1979 |
« En fait, les idées de base du marxisme sont extrêmement simples. Elles permettent de comprendre, comme aucune autre théorie, la société dans laquelle nous vivons. Elles expliquent les crises économiques, pourquoi il y a tant de pauvreté au milieu de l’abondance, les coups d’États et les dictatures militaires, pourquoi les merveilleuses innovations technologiques envoient des millions de personnes au chômage, pourquoi les « démocraties » soutiennent les tortionnaires. » |
Les idées, par elles-mêmes, ne peuvent pas changer la société. C’était l’une des premières conclusions de Marx. Comme un certain nombre de penseurs avant lui, il insista sur le fait que pour comprendre la société, on doit voir les êtres humains comme faisant partie du monde matériel.
Les comportements humains sont déterminés par les forces matérielles, comme les comportements de n’importe quel autre objet naturel. L’étude de l’humanité faisait partie de l’étude scientifique du monde naturel. Les penseurs de ce type étaient appelés les matérialistes.
Marx vit dans le matérialisme une énorme avancée par rapport aux différentes notions idéalistes et religieuses de l’histoire. Cela signifiait que l’on pouvait discuter, scientifiquement, du changement des conditions sociales. On ne dépendait plus des prières à Dieu ou d’un ’changement spirituel’ de la population.
Le remplacement de l’idéalisme par le matérialisme fut le remplacement du mysticisme par la science. Mais les explications matérialistes du comportement humain ne sont pas toutes correctes. Tout comme il y eut des théories scientifiques erronées en biologie, en chimie ou en physique, il y eut des tentatives erronées pour développer des théories scientifiques de la société. En voici quelques exemples :
Une vision très répandue, matérialiste et non-marxiste, soutient que tous les hommes sont des animaux, qui se comportent ’naturellement’. Comme il est naturel aux loups de tuer ou aux agneaux de rester placides, il est naturel à l’homme d’être agressif, dominateur, compétitif et cupide (et cela implique, pour les femmes d’être douces, soumises, déférentes et passives).
Une formulation de cette opinion se trouve dans le best-seller, Le Singe Nu. Les conclusions tirées de ce genre d’analyse, sont presque invariablement réactionnaires. Si les hommes sont naturellement agressifs, dit-on, alors il n’y a pas d’espoir de changer la société. Les choses reviendraient toujours au même. Les révolutions seraient toujours condamnées à l’échec.
Mais la « nature humaine » varie en fait, d’une société à l’autre.
Par exemple, la compétition, prise pour acquis dans notre société, existait à peine dans beaucoup de sociétés antérieures. Quand des scientifiques cherchèrent à faire passer des tests de QI à des amérindiens Sioux, ils se sont aperçus que les Indiens ne comprenaient pas pourquoi ils ne devaient pas s’entraider pour répondre aux questions. Ils vivaient dans une société de coopération intime, non de compétition.
De même pour l’agressivité. Quand les esquimaux rencontrèrent pour la première fois des européens, ils ne comprenaient pas la signification du mot ’guerre’. L’idée qu’un groupe de personnes essaie d’en tuer un autre leur semblait complètement folle.
Dans notre société, il semble « naturel » que les parents doivent aimer et protéger leurs enfants. Pourtant, en Grèce Antique, dans la ville de Sparte, il était tout aussi ’naturel’ de laisser leurs enfants dans la montagne, pour voir s’ils survivaient au froid.
Les théories de « l’immuable nature humaine » ne fournissent aucune explication des grands événements de l’histoire. Les pyramides d’Egypte, les splendeurs de la Grèce Antique, les empires romains et incas, les cités industrielles modernes, sont mis au même niveau que les paysans illettrés du début du Moyen Age. Tout ce qui importe c’est le « Singe Nu » - pas les civilisations magnifiques que le singe a construites. Il devient alors impossible de comprendre pourquoi certaines sociétés réussirent à nourrir les ’singes’, alors que d’autres les laissèrent mourir de faim par millions.
