1966

Source  : Le mouvement social n°54 (janvier-mars 1966)

P. Broué, N. Dorey

Critiques de gauche et opposition révolutionnaire au front populaire (1936-1938)

Les minorités révolutionnaires

Georges Lefranc, étudiant le problème des minorités ayant "consciemment poussé aux grèves" en 1936, en retient quatre : "les syndicalistes révolutionnaires groupés autour de la revue la Révolution prolétarienne", les "trotskytes", les "socialistes de la tendance gauche révolutionnaire", et "certains éléments communistes dont Ferrat a été le porte-parole" [2]. Nous l'avons suivi [3].

Monatte et la R.P.

L’équipe syndicaliste qui, depuis 1925, s’est groupée autour de Pierre Monatte et du noyau de la R.P. se réclame de perspectives révolutionnaires. Depuis 1930 cependant, et en particulier depuis l'expérience du rassemblement pour l'unité syndicale autour du "Comité des 22", son hostilité à la politique stalinienne l’a conduite à se rapprocher des réformistes. Trotsky, le vieil ami des années de guerre, a accusé Monatte d’avoir "franchi le Rubicon" [4] et d’être devenu "l'avocat des social-patriotes" [5].

En fait, ce sont l'indépendance du syndicalisme et l'unité syndicale qui constituent,pour Monatte, la "loi et les prophètes" en matière d'organisation ouvrière. Il ne saurait être question pour lui d'admettre qu’un accord politique tel que celui du Front populaire compromette ou lie les organisations syndicales. En revanche, la conclusion du Front populaire permet la réalisation de l'unité syndicale et crée les conditions pour que la classe ouvrière reprenne confiance en elle-même.

Les modalités de l'unité n’ont pas de quoi séduire Monatte : "L’unité d’action, le jour où elle s’est faite, a non seulement écarté ses partisans de la première heure, mais elle a été dominée par ceux qui l’avaient le plus souvent combattue" [6]. Du coup, le Front populaire, dès sa naissance, a revêtu "une figure inquiétante" [7] avec le tournant du P.C. au lendemain du pacte Laval-Staline, la passivité du P.C. et de la C.G.T.U. lors des "mouvements sauvages" de Brest et de Toulon, précisément au lendemain des dits accords. Et Monatte s'interroge : "Au lieu du rassemblement pour la paix et pour la résistance au fascisme [...] le Front populaire n’est-il que le prélude à l'union sacrée de la prochaine guerre ?" [8].

Ces réserves n'empêchent pas Monatte de se réjouir des résultats : que l'unité d’action ait pris une singulière figure, "ce n’est pas une raison pour lui devenir hostile" [9]. L'essentiel a été obtenu : par l'unité syndicale et l'unité d'action, les masses peuvent entrer en mouvement. S'il y a "une volonté du rang, distincte de la volonté des Chefs, une pensée des troupes du Front populaire différente de la pensée ou de l'arrière-pensée des partis qui dirigent ce front", alors, "ce n’est pas le Front populaire qu’il faut condamner, mais les partis, ceux des partis qui veulent mener le Front populaire vers un objectif différent de celui qui est annoncé" [10a]. Il n’est pas question de dénoncer le Front populaire : "Il faut marcher avec les masses, à leur pas ; et ne pas s’éloigner d’elles" [10b].

Trotsky et les trotskystes

Ce disant, Monatte, de façon voilée, mais sans conteste, polémique avec Trotsky.

Le révolutionnaire proscrit vient, en effet, de passer en France plusieurs années, au cours desquelles il a suivi de près la vie politique, "militant" effectivement, pendant plusieurs mois, au mépris des interdits policiers. L’axe essentiel, pour lui, ne peut être le syndicat. C'est - toute l’expérience russe en témoigne - le parti, l’Internationale, l'organisation politique de l'avant-garde ouvrière. A ses yeux, les deux Internationales sont mortes pour l’action révolutionnaire, passées définitivement du côté de l'ordre bourgeois, la Seconde depuis sa trahison d'août 1914, la Troisième depuis sa faillite en Allemagne où elle porte la responsabilité de la victoire hitlérienne. Il s’agit donc d’abord de reconstruire une nouvelle Internationale, la Quatrième par la force des choses.

