1988

" Pendant 43 ans, de ma vie consciente, je suis resté un révolutionnaire; pendant 42 de ces années, j'ai lutté sous la bannière du marxisme. Si j'avais à recommencer tout, j'essaierai certes d'éviter telle ou telle erreur, mais le cours général de ma vie resterait inchangé " - L. Trotsky.

P. Broué

Trotsky

LVII - L'anti-modèle d'Espagne1

Trotsky a été tenu à l'écart des mois décisifs de la guerre d'Espagne par son internement en Norvège. Il n'a repris sa liberté de commentaire qu'au Mexique, à un moment où les jeux étaient, dans une large mesure, déjà faits.

Sa correspondance fait apparaître qu'il a rêvé d'écrire un livre pour lequel il a accumulé une sérieuse documentation, mais auquel il a dû finalement renoncer faute d'éditeur2. Le terrain espagnol était pour lui comme une pierre de touche pour les différentes formations politiques3. Le premier, il sut, avec une totale clarté, faire la démonstration que placés en face d'une nouvelle révolution, les dirigeants staliniens se comportaient délibérément et résolument, franchement et ouvertement, en force contre-révolutionnaire. De la sorte, il a voulu voir dans la guerre d'Espagne le laboratoire dans lequel se sont élaborés quelques-uns des produits les plus délétères du siècle, à l'aube de la Seconde Guerre mondiale. Seule sans doute l'ombre gigantesque de ce conflit a pu, pour un temps, en occulter le déroulement et dissimuler la signification du jeu politique mené en Espagne qui aboutit au tragique final de sa révolution ouvrière et paysanne.

* * *

Trotsky a beaucoup écrit sur l'Espagne dans le cours de son dernier exil, beaucoup plus - infiniment plus - que dans tout le cours antérieur de son activité d'écrivain politique. Non seulement parce qu'il y a des camarades d'idées avec qui il correspond et qu'il tente d'aider dans leurs efforts de construction, mais parce que, dès le lendemain de la chute de la dictature de Primo de Rivera, il a pressenti l'explosion prochaine de la révolution dont le faire-part sera adressé au monde le 16 avril 1931 avec la fuite et l'abdication d'Alphonse XIII.

C'est pour l'Opposition de gauche espagnole qu'il achève en janvier en 1931 un travail sur « La Révolution espagnole et les tâches communistes », le retard historique de l'Espagne - rançon d'une avance conquérante précoce -, une situation dans laquelle on a assisté en même temps à la décomposition des anciennes classes dominantes et à l'impossibilité de la cristallisation d'une société bourgeoise nouvelle. Les germes révolutionnaires résident dans l'existence d'un prolétariat numériquement réduit mais très concentré, dans l'effroyable misère d'une paysannerie révoltée, dans la sottise de toutes les classes dirigeantes candidates au pouvoir, dans leur impuissance et leur stérilité, leur couardise devant les deux piliers de la réaction héritée du passé : l'Eglise catholique et la caste des officiers.

Esquissant les grandes lignes du programme de la révolution, Trotsky relève l'importance de la question agraire et du problème de la confiscation des propriétés foncières, de la séparation de l'Eglise et de l'Etat et de la confiscation des richesses de la première, du mot d'ordre de large autonomie des régions nationales en réponse au « séparatisme » bourgeois, de la lutte pour les Cortès constituantes révolutionnaires, du mot d'ordre de l'armement des ouvriers et des paysans, et d'un programme avancé de revendications et de législation sociale.

Énumérant toutes les tâches concrètes de la révolution qui vient, Trotsky conclut :

« La solution victorieuse de toutes ces tâches exige trois conditions : un parti, encore un parti et toujours un parti. […] De toute façon, le parti doit être créé. Il doit être uni et centralisé 3. »

En fait, comme on sait, la « renaissance » du P.C. en Espagne se révélera, aux mains de l'Internationale stalinisée, un puissant instrument de division. La crise du mouvement communiste atteint aussi l'Opposition de gauche. Repoussant les propositions de Trotsky d'entrer dans le Parti socialiste ouvrier espagnol (P.S.O.E.) radicalisé à la suite de ses Jeunesses, les militants de l'Opposition se retrouvent finalement dans le P.O.U.M. (parti ouvrier d'unification marxiste), essentiellement implanté en Catalogne, avec les éléments un peu hétéroclites rassemblés par Joaquín Maurín : ouvriers révolutionnaires dressés contre le stalinisme, éléments d'une opposition plus « droitière », socialistes « catalanistes », etc. Au début de juillet 1936, il n'y a plus d'organisation oppositionnelle en Espagne, seulement des contacts personnels avec des militants qui sont dans le P.O.U.M. ou les J.S. et quelques isolés, moins d'une dizaine sans doute au total. L'évolution des Jeunesses socialistes a été brisée net par le ralliement au stalinisme - à travers la constitution de la Jeunesse socialiste unifiée, J .S. U. - de leurs dirigeants, Santiago Carrillo en tête4.

