistes (Opposition) pour le XV° Congrès du PC de l'URSS. Un domument élaboré par Trotsky et Zinoviev, repris par 13 membres du CC et de la CCC, puis par près de 10 000 communistes. |
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Plate-forme pour le XV° congrès du PCUS
Opposition bolchévique unifiée
Aucun parti n'a encore remporté, au cours de toute l'histoire mondiale, des succès tels que le nôtre qui depuis 10 ans déjà se trouve à la tête du prolétariat réalisant sa dictature. Le PC de l'URSS est le levier principal de la révolution prolétarienne. Il est le Parti le plus important de l'Internationale Communiste. Aucun autre n'assume de telles responsabilités politiques mondiales. C'est pour ces raisons mêmes que notre Parti, détenant le pouvoir, doit sans crainte critiquer ses fautes, ne doit cacher aucun de ses côtés sombres, doit voir clairement le danger direct de dégénérescence, afin de prendre à temps les mesures nécessaires. Il en était toujours ainsi du temps de Lénine qui mettait en garde contre la transformation possible du Parti en « Parti qui s'est enorgueilli » (Lénine, tome XVII, page 112).
En exposant plus loin l'état actuel du Parti avec tous ses côtés sombres, nous, oppositionnels, espérons fermement qu'avec une ligne léniniste juste, le Parti vaincra toutes ses maladies et sera à la hauteur de ses tâches historiques.
1. La composition sociale du Parti s'aggrave de plus en plus au cours de ces dernières années. Au ler janvier 1927, on compte dans notre Parti (en chiffres ronds) :
Ouvriers de l'industrie et des transports (à l'usine) | 430 000 |
Ouvriers agricoles | 15 700 |
Paysans (dont plus de la moitié actuellement fonctionnaires) | 303 000 |
Employés (dont plus de la moitié ex-ouvriers) | 462 000 |
Ainsi, nous avons dans notre Parti, au I° janvier 1927, un tiers d'ouvriers à l'usine (même moins : 31 %) et deux tiers de paysans, employés, ex-ouvriers et « autres ».
Notre Parti a perdu, au cours de ces derniers 18 mois, environ 100 000 ouvriers d'usine. La « sortie mécanique » au cours de l'année 1926 s'élève au nombre de 95 000 communistes du rang, parmi lesquels 76,5 % d'ouvriers d'usine (Izvestia du CC, n° 21-25).
La récente « tamisation », ainsi qu'on a nommé l'épuration faite à l'occasion du réenregistrement, des membres, a occasionné, selon les données officielles (certainement atténuées), une sortie d'environ 80 000 membres du Parti dont l'immense majorité sont des ouvriers. D'après les chiffres établis, le recensement a englobé 93,5 % des effectifs du parti de l'année courante (Izvestia du CC, n° 24-25). Ainsi donc, à l'occasion d'un simple réenregistrement, 6,5 % du chiffre global des membres du Parti ont été « tamisés » (ce qui représente environ 80 000 hommes). Parmi les « tamisés » se trouvent environ 50 % d'ouvriers qualifiés et de 1/3 de manœuvres spécialisés. Les tentatives de l'appareil du CC de diminuer tendancieusement les données déjà atténuées ne tiennent pas. C'est ainsi que le recrutement de Lénine est remplacé par la « tamisation » de Staline.
D'autre part, 100 000 nouveaux paysans ont été admis dans le Parti depuis le XIV° Congrès, dont la majorité appartient aux couches aisées ; la proportion des ouvriers agricoles est insignifiante.
2. La composition sociale des organismes dirigeants du Parti s'est encore plus aggravée. Dans les Comités de district, les paysans (d'origine) représentent 20,5 % les emplovés et autres 24,4 % ; 81,6 % des membres de ces comités sont des fonctionnaires d'Ftat. La proportion des ouvriers d'usine dans les organismes dirigeants du Parti est insignifiante : Comités régionaux, 13,2 % ; comités de district, de 9,8 % à 16,1 % (voir les statistiques du département des statistiques du CC et du PC de l'URSS du 10 juin 1927).
Dans l'ensemble du Parti, on compte environ un tiers d'ouvriers d'usines, et dans les organismes délibératifs cet élément ne s'y trouve plus que dans la proportion d'environ un dixième. Cette situation représente un danger imminent pour le parti. Les syndicats ont suivi le même chemin (voir le chapitre : La situation de la classe ouvrière et les syndicats). Cela indique dans quelle mesure les « dirigeants » provenant des couches petites-bourgeoises et la bureaucratie « ouvrière » nous enlèvent le pouvoir. C'est là le chemin le plus sûr vers la « dépolarisation » du Parti.