Cette tâche doit être réalisée à partir du petit noyau de la Ligue communiste qui fut jusqu’en 1934 l’opposition communiste en France. Elle exige la présence et l'action des militants au sein d'organisations de masses, et c’est pourquoi, sur l'insistance de Trotsky, les trotskystes sont entrés en août 1934 dans la S.F.I.O. où ils constituent, autour de l'hebdomadaire La Vérité, la tendance des "bolcheviks-léninistes". Pendant plusieurs années, contre les staliniens qui traitaient les socialistes de "social-fascistes", les "b.l." ont été les champions du front unique, cette "alliance ouvrière" qui a su, en octobre 34 aux Asturies, grouper sous le même drapeau toutes les tendances ouvrières.

Pour Trotsky, en effet, la lutte pour la construction d’une "nouvelle direction" est inséparable de la lutte défensive, par le front unique, contre le danger fasciste. En 1934, il a écrit :

Sur l'arène de l'Histoire, c’est maintenant le tour de la France prolétarienne [...]. Si le fascisme réussissait à abattre le prolétariat français, toute l’Europe se teindrait en noir [11].

Or il n’est pas pour lui d’autre alternative que fascisme ou révolution socialiste. C’est pourquoi le Front populaire est à ses yeux "un front unique dévoyé" : il lie, en effet, les partis ouvriers au Parti radical, parti bourgeois, sur un programme de défense de la démocratie et de la société bourgeoises, et vise en fait à détourner les travailleurs de la voie révolutionnaire.

Le Parti radical, écrit-il, représente l'instrument politique de la grande bourgeoisie qui est le mieux adapté aux traditions et aux préjugés de la petite bourgeoisie [...]. L'alliance extra-parlementaire avec les radicaux contre le fascisme est non seulement un crime, mais une idiotie [12].

Et encore :

La bourgeoisie a actuellement besoin non seulement des bandes de La Rocque, mais aussi de la réputation "gauche" d’Herriot. Le capital financier s’occupe d’armer les fascistes. Les staliniens restaurent la réputation gauche d’Herriot à l'aide des mascarades du Front populaire [13].

Là où Monatte s'interroge, Trotsky répond donc catégoriquement : le Front populaire, prélude à l’Union sacrée, est une duperie contre-révolutionnaire. Il pressent le tournant du P.C. dès avant le pacte franco-soviétique, L'exclusion de ses partisans de la S.F.I.O. en 1935, la condamnation par les partis socialiste et communiste des mouvements de Brest et de Toulon ne font que confirmer son analyse : il invite les "bolcheviks-léninistes" à rompre avec la S.F.I.O., à s'organiser en force indépendante afin de pouvoir gagner les ouvriers révolutionnaires qui aspirent à la bataille de classes. Tout en défendant la nécessité de l'organisation d’une milice ouvrière [14], il propose à ses camarades de lancer, chaque fois qu’une action ouvrière s'engage, le mot d’ordre de "comités d’action" élus par les travailleurs en lutte : de tels organes – embryons des soviets à ses yeux – lui paraissent seuls susceptibles d'assurer la direction des mouvements et d’empêcher qu’ils ne soient dévoyés par le Front populaire [15].