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Quand le soulèvement d'un certain nombre de généraux, autour de Sanjurjo et de Franco et avec l'appui des groupes de droite et d'extrême droite déclenche, le 18 juillet 1936, du même mouvement la guerre civile et la révolution ouvrière et paysanne qu'il avait l'ambition de prévenir, Trotsky n'est pas surpris. C'est, à ses yeux, la politique de conciliation et de collaboration du Front populaire, son souci, sinon de se rallier du moins de ne pas mécontenter le corps des officiers qui a permis à la conspiration de se développer sans obstacle ; c'est, pour lui, sa couardise qui a permis aux éléments fascisants d'épurer à coups de revolver l'armée de ses éléments socialistes ou socialisants les plus décidés.

Dans les heures du soulèvement, chaque fois que cette politique a prévalu, les organisations ouvrières ont empêché la résistance armée de s'organiser, les ouvriers et les paysans ont été écrasés comme à Séville et à Saragosse. Quand les ouvriers ont réussi à résister les armes à la main, puis à contre-attaquer, ils ont dû le faire en passant par-dessus les organisations du Front populaire et le Front populaire lui-même. Dans la flotte de guerre, dans tous les grands centres de Catalogne, des Asturies - sauf Oviedo où ils se font rouler par le colonel « républicain » Aranda, gagné à Franco - au Levant et à Madrid même, les travailleurs l'emportent.

Dans le même élan, ils créent les organismes de leur combat qui deviennent, du coup, après leur victoire, ceux de leur pouvoir : milices ouvrières, patrouilles de contrôle, comités aux cent noms qui réunissent partis et syndicats et exercent le pouvoir de fait face à des gouverneurs ou des maires impuissants. Les gouvernements - central à Madrid et de la Généralité de Catalogne à Barcelone - n'ont guère d'autorité au-delà du quartier où ils résident. C'est une fois de plus une situation de dualité de pouvoirs qui a été ainsi créée par la réaction des masses au coup d'Etat militaire. Les comidades-gobiernos, (comités-gouvernements) n'en restent pas là et, en quelques semaines s'attachent à régler les grands problèmes de la société espagnole transformation « démocratique » comme transformation « socialiste » -, confisquant les terres des grands propriétaires et organisant parfois la collectivisation, mettant en marche les entreprises, supprimant radicalement l'Eglise et le clergé, liquidant l'armée et les forces de police spéciales, etc.

Trotsky reconnaît vite dans ce tableau, qu'il découvre au cours des premières semaines, un certain nombre d'images et de situations avec lesquelles il est familier : c'est la révolution.

Dans son premier article consacré à la situation espagnole, il s'efforce de montrer toutes les virtualités contenues dans cette brusque contre-offensive menée ainsi par les ouvriers qui se sont rendus en quelques heures maîtres d'une partie de l'Espagne. C'est, enfin, la contre-attaque, après les longues années de terribles défaites, et la possibilité de renverser la situation. Rappelant que toutes les révolutions victorieuses, quand elles avaient un caractère social profond, ont détruit l'ancien corps des officiers, il pressent la formation en Espagne, au front, de l'alliance des ouvriers et des paysans, de la conquête du soldat par le prolétaire et en entrevoit les immenses conséquences :

« Une telle alliance est en train de naître et de se tremper dans le feu de la guerre civile en Espagne. La victoire du peuple signifiera la fin du Front populaire et le commencement de l'Espagne soviétique. La révolution sociale victorieuse en Espagne se répandra inévitablement dans le reste de l'Europe. Pour les bourreaux fascistes d'Italie et d'Allemagne, elle sera incontestablement plus terrible que tous les pactes diplomatiques et toutes les alliances militaires5. »

Quelques jours plus tard, il reçoit un télégramme l'avisant de la possibilité pour lui d'obtenir un visa pour la Catalogne. Il accepte immédiatement la proposition et saisit l'occasion pour tendre la main à ceux de ses camarades qui se sont séparés de lui au cours de l'année précédente :

« Quant à Nin, Andrade et les autres, il serait criminel de se laisser guider maintenant par […] des réminiscences de la période précédente. S'il y a des divergences de programme et de méthodes […] elles ne devront nullement empêcher un rapprochement sincère et durable. L'expérience ultérieure fera le reste6. »

Très simplement, en quelques phrases, il donne, à l'intention des dirigeants du P.O.U.M., qu'il imagine engagés dans la lutte pour la dictature du prolétariat, deux conseils essentiels. D'abord ne pas se laisser influencer, surtout vis-à-vis des anarchistes, par des questions de doctrine. Il faut tout faire pour agir avec eux en commun et gagner les meilleurs. Puis il les met en garde :

« Pendant la guerre civile qui vous est imposée par des fascistes, le plus grand danger est le manque de décision, l'esprit de tergiversation, en un mot, le menchevisme7. »