3. Le rôle des « ci-devant » socialistes-révolutionnaires et mencheviks dans l'appareil du Parti et en général dans les postes dirigeants a grandi. Au moment du XIV° Congrès, 38 % des collaborateurs responsables de la presse Soviétique étaient d'anciens membres d'autres partis (procès-verbal du XIV° Congrès, page 83). Cette situation a encore empiré depuis lors. La direction de la presse du Parti est actuellement entre les mains soit de l'école révisionniste des « jeunes » (Slepkov, Stetsky, Maretsky et autres), soit des « ci-devant ». Un quart environ des cadres supérieurs de l'actif du parti est composé d'anciens socialistes-révolutionnaires ou mencheviks.
4. Le bureaucratisme grandit dans tous les domaines, mais où sa croissance est particulièrement pernicieuse, c'est dans le Parti. Aujourd'hui, le bureaucrate « dirigeant » du Parti raisonne de la façon suivante :
« Nous avons des membres du Parti qui ne comprennent pas encore clairement ce qu'est le Parti, ce qu'il représente. Ils pensent que le point de départ du Parti c'est la cellule, que la cellule est la première brique, qu'ensuite vient le Comité de rayon, puis les autres comités se superposant jusqu'au CC. Mais il n'en est pas ainsi. Notre parti doit être considéré d'en haut. Et cet ordre doit être respecté dans les rapports réciproques pratiques et dans tout le travail. » (« Molot », 275-1927, discours du camarade Jivov, secrétaire adjoint du Comité régional du Caucase du Nord.)
La définition de la démocratie intérieure du Parti donnée par d'autres camarades plus responsables encore, tels que les camarades Ouglanov, Molotov, Kaganovitch (Pravda, 4 juin 1926, 13 juin 1926, etc.) a le même sens. Cette « nouvelle » structure du Parti porte en elle de gros dangers. Si nous acceptions réellement que « le parti doit être considéré d'en haut » cela signifierait que le parti de Lénine, le parti des masses ouvrières n'existe plus.
5. Ces dernières années, l'anéantissement de la démocratie intérieure du Parti s'est poursuivi systématiquement, à l'encontre de tout le passé du Parti bolchevik, à l'encontre de décisions précises de toute une série de congrès du Parti, Le système de l'éligibilité disparaît. Les principes d'organisation du bolchevisme sont dénaturés à chaque pas. Les statuts du Parti sont systématiquement modifiés dans le sens d'une augmentation des droits des organismes supérieurs et d'une diminution des droits des cellules de base. La durée du mandat des Comités de districts, de rayons, de régions, du CC se prolonge d'un ou de deux ans et plus. Les bureaux des comités régionaux du parti, des soviets, des syndicats, etc. sont en fait inamovibles pendant 3 et 5 ans. Le droit de chaque membre du Parti, de chaque groupe « de porter les divergences de principe devant tout le Parti » (Lénine) est en fait aboli. Les congrès et les conférences sont convoqués sans que les questions aient été librement discutées par l'ensemble du Parti, ainsi qu'il en était du temps de Lénine, et le fait de réclamer de telles discussions est considéré comme une violation de la discipline du Parti. Les paroles de Lénine déclarant que l'« État-major » doit s'appuyer effectivement sur la bonne volonté consciente de l'armée qui suit son « État-major » en même temps qu'elle dirige (tome IV, page 318) sont complètement oubliées.
En liaison étroite avec le cours général actuel, un processus extrêmement important s'accomplit à l'intérieur du Parti, qui consiste à évincer les vieux membres qui ont passé par le travail illégal ou au moins par la guerre civile, plus particulièrement capables de défendre leurs opinions et de les remplacer par de nouveaux éléments, faisant surtout preuve d'obéissance passive. Cette obéissance, encouragée par la direction sous le couvert d'une discipline révolutionnaire, n'a en réalité rien de commun avec elle.