Beaucoup de gens acceptent une théorie matérialiste différente, qui met en avant le fait qu’il est possible de changer les comportements humains. Tout comme les animaux peuvent être dressés pour se comporter différemment dans un cirque que dans la jungle, les comportements humains, de la même manière, peuvent être changés. Si seulement les bonnes personnes prenaient le contrôle de la société, la ’nature humaine’ pourrait alors être changée.
Cette théorie est certainement plus avancée que le « singe nu ». Mais comme explication de la société dans son ensemble, elle est incorrecte. Si tout le monde est complètement conditionné dans notre société, comment est-il possible pour une personne de s’élever au-dessus de la société et découvrir comment changer les mécanismes de conditionnement ? Y a-t-il une minorité choisie par Dieu, qui serait immunisée aux pressions qui dominent toutes les autres personnes ? Si nous sommes tous des animaux dans un cirque, qui est le dresseur de lions ?
Ceux qui défendent cette théorie en arrivent à la conclusion que, soit on ne peut rien faire (comme ceux du « singe nu »), soit il faut attendre un changement produit par quelque chose d’extérieur à la société - Dieu, un « grand homme », ou le pouvoir des idées individuelles. Leur « matérialisme » se transforme en une nouvelle version de l’idéalisme.
Comme Marx le signalait, cette doctrine amène nécessairement à diviser la société en deux parties, dont une serait supérieure à la société. Cette théorie « matérialiste » est souvent réactionnaire. L’un des adhérents actuels les plus connus, de cette théorie est le psychologue américain de droite, Skinner. Il veut conditionner les gens pour qu’ils se comportent d’une certaine manière. Mais, puisque lui-même est un produit de la société américaine, son « conditionnement » revient, surtout, à ce que les gens se conforment à cette société.
Une autre théorie matérialiste explique toutes les souffrances dans le monde par la ’pression de la population’. Cette théorie s’appelle communément, le malthusianisme, développé pour la première foi par Malthus, un économiste anglais de la fin du XVIIIème. Mais elle ne peut expliquer pourquoi les États-Unis brûlent du maïs pendant que les gens meurent de faim en Inde. Pas plus qu’elle n’explique pourquoi il n’y avait pas assez de nourriture pour nourrir 10 millions de personne, il y a 150 ans, aux États-Unis, alors qu’aujourd’hui, il y en a assez pour en nourrir 200 millions.
Cette théorie oublie que pour chaque bouche supplémentaire à nourrir, il y a aussi une personne supplémentaire capable de travailler et de produire des richesses. Marx appela toutes formes erronées d’explications, des formes de matérialisme « mécanique » ou « vulgaire ». Elles oublient toutes que, en plus de faire partie du monde matériel, les êtres humains sont aussi des créatures vivantes et agissantes, dont les actions changent le monde.
On peut distinguer les hommes des animaux par la conscience, par la religion et par tout ce que l'on voudra. Eux-mêmes commencent à se distinguer des animaux dès qu'ils commencent à produire leurs moyens d'existence.
Avec ces mots, Karl Marx fit remarquer, d’abord, en quoi se distinguait son explication du développement de la société. Les êtres humains sont des animaux descendants d’une créature ressemblant à un singe. Comme les autres animaux, leur premier souci est de se nourrir eux-mêmes et de se protéger du climat.
La façon dont les animaux le font dépend de leur héritage biologique. Un loup reste en vie, en chassant et tuant sa proie, d’une manière déterminée par des instincts biologiques hérités. Il se tient au chaud lors de nuits froides grâce à sa fourrure. Il élève sa progéniture selon une procédure héritée.
Mais la vie humaine n’est pas figée de cette manière. Les humains qui parcouraient la terre, il y a 10 000 ou 30 000 ans vivaient une vie bien différente de la nôtre. Ils vivaient dans des grottes ou des trous dans le sol. Ils n’avaient aucun moyen de stocker la nourriture ou l’eau, ils dépendaient de la collecte de baies ou de la viande d’animaux sauvages tués à coups de pierres. Ils ne savaient ni écrire, ni compter au-delà de leurs dix doigts. Ils n’avaient aucune connaissance autre que leur voisinage immédiat ou de ce qu’avaient fait leurs ancêtres. Pourtant leur apparence physique était similaire il y a 10 000 ans à celle de l’homme moderne. Lavé, rasé, habillé, l’homme des cavernes pourrait marcher dans la rue sans que personne ne le remarque.
