1949 |
L'émancipation des travailleurs sera l'œuvre des travailleurs eux-mêmes (Marx) |
BULLETIN du S.D.R. n° 37
23 juin 1949
Après les élections de délégués ouvriers et employés :
Nous avons obtenu 1.300 voix aux élections du 14 juin alors que nous espérions le double.
Est-ce un échec ? Pas du tout. Si nous avions espéré davantage, c'est que dans toutes les actions de masse dans l'usine, par notre orientation syndicale et par nos mots d'ordre, nous avons mobilisé beaucoup plus d'ouvriers que ceux qui ont voté pour nous. Mais nous n'avons pas tenu compte d'un facteur très important en matière d'élections : nous manquons de cadres dans la plupart des départements.
Cependant même 1.300 voix représentent pour nous, sinon un succès marquant, du moins la consécration de nos efforts depuis deux ans pour bâtir une nouvelle organisation syndicale dans l'usine.
En effet, le reproche fondamental qu'on nous faisait, celui d'être une organisation du 6 et du 18, est largement démenti par ce vote : tout en maintenant le nombre de voix obtenu il y a un an dans ces deux départements, nous obtenons trois fois autant dans les autres ; il n'est pas inutile de souligner que dans presque tous les départements où nous avons des militants, nous venons en deuxième position après la C.G.T. Enfin, et ce n'est pas le moins important, la presque totalité des voix S.D.R. représente des travailleurs qui ont voté consciemment pour un syndicat révolutionnaire, tandis qu'une grande partie des voix qui sont allées à la C.G.T. sont le fait d'ouvriers se guidant d'après le voisin à la dernière minute.
Les 1.300 voix obtenues nous permettront de consolider définitivement le syndicat, car si jusqu'à maintenant nous n'avons pas réussi à avoir des cadres partout, c'est que nous n'avions pas de délégués et, par conséquent, aucune possibilité d'activité légale. Mais si, sans possibilités légales, nous avons réussi à faire vivre le syndicat et à pénétrer dans le reste de l'usine, n'est-il pas certain que maintenant nous irons de l'avant plus rapidement que par le passé ?
En ce qui concerne le gain de voix réalisé par la C.G.T., il est certain que devant l'attaque croissante du patronat (cadences plus vives, brimades, menace de chômage...), les ouvriers se sont repliés sur l'organisation qui leur paraît la plus forte et la mieux organisée, en dépit des déceptions et des échecs que la C.G.T. leur a maintes fois infligés. Mais comme ces échecs et déceptions continueront, avant même les élections de 1950, dès qu'une question tant soit peu sérieuse de posera pour la masse des ouvriers, c'est dans le S.D.R. que ceux-ci, comme par le passé, trouveront un appui décisif.
Pierre Bois