Le 26 août encore, dans une interview pour le News Chronicle réalisée par son ami Erwin Wolf, il s'en prend à la politique de non-intervention que le gouvernement de l'U.R.S.S. vient officiellement de rejoindre et la qualifie de « conservatrice, nationaliste et étroite ». Il commente :

« Ces gens essaient de se justifier en disant : « Nous ne voulons pas provoquer la guerre. » Ainsi, ils laissent l'Europe devenir fasciste, puis se retirent. Au bout du compte, ils auront quand même la guerre, mais devront l'affronter dans des conditions infiniment plus défavorables8. »

C'est là la dernière déclaration que Trotsky a la possibilité de faire sur la guerre d'Espagne jusqu'au 19 février 1937 où, à Coyoacán, il accorde sur cette question une longue interview à l'agence Havas. Pendant ce temps, son internement en Norvège l'a tenu à l'écart des informations mondiales, et il n'a repris le contact avec cette question qu'à son arrivée au Mexique, notamment par la rencontre qu'il a faite d'un groupe de responsables du P.O.U.M. venus, avec un de leurs dirigeants, David Rey, négocier l'achat d'armes dans ce pays unique au monde qui reçoit Trotsky et livre des armes à l'Espagne républicaine.

Quand Trotsky peut enfin reprendre la parole au sujet de l'Espagne, il a coulé bien de l'eau sous les ponts. La farce de la « non-intervention » n'a pas arrêté les fournitures d'armes aux rebelles, mais elle a étranglé la résistance des miliciens ouvriers, avec la fermeture de la frontière française et l'embargo général sur les armes. Ce n'est que lorsque se sont constitués à Barcelone dans la Généralité et à Madrid, des gouvernements se réclamant du Front populaire et bien décidés à se consacrer à la liquidation de la dualité de pouvoirs et à la reconstruction d'un Etat à couverture parlementaire, d'une armée et d'une police de type traditionnels, que l'Union soviétique a commencé des livraisons d'armes assorties de conditions politiques précises présentées sous forme de conseils de ne pas mécontenter les démocraties occidentales.

Trotsky a également des raisons d'être déçu du comportement du P.O.U.M. Andrés Nin, par exemple, devenu après la disparition de Maurín le dirigeant principal du P.O.U.M., a accepté la liquidation en Catalogne du pouvoir révolutionnaire - le comité central des milices antifascistes - et est devenu conseiller à la Justice dans le gouvernement de la Généralité qu'il a aidé personnellement à vaincre la résistance des populations ouvrières attachées à leurs comités et leurs conquêtes de juillet-août. Exclu de ce gouvernement, il a mené campagne pour sa réintégration dans la coalition. Il est par ailleurs clair qu'une large fraction dans ses rangs trouve « exagérée » la critique du stalinisme faite par la direction et, par exemple, sa condamnation des procès de Moscou.

Interrogé par l'agence Havas9, Trotsky répond d'abord nettement et fermement que « seuls les poltrons et les traîtres, agents du fascisme » peuvent renoncer à soutenir les armées républicaines :

« Le devoir élémentaire de tout révolutionnaire est de lutter contre les bandes de Franco, de Mussolini et de Hitler10. »

Concernant le P.O.U.M., Trotsky exprime sa sympathie chaleureuse pour l'héroïsme de ses combattants. Il indique en quelques phrases qu'il a pourtant commis deux erreurs : celle « de participer à la combinaison électorale dite de " Front populaire ", sous le couvert de laquelle Franco a préparé impunément l'insurrection », l'autre d'entrer dans un gouvernement de coalition en Catalogne, cautionnant et même participant ainsi à la politique gouvernementale. Evoquant la guerre de Sécession et la guerre civile russe, il affirme que, dans une guerre civile plus encore que dans une guerre ordinaire, « c'est la politique qui domine la stratégie ». Sans affaiblir le front militairement, il faut savoir rassembler les masses sous le drapeau de la révolution.

Concernant la politique stalinienne, il évoque la formule également adoptée par Largo Caballero: « Victoire militaire d'abord, réforme sociale ensuite11 », estimant qu'elle constitue un facteur d'« indifférentisme politique » et qu'elle ne peut qu'assurer la victoire du fascisme qui a déjà pour lui la supériorité militaire :

« Des réformes sociales hardies sont les armes les plus puissantes dans une guerre civile et constituent la condition fondamentale d'une victoire sur le fascisme12»

La politique de Staline en Espagne doit être rapprochée, selon lui, de celle d'Ebert et Scheidemann, ces « socialistes » qui combattirent directement la révolution allemande de 1918.