Comme l’archéologue Gordon Childe nota :
Les squelettes les plus anciens de notre espèce remontent à la fin de la dernière glaciation... Depuis la première apparition des squelettes d’homo sapiens dans les archives géologiques... l’évolution physique de l’homme s’est presque arrêtée, alors que son évolution culturelle ne faisait que commencer.
La même observation est faite par un autre archéologue, Leakey :
Les différences physiques entre les hommes des cultures Aurignacienne et Magdalénienne (il y a 25000 ans) d’une part, et l’homme moderne d’autre part sont négligeables, alors que les différences culturelles sont incalculables.
Par ’culture’ les archéologues entendent les choses que les hommes et les femmes apprennent et enseignent (comment faire des vêtements à partir de fourrure et de laine, comment construire une maison, comment fabriquer des pots avec de l’argile, comment faire du feu), à l’opposé des choses que les animaux font instinctivement.
La vie des tous premiers hommes était déjà grandement différente de celle des autres animaux. Ils avaient en effet la possibilité d’utiliser les capacités particulières aux hommes - cerveau important, membres supérieurs capables de manipuler des objets - pour commencer à transformer leur environnement selon leurs besoins. Cela signifiait que les hommes pouvaient s’adapter à de multiples environnements différents, sans changer de forme biologique. Les humains ne réagissaient plus simplement aux conditions extérieures. Ils pouvaient agir sur ces conditions, commençant à les changer à leur propre avantage. Au départ, ils utilisaient des bâtons et des pierres pour attaquer des bêtes sauvages, ils allumaient des torches grâce à des sources de feu naturelles pour avoir de la chaleur et de la lumière, ils s’habillaient avec de la végétation et des peaux d’animaux. Sur plusieurs dizaines de milliers d’années, ils apprirent à faire du feu eux-mêmes, à tailler des pierres avec d’autres pierres, obtenir de la nourriture des grains qu’ils semaient, à la stocker dans des pots d’argile, à domestiquer certains animaux.
Relativement récemment - il y a 5000 ans, sur un demi-million d’années de l’histoire humaine - ils apprirent le secret de la transformation des minerais en métaux qui pouvaient être utilisés pour fabriquer des outils fiables et des armes efficaces.
Chacune de ces avancées a eu un impact énorme, non seulement en rendant plus facile aux humains le fait de se nourrir et de se vêtir, mais aussi en transformant l’organisation même de la vie humaine. Dès le départ, la vie humaine était sociale. Seul l’effort collectif de plusieurs personnes pouvaient leur permettre de tuer des bêtes, de réunir de la nourriture et d’entretenir le feu. Ils devaient coopérer.
Cette coopération continuelle permit aussi de développer la communication, en émettant des sons et en développant le langage. Au départ, les groupes sociaux étaient simples. Il n’y avait pas assez de produits naturels pour permettre des groupes d’une taille plus importante que peut-être une vingtaine de personnes. Tous les efforts servaient aux tâches primaires d’obtenir de la nourriture, ainsi tout le monde faisait le même travail et vivait la même vie. Sans aucun moyen de stocker de la nourriture, il ne pouvait y avoir de propriété privée, ni de classe sociale, il n’existait pas non plus de butin pour motiver la guerre.
Il y avait, jusqu’à récemment encore, des centaines de sociétés, dans différentes parties du globe, qui fonctionnaient comme cela - parmi certaines tribus indiennes d’Amérique du Nord et du Sud, en Afrique équatoriale et dans l’océan pacifique, les Aborigènes d’Australie. Ces personnes n’étaient pas moins intelligentes que nous et ne possédaient de ’mentalité primitive’. Pour survivre, les Aborigènes australiens par exemple, devaient apprendre à reconnaître des milliers de plantes et les habitudes de nombreux animaux différents.