Il arrive souvent que les nouveaux membres du Parti, qui viennent de la catégorie des ouvriers qui, autrefois, se distinguaient par leur soumission complète aux anciens gouvernants, sont actuellement poussés à des postes dirigeants dans les cellules ouvrières ainsi que dans l'administration. Ces éléments tâchent de rentrer dans les bonnes grâces, en affichant démonstrativement leur vive animosité envers les vieux ouvriers - militants du parti guides de la classe ouvrière dans les moments les plus difficiles de la Révolution.
Ces déviations, sous une forme beaucoup plus répugnante, sont transportées dans l'appareil de l'État. On y trouve souvent le spécimen accompli du fonctionnaire soviétique « membre du Parti », jurant dans les moments solennels par Octobre, accomplissant, avec une indifférence complète, la tâche qui lui est fixée, s'enracinant dans les milieux petits-bourgeois, ergotant, dans la vie privée, sur les dirigeants et, le jour réservé aux réunions du Parti, y attaquant l'Opposition.
Les droits réels des membres du Parti haut placés (en premier lieu du secrétaire) sont beaucoup plus grands que les droits réels des centaines de communistes de la base. Petit à petit, l'appareil s'empare de tout le travail du Parti et laisse celui-ci à l'arrière-plan. Ceci est couronné par une « théorie » de Staline qui nie la position de Lénine - indiscutable pour chaque bolchevik - disant que la dictature du prolétariat ne peut être réalisée que par la dictature du Parti.
L'anéantissement de la démocratie intérieure du parti mène à l'anéantissement de la démocratie ouvrière en général, dans les syndicats et dans d'autres organisations sans parti de masses.
On déforme les divergences intérieures du Parti. Durant des mois et des années on mène une polémique empoisonnée contre le point de vue des bolcheviks qui sont classés comme « opposition ». On ne leur donne pas la possibilité de faire connaître leur point de vue dans la presse du Parti. Les menchéviks, cadets, socialistes révolutionnaires, les bundistes, les scissionnistes d'hier polémiquent dans les colonnes de la Pravda contre les documents envoyés au CC par ses membres, maquillant et déformant certaines phrases séparées du contexte. Mais les documents eux-mêmes ne sont jamais publiés. On oblige les cellules du Parti à voter ou à « condamner » les documents qu'elles ne connaissent même pas.
Le Parti est obligé de juger des divergences sur des documents maquillés de l'Opposition, sur les idées fausses et grossièrement mensongères qu'on lui attribue. Les paroles de Lénine : « qui croit sur simple parole est un idiot incurable », sont remplacées par cette nouvelle formule : « qui ne croit pas sur simple parole est un oppositionnel ». Les ouvriers d'usine qui partagent le point de vue de l'Opposition paient pour leurs idées par le chômage. Un membre du Parti du rang ne peut pas manifester ouvertement son opinion. Les vieux militants du Parti ne peuvent s'exprimer ni dans la presse, ni dans les réunions du Parti.
On accuse perfidement les bolcheviks qui défendent les idées de Lénine de vouloir créer un « deuxième parti ». Cette dernière accusation a été agitée dans le but de dresser les ouvriers contre l'Opposition qui, chose tout à fait naturelle, défend de toutes ses forces l'unité du Parti. N'importe quelle critique dirigée contre les fautes menchévistes grossières de Staline (dans les questions de la Révolution chinoise, du Comité anglo-russe, etc.) est représentée comme « anti-parti », alors que Staline n'a jamais demandé l'avis du Parti sur sa politique chinoise et sur d'autres questions essentielles. Les accusations contre l'Opposition de vouloir créer un « deuxième parti » sont lancées par ceux qui voudraient pouvoir éloigner du Parti les bolcheviks-léninistes, et avoir les « mains libres » pour suivre leur ligne opportuniste.
6. Actuellement, presque toute l'éducation du Parti et tout le travail élémentaire d'éducation politique est ramené à mettre continuellement sur la sellette l'Opposition. La méthode qui consiste à convaincre est remplacée par celle qui consiste à forcer et, en outre, la méthode qui consiste à égarer le parti est à l'honneur. Depuis que l'éducation élémentaire politique est faite de cette manière, les militants du parti s'en détournent. La participation aux écoles du Parti et aux cercles dans lesquels on s'occupe continuellement de l'Opposition est très minime. Le Parti oppose une résistance passive au cours officiel faux de l'appareil du Parti.