Balayant l'argument selon lequel la victoire des ouvriers et paysans espagnols signifierait la guerre européenne, il explique que, tout au contraire, c'est la victoire de Franco qui accélérerait la marche à une guerre qui menacerait « de conduire à son déclin le peuple français et ainsi de porter un coup à la culture de l'humanité tout entière13 ». Au contraire, la victoire des ouvriers et des paysans espagnols ébranlerait sans doute les régimes fascistes et se révélerait ainsi un « puissant facteur de paix » Il conclut :

« La tâche des révolutionnaires espagnols authentiques consiste, tout en affermissant et en renforçant le front militaire, à briser la tutelle de la politique de la bureaucratie soviétique, donner aux masses un programme social hardi, découvrir les inépuisables sources d'enthousiasme dont les masses sont capables, d'assurer la victoire de la révolution et, par là de soutenir la cause de la paix en Europe. Le salut de l'Europe est à ce prix14. »

Dans les mois qui suivent, au fur et à mesure que se resserre sur l'Espagne l'étreinte du stalinisme, Trotsky poursuit un travail de critique, de mise en garde, qui s'adresse, semble-t-il, essentiellement aux dirigeants du P.O.U.M. dont il juge la politique ambiguë et incertaine :

« Il faut couper - nettement, résolument, hardiment - le cordon ombilical avec l'opinion publique bourgeoise. Il faut couper avec les partis petits-bourgeois, les chefs syndicalistes compris. Il faut aller aux masses, dans leurs couches les plus profondes et les plus exploitées. Il ne faut pas les bercer d'illusions sur une victoire future qui viendrait toute seule. Il faut leur dire la vérité, si amère soit-elle. Il faut leur apprendre à se méfier de l'agence petite-bourgeoise du capital. Il faut leur apprendre à ne se fier qu'à elles-mêmes. Il faut indissolublement les lier à leur propre sort. Il faut leur apprendre à créer elles-mêmes leurs organismes de combat - les soviets - contre l'Etat bourgeois15. »

Il s'interroge: « Peut-on espérer que la direction du P.O.U.M. effectuera ce tournant16 ? » Sa conclusion est qu'il faut s'adresser aux ouvriers à la base, les « dresser contre les hésitations et les vacillations de Nin17 ».

Est-il encore temps ? L'offensive surprise des fonctionnaires staliniens de la Généralité de Catalogne sur le central téléphonique gardé par des miliciens de la C.N.T. provoque une formidable insurrection dans la capitale catalane à partir du 3 mai 1937. Les ouvriers prennent les armes, coupent les rues par des barricades, résistent et même contre-attaquent. La panique règne dans les milieux gouvernementaux ; socialistes de gauche et anarchistes se bousculent à la radio pour lancer des appels au retour au calme... Au premier rang des pompiers dévoués à l'extinction de l'incendie, les chefs anarcho-syndicalistes, dont les dirigeants du P.O.U.M. ne veulent à aucun prix se couper. Après quelques jours d'hésitation, sous la poussée unanime de leurs organisations, même de celles, comme le P.O.U.M. et la C.N.T., qu'ils croyaient le plus à gauche, les travailleurs barcelonais cèdent, abandonnent la rue, reprennent le travail. C'est la défaite que le P.O.U.M. nie, mais que Trotsky reconnaît.

Il ne croit toutefois pas qu'elle soit définitive, car personne, souligne-t-il, ne peut « assurer à l'avance que la force révolutionnaire de cet admirable prolétariat ibérique soit épuisée18 ». Pourtant la vérité s'impose peu à peu. La chute du gouvernement Largo Caballero et la formation du gouvernement Negrín, réclamé par le P.C. et par les «diplomates soviétiques », en sont la preuve. La dissolution du P.O.U.M., la persécution de ses militants, l'arrestation de ses dirigeants, l'enlèvement et l'assassinat d'Andrés Nin montrent que l'Espagne républicaine est devenu le champ où opèrent impunément les tueurs de Staline. Trotsky, qui a consacré un article bouleversé à l'assassinat de son ami Nin, écrit :

« Le stalinisme est devenu le fléau de l'Union soviétique et la lèpre du mouvement ouvrier mondial. Dans le domaine des idées, le stalinisme est un zéro. Il dispose en revanche d'un appareil colossal qui exploite le dynamisme de la plus grande révolution de l'histoire et les traditions de son héroïsme et de son esprit de conquête. Du rôle créateur de la violence révolutionnaire dans une situation historique donnée, Staline, avec son étroitesse congénitale et son empirisme, a fait l'omnipotence de la violence en général. Sans même s'en rendre compte, il est passé de la violence révolutionnaire des exploités contre les exploiteurs à la violence contre-révolutionnaire contre les exploités. Sous les mots et les formules anciennes, c'est la liquidation de la révolution d'Octobre qui est en train de se réaliser. Personne, si ce n'est Hitler, n'a porté au socialisme autant de coups mortels que Staline19. »

L'affaire d'Espagne est évidemment l'occasion pour Trotsky de mener de nouvelles polémiques dans les rangs mêmes de la IVe Internationale : contre Sneevliet et Vereeken, qui défendent la politique du P.O.U.M. contre ses critiques, contre les ultra-gauchistes américains qui, à l'exemple de certains ultra-gauchistes européens, préconisent une attitude « défaitiste » en Espagne républicaine, à qui il répond20 :