L’anthropologue Pr. Firth décrit comment :
les tribus australiennes... connaissent les habitudes, les marques, lieux de reproductions et les fluctuations saisonnières de tous les animaux, poissons et oiseaux de leur territoire de chasse. Ils connaissent les propriétés externes et certaines moins visibles des roches, pierres, cires, gommes, plantes, fibres et écorces ; ils savent faire du feu ; ils savent appliquer la chaleur pour supporter la douleur, arrêter une hémorragie et limiter la putréfaction de la nourriture ; ils savent aussi utiliser le feu et la chaleur pour durcir certains bois et en adoucir d’autres... Ils connaissent les phases de la lune, le mouvement des marées, le cycle planétaire, et les successions et durée des saisons ; ils ont mis en corrélation des fluctuations climatiques, comme les vents, les variations annuelles de température et d’humidité, et les flux de la croissance et la présence des espèces naturelles... En plus, ils font une consommation intelligente des animaux tués pour la nourriture ; la chair du kangourou est mangée, les os des jambes servent à la fabrication d’outils en pierre ou comme épingles, les tendons deviennent des attaches de javelots, les griffes sont montées en collier avec de la cire et des fibres, le gras mélangé à de l’ocre rouge pour faire de la peinture... Ils connaissent certains principes mécaniques simples et tailleront un boomerang jusqu’à ce qu’il ait la bonne courbe...
Ils étaient plus ’intelligents’ que nous pour survivre dans le désert australien. Ce qu’ils n’avaient pas appris était à planter des graines et à cultiver leur propre nourriture - ce que nos ancêtres apprirent, il y a 5000 années de cela, après avoir été sur terre pendant une période cent fois plus longue.
Le développement de nouvelles techniques pour créer des richesses - les moyens de la vie humaine - a toujours donné naissance à de nouvelles formes de coopération entre les hommes, à de nouvelles relations sociales.
Par exemple, lorsque les gens apprirent pour la première fois à produire leur nourriture (en plantant des graines ou en domestiquant des animaux) et à la stocker (dans des pots en terre), il y eut une vraie révolution dans la vie sociale - appelée par les archéologues ’la révolution néolithique’. Les hommes devaient coopérer pour défricher la terre et faire la récolte, comme pour chasser les animaux. Ils pouvaient vivre en un nombre beaucoup plus grand qu’avant, ils pouvaient stocker de la nourriture et commencer à échanger des produits avec d’autres tribus.
Les premières villes pouvaient se développer. Pour la première fois, il y avait la possibilité pour quelques personnes de vivre sans que cela implique pour eux de chercher de la nourriture en permanence : certains allaient se spécialiser dans la fabrication des pots, d’autres dans la recherche du silex et plus tard du métal pour faire des outils, d’autres effectuant des tâches administratives élémentaires pour la tribu. Plus insidieusement, les stocks de nourriture fournissaient un mobile pour faire la guerre. L’humanité avait trouvé une nouvelle façon de s’adapter au monde qui l’entourait, une nouvelle façon d’adapter le monde à leurs besoins. Mais en même temps, sans s’y attendre, les gens ont transformé la société dans laquelle ils vivaient et avec elle leurs propres vies. Marx résuma ce procédé : un développement des « forces de production » change les « relations de production », et ainsi la société.
Il existe beaucoup d’autres exemples.
Il y a 300 ans, l’immense majorité des gens de ce pays vivaient toujours de la terre, produisant des richesses selon des méthodes qui n’avaient pas changé depuis des siècles. Leur horizon mental se bornait à leur village et leurs idées étaient fortement sous l’influence du clergé local. La plupart d’entre eux ne savaient ni lire ni écrire et n’apprendraient jamais à le faire.
