1919

Un article consécutif à la fondation de l'Internationale Communiste; La nécessité de la délimitation politique avec le "centre" social-chauvin.


Les tâches de la III° Internationale

Lénine

Ramsay Macdonald et la III° Internationale


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Passons à la deuxième contrevérité (parmi les innombrables contrevérités dont fourmille l'article de Ramsay Macdonald, car il en contient sans doute plus que de mots). Cette contrevérité est peut-être la plus grave.

J.R. Macdonald affirme que l'Internationale aurait seulement dit, avant la guerre de 1914‑1918, que « dans une guerre de défense nationale, les socialistes devaient se joindre aux autres partis ».

C'est s'écarter d'une façon flagrante et monstrueuse de la vérité.

Chacun sait que le manifeste de Bâle de 1912 a été adopté à l'unanimité par tous les socialistes et qu'il est le seul, parmi tous les documents de l'Internationale, à concerner justement cette guerre entre le groupe anglais et le groupe allemand de rapaces impérialistes, guerre qui, de toute évidence, se préparait en 1912 et qui éclata en 1914. C'est à propos de cette guerre que le manifeste de Bâle a dit trois choses que Macdonald passe aujourd'hui sous silence, commettant ainsi le crime le plus grave contre le socialisme, et démontrant qu'avec les gens comme lui la scission est indispensable, car ils servent en fait la bourgeoisie, et non le prolétariat.

Ces trois choses sont les suivantes :

·          la guerre dont on est menacé ne saurait le moins du monde être justifiée au nom des intérêts de la liberté nationale ;

·          de la part des ouvriers, ce serait un crime au cours de cette guerre de tirer les uns sur les autres ;

·          la guerre conduit à la révolution prolétarienne.

Voilà les trois vérités essentielles et fondamentales que Macdonald « oublie » (bien qu'il y ait souscrit avant la guerre), passant en fait aux côtés de la bourgeoisie contre le prolétariat et démontrant que la scission est indispensable.

L'Internationale Communiste n'acceptera pas l'unité avec des partis qui se refusent à reconnaître cette vérité et sont incapables de démontrer par leurs actes qu'ils sont prêts, résolus et aptes à faire pénétrer ces vérités dans la conscience des masses.

La paix de Versailles a démontré même aux sots et aux aveugles, même à la masse des myopes, que l'Entente était et demeure un rapace impérialiste aussi immonde et sanguinaire que l'Allemagne. Seuls pouvaient ne pas le voir soit des hypocrites et des menteurs, qui font sciemment la politique de la bourgeoisie dans le mouvement ouvrier, des agents et commis déclarés de la bourgeoisie (labor lieutenants of the capitalist class, ses officiers ouvriers au service de la classe capitaliste, comme disent les socialistes américains), soit des gens tellement perméables aux idées bourgeoises et à l'influence bourgeoise qu'ils ne sont socialistes qu'en paroles, et sont en réalité des petits bourgeois, des philistins, des sous‑fifres des capitalistes. La différence entre ces deux catégories est importante du point de vue des individus, c'est‑à‑dire pour juger Pierre ou Paul parmi les social‑chauvins de tous les pays. Pour un homme politique, c'est‑à‑dire du point de vue des rapports entre des millions d'hommes, entre des classes, cette différence n'est pas essentielle.

Les socialistes qui n'ont pas compris, pendant la guerre de 1914‑1918, que c'était une guerre criminelle, réactionnaire, une guerre impérialiste de brigandage des deux côtés, sont des social‑chauvins, c'est‑à‑dire des socialistes en paroles et des chauvins en fait ; des amis de la classe ouvrière en paroles, mais en fait des laquais de « leur » bourgeoisie nationale, qu'ils aident à tromper le peuple, en peignant comme « nationale », « libératrice », « défensive », « juste », etc., la guerre entre le groupe anglais et le groupe allemand de forbans impérialistes, également immondes, sordides, sanguinaires, criminels, réactionnaires.

L'unité avec les social‑chauvins est une trahison de la révolution, une trahison du prolétariat, une trahison du socialisme, le passage aux côtés de la bourgeoisie, car c'est « l'unité » avec la bourgeoisie nationale de « son » pays contre l'unité du prolétariat révolutionnaire international, c'est l'unité avec la bourgeoisie contre le prolétariat.

C'est ce que la guerre de 1914‑1918 a démontré une fois pour toutes. Que celui qui ne l'a pas compris reste à l'Internationale jaune des social‑traîtres de Berne.


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