« Nous sommes pour la défense des organisations ouvrières et des conquêtes révolutionnaires contre Franco. Nous sommes " défensistes ". Les " défaitistes ", ce sont Negrín, Staline et compagnie. Nous participons à la lutte contre Franco comme les meilleurs soldats et en même temps, dans l'intérêt de la victoire sur le fascisme, nous faisons de l'agitation pour la révolution sociale et nous préparons le renversement du gouvernement défaitiste de Negrín21. »

Et il doit en même temps argumenter discrètement contre Max Shachtman qui, sous prétexte de lutte contre le fascisme, serait prêt à voter la confiance politique à un gouvernement Negrín en lui accordant les crédits militaires.

L'année 1937 a vu se multiplier en Espagne les enlèvements et les assassinats perpétrés par les tueurs de Staline. Le 2 novembre, dans un texte intitulé « Il est temps de passer à une contre-offensive mondiale contre le stalinisme22 », Trotsky dresse un bilan de cette sinistre activité, souligne les nombreuses complaisances et complicités dont elle bénéficie, met en question les journalistes comme Walter Duranty et Louis Fischer, les écrivains comme Romain Rolland, Malraux, Heinrich Mann, Lion Feuchtwanger, dont il assure qu'ils sont des « stipendiés du G.P.U. » sous le couvert de droits d'auteur23. Cet « appel aux organisations ouvrières » ne sera évidemment reproduit que par les journaux de la IVe Internationale.

Le 17 décembre 1937, Trotsky trace les dernières lignes d'une brochure qu'il a consacrée à l'Espagne « dernier avertissement » et à sa « leçon24 ». Revenant aux débats fondamentaux qui ont, au début du siècle, opposé bolchevisme et menchevisme, il assure que l'action des ouvriers qui se sont fixé en Espagne non seulement des objectifs démocratiques, mais des objectifs socialistes confirme le point de vue bolchevique. A l'inverse, les partis du Front populaire, socialistes et communistes, exigent des ouvriers de ne pas sortir des limites de la démocratie bourgeoise : ce faisant, ils renoncent ainsi à la révolution démocratique et s'engagent dans une voie où ils peuvent être amenés à la combattre de front.

Dans l'Espagne contemporaine, écrit-il, « la politique ouvrière libérale du menchevisme » est devenue « la politique anti-ouvrière, réactionnaire, du stalinisme25 », caricature du menchevisme. Reprenant sa comparaison avec le parallélogramme des forces qui, en politique, paralyse le prolétariat dans tout système d'alliance avec la bourgeoisie, il relève qu'en Espagne, le rôle de la bourgeoisie a été joué par son ombre, cette mince couche de politiciens qui ont soutenu Staline et sa tentative de démontrer aux bourgeoisies anglaise et française qu'il était digne de leur confiance, de ramener l'ordre et d'étrangler une révolution inopportune. Il écrit :

« Nous avons autrefois défini le stalinisme comme un centrisme bureaucratique ; les événements ont donné un certain nombre de preuves de la justesse de cette affirmation aujourd'hui dépassée. Les intérêts de la bureaucratie bonapartiste ne correspondent plus au caractère hybride du centrisme. Dans sa recherche d'accommodements avec la bourgeoisie, la clique stalinienne est capable de s'allier seulement aux éléments les plus conservateurs de l'aristocratie ouvrière dans le monde : par là, le caractère contre-révolutionnaire du stalinisme dans l'arène mondiale est définitivement établi26. »

Pour Trotsky, Staline vient à sa façon de confirmer la théorie de la révolution permanente : on ne peut ni freiner, ni canaliser une révolution sans la combattre, on ne peut l'arrêter sans lui opposer la violence contre-révolutionnaire. C'est à cause de son aptitude à utiliser cette violence contre les révolutionnaires et contre la révolution que le G.P.U. est devenu l'agent d'exécution, l'indispensable bourreau dans l'intérêt de la bourgeoisie contre le prolétariat :

« La révolution espagnole montre une nouvelle fois qu'il est impossible de défendre la démocratie contre les masses révolutionnaires autrement que par les méthodes de la réaction fasciste. Et inversement il est impossible de mener une véritable lutte contre le fascisme autrement que par les méthodes de la révolution prolétarienne [...]. Cela réfute une fois de plus la vieille théorie menchevique qui fait de la révolution socialiste deux chapitres historiques indépendants, séparés l'un de l'autre dans le temps. L'œuvre des bourreaux de Moscou confirme à sa manière la justesse de la théorie de la révolution permanente27. »

C'est la même analyse que Trotsky applique aux anarcho-syndicalistes, ministres du gouvernement de Negrín, après avoir été ministres de Largo Caballero, et qui se sont justifiés en 1936 de ne pas prendre le pouvoir avec les masses par leur refus principiel du pouvoir. De nouveau résonnent sous sa plume les échos des grands débats de 1917 :