Mais aucun "comité d’action" ne verra le jour. L'organisation trotskyste, l'instrument historique de Trotsky en France, n’a ni les idées aussi claires, ni la même détermination que lui. La Vérité a titré "Front populaire, oui, mais pour le combat !". Bien des militants regimbent lorsqu'il faut sortir de la S.F.I.O., et deux des dirigeants du groupe, Molinier et Pierre Frank, sont prêts à accepter les exigences de la direction socialiste plutôt que de rompre comme Trotsky les en presse. Exclus par le Secrétariat international en 1935, ils fondent leur propre journal, La Commune. Au printemps de 1936, il y aura trois groupes distincts se réclamant de la IV° Internationale et proclamant la nécessité de construire un "parti révolutionnaire" : une scission dommageable qui conduit Trotsky à affirmer qu’une occasion unique de construire précisément le "parti révolutionnaire" a été "gâchée" [16].

Pivert et la gauche révolutionnaire

C’est que, contrairement à une légende solide, les idées défendues par les trotskystes au cours de leur bref séjour dans la S.F.I.O. y avaient rencontré une réelle audience, chez les Jeunesses comme dans la Fédération de la Seine. C’est notamment leur influence qui a précipité la rupture à l'intérieur de la tendance unitaire et gauchisante de la Bataille socialiste entre partisans de Zyromski et partisans de Pivert. Daniel Guérin a montré les trotskystes pesant sur Marceau Pivert, en lui administrant une permanente douche écossaise, applaudissant les pas qu’il faisait vers le trotskysme, pour le rappeler à l'ordre quand, selon leurs critères, il retombait dans le "centrisme" [17]. Pivert écrira qu’

un nombre croissant d'ouvriers socialistes se trouvent en accord avec les b.l. : milices ouvrières, défaitisme révolutionnaire, grève générale insurrectionnelle, conquête du pouvoir et dictature du prolétariat [18].

Mais, à l'été 1935, la divergence est totale. Pivert se refuse à quitter la S.F.I.O., et conseille aux jeunes socialistes exclus de faire à la direction les concessions nécessaires pour y demeurer. Au moment où Trotsky dénonce la S.F.I.O. comme un "obstacle sur la route révolutionnaire", Pivert rétorque que rien ne prouve que ce parti "soit incapable de s’adapter à un niveau supérieur de la lutte des classes" [19]. Persuadé que rien n’est joué et qu’il n’est pas prouvé que les dirigeants socialistes se soient définitivement orientés vers l'union sacrée, il se sépare de Zyromski qui a emboîté le pas au P.C. dans son tournant patriotique, et fonde, à l'intérieur de la S.F.I.O., la tendance de la Gauche révolutionnaire qui luttera loyalement, "à fleurets mouchetés" [20], pour une orientation révolutionnaire. La création de la "tendance révolutionnaire de la S.F.I.O." est un coup très dur pour les plans de Trotsky qui voit en elle un "écran" entre ses idées et les éléments révolutionnaires de la S.F.I.O. Il accuse Pivert de donner ainsi sa caution à l'exclusion des trotskystes et de servir de "paravent" aux réformistes et aux social-patriotes.

En réalité, les amis de Pivert occupent, vis-à-vis du Front populaire, une position qui n’est pas sans analogie avec celle de Monatte – à la différence qu’ils sont, eux, à l’intérieur. Le manifeste de la Gauche révolutionnaire a réclamé un "Front populaire de combat". Position ambiguë, fort bien analysée par Daniel Guérin :

Nous ne pouvions entériner ni la collusion électorale, ni les comités parlementaires, mais nous ne pouvions pas non plus, en condamnant sans appel le "Front populaire", apparaître comme nous isolant du formidable mouvement, issu du plus profond des masses qui, depuis 1934, revigorait la France [...]. Nous étions des adversaires du Front populaire n° 1 et des partisans enthousiastes du Front populaire n° 2 [...]. Nous crûmes trouver une solution [...] en nous faisant les champions d’un "Front populaire de combat" qui devait dissiper les illusions électorales et faire passer les masses à l'action directe extra-parlementaire [21].