7. Durant ces derniers temps, non seulement le carriérisme, le bureaucratisme, l'inégalité grandissent dans le Parti, mais des éléments hostiles, qui n'ont rien de commun avec sa composition de classe, font pénétrer dans ses rangs l'antisémitisme. Une lutte sans merci contre de telles tendances est nécessaire, pour être à même de conserver le Parti.
8. Pendant ce temps, le feu de la répression est dirigé exclusivement à gauche. Les exclusions d'oppositionnels sont chose commune et sont faites pour des motifs divers ; intervention dans sa propre cellule, interruption violente, tentatives de rendre public le testament de Lénine. Il n'est pas rare de constater que par leur niveau politique et par leur attachement au parti les exclus dépassent de beaucoup ceux qui les ont exclus. Ces camarades qui sont mis en dehors du Parti parce qu'ils manquaient de « confiance » et étaient « pessimistes » au sujet de Tchang Kaï-chek et Purcell, vivent toujours la vie du Parti et lui sont beaucoup plus fidèles que de nombreux fonctionnaires du Parti.
9. L'avalanche de mesures répressives, de menaces qui, de toute évidence, augmentent dans la mesure ou la date du XV° Congrès approche, a pour but d'intimider encore davantage le Parti et signifie que le groupe uni de Staline-Rykov, pour cacher les fautes politiques commises, utilise les pires mesures, mettant le Parti toujours devant le fait accompli. La ligne politique du CC (qui a été instaurée au XlV° Congrès par une solidarisation de principe avec Staline) est fausse. Le noyau actuel du CC, en vacillant, va continuellement à droite. L'anéantissement de la démocratie intérieure du parti est provoqué par une fausse ligne dans son essence même. Cette ligne, dans la mesure où elle reflète la pression des éléments petits-bourgeois et l'influence des couches non-prolétariennes qui enveloppent notre Parti, ne peut être appliquée que par une pression d'en haut. En ce qui concerne le domaine théorique, le monopole se trouve entre les mains de l'« école des jeunes », autrement dit, entre les mains des révisionnistes, qui, à n'importe quel moment sont prêts à accomplir les tâches littéraires qui leur sont fixées par l'appareil. En même temps, les meilleurs éléments de la jeunesse bolchevique, qui sont imprégnés de la véritable tradition du Parti bolchevik, non seulement sont éloignés de l'accomplissement de ce travail, mais sont soumis à des poursuites.
Dans le domaine de l'organisation, depuis longtemps, le Bureau politique dépend complètement du Secrétariat. Il en est de même du Secrétariat envers le Secrétaire général. Ainsi s'est réalisé ce que Lénine craignait le plus et qu'il a formulé dans son testament. Staline ne sera pas suffisamment loyal, il n'utilisera pas seulement pour le bien du Parti le « pouvoir illimité » qu'il a « concentré entre ses mains » (lettres de Lénine ait 25 décembre 1922 et du 4 janvier 1923).
Actuellement, au CC comme dans d'autres organes du Parti et de l'État il existe trois tendances fondamentales.
Première tendance. - Incontestable déviation de droite. Cette tendance elle-même est composée de deux groupes : un de ceux-ci, par son opportunisme, reflète dans une large mesure les tendances du paysan moyen, « économiquement fort,», il mise sur lui et s'inspire de ses désirs. Ce groupe est celui des camarades Rykov, Smirnov, A. P. Kalinine, G. Petrovsky, Tchoubar, Kaminsky et autres. A côté d'eux, tout à fait près, travaillent les « sans-parti » Kondratiev, Sadirine, Tchayanov et autres « hommes d'affaires » politiques de la paysannerie aisée qui prêchent plus on moins ouvertement les idées oustrialovistes. Chaque département, quelquefois chaque district, a actuellement ses petits Kondratiev et Sadirine, ayant entre leurs mains un brin de pouvoir et possédant un peu d'influence. L'autre groupe est composé des couches de fonctionnaires supérieurs des syndicats, qui misent sur les couches mieux rétribuées des ouvriers et des employés. Ce groupe, en particulier, a pour caractéristique ses aspirations de rapprochement avec les Amsterdamiens. Il est personnifié par Tomsky, Melnitchansky, Dogadov et autres. Entre ces deux groupes se produisent des frictions, mais ils sont liés par la volonté commune de donner un coup de barre à droite à la ligne du Parti et de l'État dans la politique internationale et intérieure. Ils se distinguent tous deux par le fait qu'ils font abstraction des théories léninistes et qu'ils rejettent la tactique de la révolution mondiale.