« Renoncer à la conquête du pouvoir, c'est le laisser volontairement à ceux qui l'ont, aux exploiteurs. [...] Se dressant contre le but, la prise du pouvoir, les anarchistes ne pouvaient pas, en fin de compte, ne pas se dresser contre les moyens, la révolution. […] Ainsi l'anarchiste, qui ne voulait être qu'antipolitique, s'est trouvé en fait antirévolutionnaire et, dans les moments critiques, contre-révolutionnaire28. »

Le P.O.U.M., le parti de Nin, a été sans l'avoir voulu, l'obstacle principal sur la voie de la construction d'un parti révolutionnaire, dans « sa tendance à écarter les questions brûlantes, son caractère hybride, son indécision, en un mot son centrisme29 ».

Revenant au problème général. Trotsky, sur la base d'une expérience vivante que nul ne saurait lui contester, énumère ce qui lui paraît constituer les conditions de la victoire ouvrière dans une guerre civile : la compréhension par les soldats qu'ils se battent pour leur émancipation sociale complète, la même compréhension à l'arrière, une propagande, au front et à l'arrière, imprégnée de l'« esprit de la révolution sociale », un appareil d'Etat déterminé directement par les classes qui luttent, la réalisation par l'armée des mesures les plus urgentes de révolution sociale dans les territoires conquis, l'épuration des cadres de l'armée de tous les éléments exploiteurs, la préparation de cadres venant de la base, le contrôle des spécialistes, la combinaison de l'art militaire avec les tâches de la révolution sociale ; « la politique révolutionnaire domine la stratégie » et doit compter sur les esclaves enrôlés de force dans l'armée ennemie, les fameux « Maures », esclaves coloniaux ; la politique extérieure, enfin, doit avoir comme objectif « d'éveiller la conscience révolutionnaire des ouvriers, des paysans et des nationalités opprimées du monde entier30 ».

Trotsky conclut tout simplement : par sa politique, Staline a assuré les conditions de la défaite et si, ce qui est le plus vraisemblable, il « réussit à mener son travail de fossoyeur de la révolution jusqu'au bout31 », il n'en obtiendra aucune reconnaissance...

Ce n'est qu'en passant et sans, bien entendu, se donner la peine de répéter les faux monstrueux qui lui donnaient la nausée, que Trotsky mentionne dans ses écrits sur l'Espagne la campagne mondiale d'intoxication de l'opinion ouvrière menée à ce propos, dans la ligne des procès de Moscou. Nin accusé d'espionnage au service de Franco, les militants du P.C. usent d'une rime ignoble en répondant « A Salamanca ou à Berlin » aux inscriptions sur les murs demandant « Où est Nin ? » Les gens du P.O.U.M. sont traités d'espions, de terroristes, de saboteurs, d'assassins. On accuse ses miliciens de jouer au football avec les fascistes entre les lignes de feu, sur le front d'Aragon. Certains s'illustrent particulièrement dans ce travail d'autant plus répugnant qu'il sert à protéger des assassins et à leur assurer la plus grande liberté de mouvement possible pour leur permettre de faire impunément leur œuvre de mort.

Contentons-nous d'en citer un qui s'est fait « historien » et qui a publié sur l'Espagne un livre illustré où l'on chercherait vainement les photos des hommes dont il a justifié la torture et l'assassinat. Certains éditeurs et malheureusement nombre de lecteurs le considèrent aujourd'hui comme un homme de cœur, attaché à l'Espagne où il fut journaliste pendant la guerre civile. Il s'agit de Georges Soria. Le 20 juin, alors que Nin, enlevé quelques jours plus tôt à Barcelone, se trouvait déjà aux mains de ses tortionnaires, il écrivait dans L'Humanité que « la liaison entre les dirigeants du P.O.U.M. aujourd'hui en prison et les fascistes de la cinquième colonne » était établie de « la manière la plus indiscutable ». Le vieux révolutionnaire irréprochable était déjà mort que M. Soria écrivait, dans le même journal, que le P.O.U.M. était « une organisation de terrorisme et d'espionnage au service de Franco » et énumérait ce qu'il appelait « les faits32 ».

On comprend la nausée de Trotsky, sa répugnance à simplement nommer les dénonciateurs à gages, complices des tueurs, effaçant leurs traces dans la presse, alors même qu'il estimait nécessaire la dénonciation publique des assassins et de leurs protecteurs, grands ou petits.

