1978 |
"Le titre du livre synthétise ma |
La dictature révolutionnaire du prolétariat
II. Messianisme
2. De la lutte armée en tous temps et tous lieux à un semi-pacifisme.
La stratégie du pouvoir du SU a maintenant réalisé un tournant conséquent.
Puisque le danger de contre-révolution impérialiste n'existe plus et que les
masses européennes
Mais il est nécessaire de rappeler les positions antérieures, si proches,
pour attirer l'attention sur le sens de ces va-et-vient. La majorité du SU a
prêché pendant des années la religion de la lutte armée en tous temps et tous
lieux. Ses documents étaient parcourus par le fantasme d'une sanglante
contre-révolution impérialiste en Europe avant 6 ans, contre laquelle il
fallait se préparer. En Amérique Latine, auto-convertis en avant-garde, ils
ignorèrent le processus qui faisait que les masses allaient aux élections et
considérèrent réformistes ceux qui n'étaient pas d'accords avec la guérilla,
ou en Europe ceux qui n'étaient pas d'accords avec la violence minoritaire.
C'est avec cette orientation que nos camarades français et anglais
commencèrent a se confronter, bâton en main, à de petits groupes fascistes,
et un important dirigeant français fut jusqu'à développer l'hypothèse qu'il
fallait s'appuyer sur les paysans pour faire une guérilla de style castriste.
C'était pour lui la seule façon de se confronter à la contre-révolution. Nous
n'allons pas rappeler la polémique que nous avons soutenu à ce propos parce
que tout le monde la connaît. Mais comme maintenant, selon la résolution, il
n'y a presque plus jamais à faire la lutte armée, plusieurs questions
surgissent. La première de ces questions est la
Il n'y a pas dans la résolution une seule ligne sur l'inévitabilité de ces affrontements. Il existe un chapitre pour après la prise du pouvoir, qui contemple les affrontements armés, mais qui fini aussi par dire que ces actions devront être régies par un code pénal humanitaire. Le document ne délimite pas les moments de la guerre civile, mais "il n'y a aucune classe historique qui passe de la situation de subordonnée à celle de dominante de manière subite, du jour au lendemain, bien que cette nuit serait-elle celle de la révolution". Il y a toujours un immédiatement avant et un immédiatement après.
L'avant, la période précédente, a signifié trente
années de guerre civile au Vietnam, et vingt autres en Chine, tandis qu'elle
a duré neuf mois en Russie. Le moment-même de l'assaut contre le pouvoir est
un affrontement décisif, violent, plein d'incertitudes, dans lequel la
situation se résout en faveur d'un camp ou de l'autre. "Est-il possible qu'un
tel événement puisse dépendre d'un intervalle de vingt quatre
C'est un "art", disait Lénine, un moment essentiellement
militaire, qui exige d'"organiser un Etat-major... lancer les régiments
fidèles sur les points les plus importants... envoyer contre les
élèves-officiers et la "division sauvage" des détachements prêts à se
sacrifier jusqu'au dernier homme plutôt que de laisser pénétrer l'ennemi dans
les parties centrales de la ville... les convoquer à la bataille suprême...
occuper... le télégraphe et le téléphone..." (Idem) [10]. Et c'est ainsi que Trotsky résumait les
exigences de Lénine pour la révolution qui fut la moins cruelle de
Ce qui se passe après n'est que la poursuite de la guerre
civile. "La prise du pouvoir ne met pas fin à la guerre
La durée et la dynamique de ces périodes ne peut être déterminée à priori, mais toute l'expérience démontre qu'elles seront toujours plus inévitables. Sans la possession d'armes, sans guerre civile, il n'y aura pas de révolutions ouvrières, ni de dictatures révolutionnaires triomphantes. Mais pour la majorité du SU, cela ne se passe pas comme cela. Tout au plus, ils croient qu'il pourrait y avoir lutte armée dans des cas exceptionnels, une fois le pouvoir ouvrier consolidé. De là la pauvreté du chapitre consacré à l'auto-défense de l'état ouvrier.
Mandel ajouta
quelques concepts dans l'interview qu'il accorda à Weber en mai 1976. "Il
faut donc une dimension idéologico-morale supplémentaire pour qu'il y ait
vraiment une crise révolutionnaire, c'est-à-dire un début de rejet par
les masses de la légitimité des institutions de l'Etat bourgeois
(souligné dans l'original). Et ça ne peut venir que d'expériences de lutte
très profondes, d'un affrontement très profond
Les positions changent, mais l'impressionisme estudiantin et professoral qui les alimente reste le même.
Hier, quand ils avaient élu la jeunesse européenne influencée par le castrisme, la méthode était la guérilla et le lieu l'Amérique latine. Aujourd'hui, alors qu'ils élisent les masses occidentales bourrées de préjugés démocratique-bourgeois, c'est la "liberté politique illimitée" et en Europe.
La base objective apparente de ces positions est le moment particulier de
la lutte de classes en Europe. Dans leur majorité, les travailleurs
continuent à croire que tout se réglera par des élections qui amèneront les
partis ouvriers au gouvernement. Mais nous, nous ne pouvons tirer des
conclusions de mois en mois, en courant derrière les masses et les partis
collaborationnistes. L'histoire de ce siècle montre que toutes les victoires
de l'après-guerre furent le produit de terribles guerres civiles dans
lesquelles l'impérialisme intervint sous une forme ou une
En ignorant cela, en éliminant la dimension militaire de la révolution
ouvrière
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