1978 |
"Le titre du livre synthétise ma |
La dictature révolutionnaire du prolétariat
II. Messianisme
4. Cuba dément l'optimisme irresponsable du SU.
Le SU ne peut éviter de prévenir qu'il y aura quelques obstacles pour les pays élus. Des affrontements armés, certainement pas, mais une propagande contre-révolutionnaire, assurément. Cependant, celle-ci ne constitue pas un plus grand péril. "Il n'y a pas de raison de la craindre", elle est vaincue d'avance. "Lorsque la classe bourgeoise est désarmée, et expropriée, lorsque ses membres ont accès aux mass-média, seulement en rapport avec leur nombre et non leur fortune, il n'y a pas de raison de craindre une confrontation constante, libre et franche entre leurs idées et les nôtres. "Il suffira de "lutter sans trêve contre ces idéologues sur le terrain de l'idéologie elle-même." (SU, 1977) [17].
Qu'est-ce que cette "confrontation constante" entre la révolution et la
Venons-en à Cuba. Comme nous l'avons dit, la violence préalable à la prise du pouvoir y fut bien moindre que dans les autres pays où s'instaura une dictature ouvrière. Mais dans ce cas, le plus grave vint après.
Cuba est un pays qui fait partie du monde occidental, et subit un énorme blocus économique qui y provoqua une crise permanente de l'économie. Ce blocus s'accompagna d'un exode vers les Etats-Unis d'un demi-million de "vers", agents de la contre-révolution impérialiste.
Si Fidel avait agi en accord avec les normes du SU, il ne serait même pas descendu de la Sierra Maestra, il aurait dû faire un discours demandant aux cinq cent mille "vers" de ne pas s'en aller, et leur donner toutes les garanties individuelles. Il aurait dû leur permettre de faire une fantastique propagande en accord avec leur nombre, de s'organiser en parti politique, et leur céder des locaux gardés par les milices. Evidemment, il aurait dû empêcher les jugements des tortionnaires, qui ne pouvaient se baser que sur le "concept (prohibé) de délinquance rétro-active". Et Batista également aurait dû rester.
Supposons maintenant que Fidel aille encore plus loin. Il ne donne pas
seulement la "liberté politique illimitée" du SU mais, en outre, conseillé
par Mandel, il applique le suffrage
universel et appelle à des élections générales. Et supposons également que la
contre-révolution n'utilise en rien ces conditions, ne se serve pas de ces
libertés pour renverser Fidel par la violence et récupérer les biens
expropriés. Synthétiquement, que nous avons à faire à une contre-révolution
honnête, qui se comporte pacifiquement et se consacre à sa campagne
électorale et à une lutte purement idéologique. Ayant en sa faveur la
profonde crise économique provoquée par le blocus yankee, le soutien de
l'impérialisme, le retard des campagnes, la division de la gauche et
l'irréductible détermination des cinq cent mille "vers", la bourgeoisie
pourrait bien obtenir la majorité électorale sans répandre une goutte de
sang, comme le veut le SU. Que se passerait-il dans ce
Les eurocommunistes disent que oui, que s'ils sont au pouvoir ils le
rendront à la contre-révolution si elle gagne les élections. Nous
voulons savoir ce que feraient le SU et le camarade Mandel dans un cas
semblable. Nous exigeons du Secrétariat Unifié qu'il se prononce
catégoriquement sur ce problème. S'ils sont au pouvoir accorderont-ils
des élections libres, et remettront-ils le pouvoir au gagnant, même si c'est
la contre-révolution? S'ils nous répondent que non, nous voulons savoir ce
qu'ils feront alors face à l'exigence logique de la réaction pour qu'ils lui
remette le pouvoir : lutteront-ils contre elle, les armes à la main, pour
conserver le
Il est certain qu'ils pourraient nous dire que "l'exemple cubain n'est pas
valable parce que leur programme se réfère à une dictature révolutionnaire.
Dans ce cas, le programme du SU serait infiniment plus criminel. Si avait
surgi à Cuba une dictature marxiste-révolutionnaire, appuyée sur des conseils
ouvriers, le blocus n'aurait pas seulement été le fait des Etats-Unis, mais
aussi de l'URSS. Dans ce cas, la dictature du prolétariat recommandée par la
majorité du SU n'aurait même pas duré six mois. Ce demi-million de
contre-révolutionnaires, s'appuyant sur une crise économique telle que celle
qui se serait produite, auraient développé une campagne qui leur aurait
permis tous les probabilités de victoire. Pourquoi le blocus que subit Cuba
ne se répéterait-il pas contre les pays européens où triompherait la
révolution
|