En dernière analyse, la conclusion que Trotsky tire de ce qu'il appelle « l'expérience tragique de l'Espagne », c'est, écrit-il, « un avertissement menaçant, peut-être le dernier avertissement avant des événements encore plus grandioses, adressé à tous les ouvriers du monde entier » :

« Les révolutions, selon les paroles de Marx, sont les locomotives de l'histoire ; elles avancent plus vite que la pensée des partis à moitié ou au quart révolutionnaires. Celui qui s'arrête tombe sous les roues de la locomotive. D'un autre côté, et c'est le principal danger, la locomotive elle-même déraille souvent. Le problème de la révolution doit être pénétré jusqu’au fond, jusqu’a ses dernières conséquences concrètes. Il faut conformer la politique aux lois fondamentales de la révolution, c'est-à-dire au mouvement des classes en lutte et non aux craintes et aux préjuges superficiels des groupes petits-bourgeois qui s'intitulent Front populaire et un tas d’autres choses. La ligne de moindre résistance s'avère dans la révolution, la ligne de la pire faillite. La peur de s'isoler de la bourgeoisie conduit à s’isoler des masses. L'adaptation aux préjugés conservateurs de l’aristocratie ouvrière signifie la trahison des ouvriers et de la révolution. L'excès de prudence est l'imprudence la plus funeste. Telle est la principale leçon de l'effondrement de l'organisation politique la plus honnête de l’Espagne, le P.O.U.M., parti centriste33. »

La solution revient comme un leitmotiv sous la plume de l'exilé : c’est le parti, c’est l’Internationale. Il est convaincu qu'à travers les événements d’Espagne, dans l'expérience de milliers d'hommes, une nouvelle génération de révolutionnaires s'éduque aux leçons des défaites, « grande école, inappréciable, payée au sang d'innombrables combattants ». Il rassure, cherchant peut-être à se rassurer lui-même :

« Les cadres révolutionnaires se rassemblent maintenant sous le seul drapeau de la IVe Internationale. Elle est née sous le grondement des défaites pour mener les travailleurs a la victoire34. »

On peut évidemment relever bien des lacunes dans les textes de Trotsky à l’époque, dus notamment aux difficultés de sa vie, donc de son information. Il ne semble pas avoir vu nettement le rôle initial de l’Union sovietique, son long attentisme, son appui initial à la non-intervention : tout s'est passé au moment de la pression maximum en Norvège. Il était sans doute à Hurum quand s'est produite, dans les sphères dirigeantes de Moscou, la crise au sujet de l'Espagne qui pourrait bien être au deuxième procès de Moscou ce que le Bloc des Oppositions est au premier : certains articles de Radek dans les Izvestia ont nourri la rumeur d'une « opposition » dans les sommets à la politique d’abandon de l'Espagne dont Ordjonikidzé - « suicidé » l’année suivante et Piatakov, exécuté, auraient bien pu faire les frais*. Il n’a pas non plus toujours disposé des informations suffisantes pour suivre le processus de noyautage par le P.C. de l'« État populaire » républicain espagnol et de son armée.

* * *

Les écrits de Trotsky sur l'Espagne ne sont pas des travaux d'historien, mais de polémiste et de commentateur critique. Le gros de ses articles de la fin des années trente a été rédigé dans la période où il n’y avait de minces possibilités d’un changement politique que chez les « républicains » et où, de ce fait, le cours vers la victoire de Franco n'avait guère de chances d'être renversé...

Après la rédaction de « Leçons d'Espagne, dernier avertissement », puis après la fin de la guerre civile, Trotsky n’écrivit plus guère que des textes de bilan dans lesquels il aiguisait sa plume et ses analyses, avivant les arêtes de sa politique : il y fit de la révolution espagnole une sorte d'anti-modèle et se préoccupa avant tout de démontrer de quelle manière la contre-révolution avait finalement triomphé en Espagne, ouvrant ainsi la voie à la Seconde Guerre mondiale et au déchaînement de la barbarie.

L'Espagne tint une grande place dans la pensée de Trotsky au cours des dernières années de sa vie. Il avait vu dans la révolution espagnole, surgissant dans toute sa force au moment où la révolution française avait pour lui commencé, une explosion de masses susceptible de réveiller la révolution européenne, d'ébranler les fondements des régimes fascistes et, comme l'écrivait le polémiste catalan Joan Farré, de déplacer le méridien de la révolution de Moscou a Madrid35. Et nous savons qu'il avait même songé à s'approcher de ce foyer incandescent et peut-être à y jouer un rôle analogue à celui qu'il avait si bien joué en Russie au temps de l'intervention étrangère et de la guerre civile.

Sa longue détention en Norvège avait brisé cette espérance et cette possibilité. Le moment des choix et de l’infléchissement du cours des événements était passé quand il en sortit. Il ne lui restait plus qu’a faire une sorte de commentaire presque mécanique de la façon dont la direction stalinienne menait à la défaite dans la guerre civile et démontrait comment perdre la guerre.