La nouvelle opposition communiste

Le tournant du P.C. avait été suffisamment brutal pour provoquer des remous : moins cependant qu’on aurait pu le supposer. Le régime intérieur du parti avait, depuis des années, supprimé totalement l'expression des divergences. La rapide évolution vers la droite – plus tard vers le fascisme – du rayon de Saint-Denis, qui avait derrière Doriot lutté pour le "front unique", constituait incontestablement un obstacle psychologique important au développement des divergences chez les militants que tourmentaient quelques doutes.

Cependant, à la conférence de Paris-ville, les 23 et 24 mars 1935, le secrétaire du XI° rayon intervient contre ce qu’il appelle la "ligne opportuniste" et défend des mots d’ordre proches de ceux des trotskystes. L’Humanité du 28 mars, qui rend compte de la conférence, ne mentionne pas son intervention. Il est exclu avec d’autres [22]. Après la déclaration de Staline approuvant la politique de défense nationale, le 17 mai, salle Bullier, devant une assemblée de militants, Thorez est catégorique : "Cette déclaration n’est pas une phrase diplomatique. C’est la position de l'lnternationale communiste définie par son chef Staline". Les questions écrites affluent auxquelles il répond en bloc. Une femme l'interrompt : "Staline approuve la politique du gouvernement français. Et vous ? oui ou non ?". Au vote, sur quelque 5.000 présents, il n’y a que 7 abstentions déclarées et un vote contre, celui d’un membre des J.C. [23]. On apprend que le rayon d’Auxerre demande un congrès extraordinaire, que les J.C. du même lieu ont pris position contre la déclaration de Staline, qu’il y a des exclusions à Lille, des suspensions aux Lilas, des menaces au Pré Saint-Gervais [24]. A Nice, en août, le P.C. exclut deux militants connus, Campa et Boivert, secrétaire de l’Union régionale (C.G.T.U.), qui ont accusé le parti de mener une politique "réformiste" [25]. A Brest, il exclut Paul Valière, ancien dirigeant des J.C., ancien secrétaire régional du parti en Bretagne, très connu chez les métallos unitaires, et secrétaire adjoint de l’Union locale [26]. Des responsables J.C. sont exclus à Lorient et à Grenoble. Il y a aussi des "départs", discrets mais significatifs, comme celui de Gustave Galopin, pionnier de la J.C., ancien secrétaire de la Fédération unitaire des Métaux, militant de choc de la lutte antimilitariste, plusieurs fois condamné, un authentique ouvrier révolutionnaire qui retourne à l’usine...

La minceur des informations sur les oppositions "révolutionnaires" à l'intérieur du P.C. démontre l’absence de toute organisation. Il existe pourtant un embryon d’opposition, groupé autour de la revue Que Faire ? depuis décembre 1934. C’est en 1933 que se sont réunis une poignée de responsables unis par leur hostilité à la politique allemande de Staline et leur méfiance à l'égard de Doriot, seul opposant déclaré. Ce sont Georges Kagan, un Polonais qui, délégué de l’I.C., est responsable des Cahiers du communisme et de "l'agit-prop" ; André Ferrat, ancien dirigeant des J.C., membre du C.C.. et du B.P., représentant du parti à Moscou de 1930 à 1932, puis rédacteur en chef de l'Humanité et responsable de la commission coloniale, et sa femme, Jeanne. Leur noyau s’est élargi à des communistes étrangers, puis a été rejoint par d’anciens trotskystes, Pierre Rimbert et Kurt Landau qui signe Wolf Bertram.

Le groupe s'affirme partisan d’un "redressement du Parti communiste". Dans le premier numéro de Que Faire ?, Wolf Bertram s'en prend à Trotsky et décrit "le chemin qui l’a conduit à la social-démocratie" [27]. Il faut, en effet, pour ce groupe, "rénover" le Parti communiste, en faire "le réceptacle et l'expression du courant unifié du prolétariat", ce qui exige préalablement que les "révolutionnaires de la S.F.I.O... perdent leurs illusions" [28]. A partir de 1935, le ton se durcit :

La direction de l'Internationale communiste et du Parti communiste français, Staline en tête, dans une situation critique pour l’U.R.S.S., abandonnent le drapeau de la révolution et de l'internationalisme prolétarien, s'engagent dans le courant réformiste de collaboration de classes et de l'union sacrée [29].