Seconde tendance, « centriste » et de l'appareil. Le groupe a comme chefs les camarades Staline, Molotov, Ouglanov, Kaganovitch, Mikoyan, Kirov. Ils sont le véritable Bureau Politique. Boukharine, en se balançant tantôt d'un côté, tantôt de l'autre, « unifie » la politique de ce groupe. Le groupe centriste et de l'appareil, comme tel, ne traduit pas l'esprit des masses, mais tente, non sans succès de se faire passer pour le Parti luimême. Les « dirigeants » du Parti, des syndicats, des organes économiques de la coopération, de l'appareil d'État se comptent actuellement par dizaines de milliers. Dans cette couche il y a un nombre respectable de bureaucrates « ouvriers », transfuges des milieux ouvriers et qui ont perdu tout lien avec ceux-ci.
Il est inutile de dire que, dans les organes dirigeants, qui ont une importance formidable pour les destinées de la Révolution, travaillent des milliers et des milliers de révolutionnaires inébranlables, d'ouvriers qui n'ont pas rompu leurs liens avec les masses, qui s'adonnent complètement à la cause des ouvriers. C'est sur eux que s'appuie le travail véritablement communiste dans ces organes.
L'altération de la ligne politique et du régime intérieur du parti provoque une véritable bureaucratie dans de nombreuses couches. Le pouvoir réel de ces couches est formidable. C'est justement cette catégorie de « dirigeants » qui exige la « tranquillité », « un bon travail » et est toujours « contre la discussion ». C'est justement elle qui est prédisposée à déclarer avec satisfaction (et parfois en le croyant sincèrement) que chez nous « on en est presque au socialisme », que nous avons rempli les « neuf dixièmes du programme » de la révolution socialiste. Cette couche tend à regarder de haut le Parti et plus encore les ouvriers, les manœuvres, les chômeurs, les ouvriers agricoles. Elle voit l'ennemi principal à gauche, dans les révolutionnaires léninistes et lance le mot d'ordre « Feu à gauche ».
Pour le moment, les groupes de droite et du « centre » sont unis par leur haine commune de l'Opposition. L'exclusion de celle-ci ne ferait que hâter la lutte entre ces deux groupes.
Troisième tendance : Opposition. Elle représente l'aile léniniste dans le Parti. Les misérables tentatives de la représenter comme une opposition de droite (en lui attribuant des déviations social-démocrates, etc.) sont faites dans le but de cacher le propre opportunisme de la majorité. L'Opposition est pour l'unité du Parti. Pour réaliser son programme d'exclusion de l'Opposition, Staline l'accuse de vouloir constituer un « deuxième parti ». A ceci, l'Opposition répond : « Unité du PC léniniste de l'URSS à tout prix », La plate-forme de l'Opposition est intégralement exposée ici. Les ouvriers du Parti et les véritables éléments bolcheviks-léninistes la soutiendront.
Dans les conditions actuelles, des plus difficiles, où l'Opposition doit lutter pour la cause de Lénine, il est inévitable que des individualités quittent les rangs de l'Opposition. Des changements d'individualités auront lieu dans les trois tendances dirigeantes, mais cela ne changera absolument rien.
10. Tout ceci, pris en bloc, crée la crise du parti. Les divergences intérieures du parti, depuis la mort de Lénine, s'approfondissent, prennent de l'ampleur, touchent des questions essentielles.
La volonté primordiale des masses du Parti est l'unité. Le régime actuel les empêche de comprendre d'où vient le véritable danger qui menace l'unité du Parti. Toutes les machinations de Staline ont pour but de mettre la masse du parti, dans n'importe quelle question essentielle et brûlante, devant ce dilemme : « ne plus défendre son opinion ou être accusé de vouloir la scission ».
Notre tâche consiste à maintenir l'unité du Parti à tout prix, à repousser toute tentative de scission, d'amputation, d'exclusion, etc., et en même temps à donner au Parti la possibilité d'examiner et de résoudre librement les questions litigieuses dans les cadres d'un parti unique.
En démontrant les fautes et les anomalies qui existent actuellement dans le Parti, l'Opposition est profondément convaincue que la masse ouvrière essentielle du Parti saura, malgré tout, ramener à nouveau le Parti dans la voie léniniste. La besogne essentielle de l'Opposition est de l'aider dans cette tâche.
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