Les événements d'Espagne avaient vu la mort de bien des militants proches de lui, au premier chef Erwin Wolf, qu'il considérait non seulement comme un collaborateur de confiance mais comme un jeune ami, et qui avait démontré, en l'occurrence, qu'il avait autant de courage que de capacités politiques. Elle avait vu Staline faire payer, de sa vie à Nin le crime d'être un révolutionnaire irréprochable et l’un des rares hommes à qui, en dépit de leurs désaccords, Trotsky réserva jusqu'au bout le qualificatif d' « ami », Nin, dont l'héroïsme sous la torture sauva sans doute bien d’autres vies.

En outre, Trotsky savait que la guerre d'Espagne avait en définitive offert un terrain favorable au recrutement, à l’organisation, à la formation, au lancement dans des opérations des bandes de tueurs dont il allait être, dont il était déjà l'objectif. En Espagne avaient opéré déjà les N. Ia. Eitingon, dit Kotov, dit Leonov, et sa compagne Caridad Mercader Vittorio Vidali, dit commandant Carlos, sa compagne Tina Modotti, le peintre - une brute - David Alfaro Siqueiros et l'agent du G.P.U. David Serrano, l'aventurier Nestor Sánchez Hernández et tant d'autres, qui furent ensuite lancés sur sa trace en 1940. C'est également en Espagne qu'avait été recruté par les services et formé le jeune tueur Ramon Mercader qui, avec ses amis Béranger, passait de bonnes heures à Paris en attendant d’aller remplir une mission sanglante...

Note

* Cette hypothèse a été formulée notamment par Stephen Cohen, Nicolas Boukharine, trad. française 1979, Pans, pp. 444-445. Malgré le sérieux des indices relevés elle reste encore a prouver.

Références

1 La principale source de la place de la guerre d'Espagne dans la biographie de Trotsky est évidemment le volume La Révolution espagnole. 1930-1940, Paris, 1975. Ce volume de 788 pages comprend tous les textes de Trotsky sur l'Espagne connus avant l'ouverture de la « partie fermée » de ses archives en 1980 (ci-dessous, R.E.).

2 M. Blanco Rodríguez, « Le Livre que Trotsky n'a pas écrit sur l'Espagne », Cahiers Léon Trotsky, n° 10, juin 1982, pp. 115-117.

3 « La Révolution et les tâches communistes », 24 janvier 1931 , A.H., T 3358 ; R.E., 59-81, ici p. 80.

4 P. Broué « Quand Carrillo était gauchiste : les Jeunesses socialistes d'Espagne de 1934 à 1936 », Cahiers Léon Trotsky, n° 16, décembre 1983. pp. 48-53.

5 Trotsky, « Premières leçons d'Espagne », 30 juillet 1936, A.H., T 3944.; R.E., pp. 339-347, ici p. 347.

6 Lettre de Trotsky, 16 août 1936, découverte dans les archives de la police secrète italienne, R.E., pp. 348-352, ici, p. 350.

7 Ibidem, p. 351.

8 Trotsky « La Sainte-alliance contre l'Espagne », 26 août 1936, R.E., p. 354.

9 Trotsky, « Pour la Victoire de la Révolution espagnole », 19 février 1937, A.H., T 4104, R.E.. pp. 355-359.

10 Ibidem, p. 355.

11 Ibidem, p. 357.

12 Ibidem, pp. 357-358.

13 Ibidem, p. 358.

14 Ibidem, p. 359.

15 Trotsky, « La victoire est-elle possible ? », 23 avril 1937, A.H., T 4142 ; R.E., pp. 382-392, ici p. 390.

16 Ibidem, p. 390.

17 Ibidem.

18 Trotsky, « Remarques sur l'insurrection », 12 mai 1937, A.H., T 4147. R.E., p. 398.

19 Trotsky « L'I.C. soutient la contre-révolution en Espagne », R.E., p. 406.

20 Trotsky, « Contre le défaitisme en Espagne », 14 septembre 1937, A.H., T 4208, R. E., pp. 430-440.

21 Ibidem, p. 440.

22 Trotsky, « Il est temps de passer à une contre-offensive internationale contre le stalinisme », A.H., T 4227 ; R.E., 464-472, ici p.469.

23 Ibidem, p. 469.

24 Trotsky, « Leçons d'Espagne, dernier avertissement », 17 décembre 1937, A.H.,T 4258 ; R.E.. pp. 473-501.

25 Ibidem, p. 476.

26Ibidem, p. 481.

27 Ibidem, p. 484.

28 Ibidem, p. 486.

29 Ibidem, p. 492.

30 Ibidem, pp. 495-496.

31 Ibidem, p. 499.

32 G. Soria, « Le trotskysme au service d'Hitler », L’Humanité, 19 juin 1937, et « Le P.O.U.M. organisation de terrorisme et d'espionnage au service de Franco », L'Humanité, 25 octobre 1937.

33 Trotsky, « Leçons d'Espagne », pp. 500-501.

34 Ibidem, p. 501.

35 La Batalla, 24 décembre 1936. Selon les militants du P.O.U.M., Farré fut tué en France sous l'Occupation par un commando aux ordres du P.C.

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