Plus tard, il y a 200 ans, l’industrie commença à se développer. Des dizaines de milliers de personnes furent envoyées à l’usine. Leurs vies furent complètement transformées. Maintenant, ils vivaient dans de grandes villes, non dans de petits villages. Ils avaient besoin de qualifications inimaginables pour leurs ancêtres, comprenant entre autres la lecture et l’écriture. Les chemins de fer et les bateaux à vapeur rendirent possible les voyages sur la moitié de la terre. Les vieilles idées martelées par le clergé ne correspondaient plus à la situation. La révolution matérielle dans la production fut aussi une révolution de leur façon de vivre et de leurs idées.
Des changements similaires affectent toujours de nombreuses personnes. Prenons les personnes du d’Afrique, du Maghreb, du Bangladesh ou de la Turquie qui sont venues en France, en Angleterre et en Allemagne, pour chercher du travail. Beaucoup trouvèrent que leurs anciennes traditions et idées religieuses ne correspondaient plus à leur nouvelle vie. Ou encore, comment il y a 50 ans, la majorité des femmes commencèrent à travailler hors de la maison, et comment cela les conduisit à s’affronter aux vieilles attitudes qui faisaient d’elles, quasiment, la propriété de leurs maris.
Les changements dans la façon dont les hommes produisaient leur nourriture, leurs vêtements et leurs abris, amenèrent des changements dans l’organisation de la société et dans l’attitude des gens. C’est le secret des changements sociaux - historiques, que les penseurs avant Marx (et beaucoup d’autres depuis), les idéalistes et les matérialistes mécaniques, ne pouvaient pas comprendre.
Les idéalistes voyaient le changement - mais, ils disaient que ça tombait du ciel. Les matérialistes mécaniques voyaient que l’homme était conditionné par le monde matériel, mais ne pouvaient comprendre comment les choses pouvaient changer. Ce que Marx remarqua c’est que si les êtres humains sont conditionnés par le monde qui les entoure, ils agissent et réagissent sur leur environnement, travaillant à le rendre plus habitable. Ce faisant, ils changent aussi les conditions dans lesquelles ils vivent, et ainsi se changent eux-mêmes.
La clé de la compréhension des changements historiques réside dans la compréhension des moyens qu’utilisent les êtres humains pour se nourrir, se vêtir, et trouver un abri. C’était le point de départ de Marx. Mais cela ne signifie pas que des améliorations technologiques produisent automatiquement une meilleure société ou même que de nouvelles inventions technologiques changent automatiquement cette société. Marx rejeta cela (parfois appelé le déterminisme technologique). Toujours et encore, dans l’histoire, les gens ont rejeté de nouvelles méthodes pour améliorer la production parce qu’elles entraient en conflit avec les attitudes ou les formes de la société qui existaient déjà.
Par exemple, sous l’empire romain, il y eut beaucoup d’innovations pour produire plus de blé sur une surface de terrain donné, mais les gens ne les utilisèrent pas car elles demandaient aux esclaves plus de dévotion au travail que ne pouvait leur donner le fouet. Quand l’Angleterre dirigeait l’Irlande, au XVIIIème siècle, elle essaya d’y stopper le développement de l’industrie, car il entrait en conflit avec les intérêts des hommes d’affaires de Londres. Si quelqu’un propose de tuer toutes les vaches sacrées pour éradiquer la famine en Inde, ou de nourrir tout le monde en Angleterre avec de succulents steaks à base de viande de rat, il sera ignoré à cause de préjugés établis.
Les développements dans la production se heurtent aux anciens préjugés et aux anciennes méthodes d’organisation de la société, mais ils ne les renversent pas automatiquement. Beaucoup d’êtres humains se battent contre le changement - et ceux qui veulent utiliser de nouvelles méthodes de production doivent se battre pour ce changement. Si ceux qui s’y opposent gagnent, alors les nouvelles formes de production ne peuvent être appliquées et la production stagne ou même recule.
Dans la terminologie marxiste : quand les forces de production se développent, elles entrent en conflit avec les relations sociales préexistantes et les idées qui s’appuient sur les anciennes forces de production. Soit les personnes qui s’identifient avec les nouvelles forces de production gagnent ce conflit, soit ce sont celles qui s’identifient avec le vieux système. Dans le premier cas, la société progresse, dans l’autre elle stagne ou même régresse.