Les critiques sont proches de celles de Trotsky, contre le refus du P.C. de lutter pour l'armement du prolétariat, son hostilité à peine déguisée aux mouvements de Brest et de Toulon [30]. En revanche, l'appel de Trotsky pour un "nouveau parti" ne rencontre que sarcasmes.

Ferrat – vraisemblablement "démasqué" par la direction – n’est pas réélu au B.P. lors du congrès de Villeurbanne. Il demeure cependant membre du C.C. et responsable de la commission coloniale, et décide de rompre le silence. Le 2 avril, devant le Comité central, il intervient sur la politique du P.C. face au danger de guerre, prononce un réquisitoire qui demeurera inconnu des militants. S'affirmant l'écho de "nombreux prolétaires révolutionnaires", il déclare :

Dans la lutte contre le fascisme et l'hitlérisme, nous n'avons pas le droit de nous solidariser avec notre propre bourgeoisie. La seule politique que nous puissions suivre, c’est la politique de classe indépendante du prolétariat. Nous devons dénoncer les véritables objectifs de notre bourgeoisie [...]. Il n’y a qu’une seule voie pour marcher à la défense de l’U.R.S.S., de la paix, des libertés démocratiques, c’est la voie révolutionnaire de classe [31].

Ferrat ne formule aucune critique directe de la politique du Front populaire : le contexte, cependant, montre clairement que la nouvelle opposition communiste, comme l'opposition socialiste de Pivert, pense que l’action "de classe" peut être menée de l’intérieur du Front populaire, si elle y est imposée aux états-majors par les "masses".

L'éparpillement des minorités

Ce rapide exposé permet de comprendre les relations complexes des minorités à la veille de juin 36. D’une part, leur accord sur la nécessité d’ouvrir des perspectives révolutionnaires, de définir une stratégie fondée sur l'action de masses, la grève, les milices ouvrières, et débouchant sur les soviets et la dictature du prolétariat, de tenir pour réformiste la ligne générale des Partis socialiste et communiste préparant l’union sacrée sous la bannière du Front populaire. D’autre part, leurs profonds désaccords sur le rôle des partis en général, de tel parti en particulier, et des possibilités qu'il offre pour un "regroupement révolutionnaire", enfin sur l'attitude à observer à l'égard du mot d’ordre de Front populaire et de la nécessité d’"éclairer" les masses sans se couper d'elles.

Il n'est pas surprenant dans ces conditions que des initiatives aient été prises pour l'unification ou tout au moins la coordination de ces minorités. L’une d’elles émane de Marcel Valiére, secrétaire général de la Fédération unitaire de l'enseignement.

Dans une lettre adressée à Que Faire ?, Valière constate qu’il y a "des révolutionnaires conséquents partout", dans le P.C., à la S.F.I.O., "en dehors de toute organisation politique, dans des sectes nombreuses". Il faut donc opérer un "regroupement révolutionnaire qui ne peut être réalisé ni au sein ni autour du P.C. ni de la S.F.I.O.".

C'est un nouveau congrès de Tours qui s’impose pour la S.F.I.O. [...]. Pour le P.C., un travail du même genre, disons le mot, une scission précédée d’un travail actif d'éclaircissement, de débourrage de crâne s'impose.

Dans l'immédiat, il suggère la formation d’un comité de coordination dont la base programmatique pourrait être constituée par les résolutions des quatre premiers congrès de l’I.C [32].

Initiative sans écho. La Gauche révolutionnaire demeure à La S.F.I.O., non pour y préparer un nouveau congrès de Tours, mais afin d'élever son action à un niveau révolutionnaire. Ni Monatte ni aucun de ses amis ne songent un instant à recommencer leur aventure des années 20 et à "construire" à nouveau un "parti révolutionnaire". Que Faire ? répond à Valière que "l'hypothèse d’un redressement du P.C. est très plausible" et qu’il faut "rassembler les éléments communistes qui s'opposent à la politique et au régime du parti" autour de... Que Faire ? [33] Trotsky, pour qui les bolcheviks-léninistes doivent se considérer "comme une fraction de l’Internationale qui se bâtit" [34] pourrait, certes, être partie prenante dans une telle tentative, mais les deux groupes trotskystes sont en train de préparer la "proclamation" de deux partis concurrents se réclamant de la construction d’une IV° Internationale dont les autres minorités ne veulent pas entendre parler. Il n’existe pas, pour le moment, de solution au problème posé par Valière.

Notes

[2] G. Lefranc, , p. 146-147.

[3] Nous avons laissé de côté les organisations anarchistes : leur incontestable originalité, le fait qu'elles aient toujours en France constitué des minorités "à contre courant", nous a conduit à les écarter dans le cadre de cet article.

[4] La Vérité, 19 décembre 1930.

[5] La Vérité, 16 janvier 1931.

[6] "La classe ouvrière reprend confiance en elle", la Révolution prolétarienne, 10 juillet 1936, p. 180, col. 1.

[7] Ibidem, col. 1.

[8] Ibidem, col. 2.

[9] Ibidem, col. 1.

[10a] Ibidem, p. 181, col. 1.

[10b] Ibidem, p. 181, col. 1.

[11] La Vérité, 2 mars 1934. Il s’agit du manifeste des "communistes internationalistes", rédigé par Trotsky.

[12] "Encore une fois, où va la France ?", Où va la France ?, p. 48.

[13] Ibidem, p. 61.

[14] "Objections et réponses : la milice du peuple", la Vérité, 2 novembre 1934.

[15] "Front populaire et comités d’action", la Vérité, 26 novembre 1934.

[16] Préface signée du pseudonyme de Crux à la brochure de Nicolle Braun, l’"organe de masse" (10 juin 1936).

[17] Daniel Guérin, Front populaire, révolution manquée, p. 86.

[18] "Réponse au camarade Trotsky", 20 août 1935; La Gauche révolutionnaire du Parti socialiste (S.F.I.O.) et le groupe bolchevik-léniniste (trotskyste), lettres éditées- par la XV“ section du Parti socialiste, p. 6.

[19] Ibidem, p. 7.

[20] Lettre aux camarades exclus, la Vérité, 25 août 1935.

[21] D. Guérin, op. cit., p. 93-94.

[22] Que faire ? n° 5, mai 1935.

[23] Que faire ? n° 6, juin 1935, p. 20.

[24] Que faire ? N° 7, juillet 1935, p. 34.

[25] Que faire ? n° 9-10, septembre 35, p. 30. La Vérité, 11 octobre 1935.

[26] Les détails sur l'exclusion de Paul Valière qui demeura secrétaire-adjoint de l’U.L. de la C.G.T. se trouvent dans le Drapeau rouge, 1°’ juillet-15 août 1937.

[27] Que faire ? n° 1-2, novembre-décembre 1934, p, 36-44.

[28] "Le problème du parti unique", Que faire ? n° 1 (3), janvier 1935, p. 1-4.

[29] Que faire ? n° 9-10, septembre 1935, p. 3.

[30] Que faire ? n° 9-10, septembre 1935.

[31] André Ferrat, Lettre ouverte aux membres du P.C., p. 26.

[32] Que faire ? n° 11, novembre 1935, p. 19-20.

[33] Ibidem, p. 24

[34] "Étiquettes et numéros : au sujet de la lettre du camarade Pivert", la Vérité, 25 août 1935.

[35] Monatte, article cité, la Révolution prolétarienne, 10 juillet 1936, p. 179, col. 1.

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