1978 |
"Le titre du livre synthétise ma |
La dictature révolutionnaire du prolétariat
IV. Qui prend le pouvoir et pourquoi
1. Normes et institutions contre mobilisation permanente.
Une des révisions les plus importantes à la théorie de la révolution permanente, concrétisée dans la résolution que nous critiquons aujourd'hui consiste en la tentative de canaliser la mobilisation révolutionnaire à travers des institutions et des normes figées. La manie normative des auteurs atteint le summum du délire légaliste quand elle prétend, pendant la guerre civile, soumettre la dictature à un code pénal très strict, inviolable et ultra-libéral avec la bourgeoisie et les contre-révolutionnaires.
En ce qui concerne la mécanique gouvernementale, le SU
raisonne de la même manière, en disant que, de même que la bourgeoisie
gouverne avec une institution
Faire de l'opposition d'une institution à une autre
l'axe de notre programme est un procédé équivoque basé sur un raisonnement
analogique erroné. "Le système soviétique n'est pas seulement une forme de
gouvernement qui peut se comparer dans l'abstrait à la forme parlementaire."
(Trotsky, 1929) [2]. On ne peut placer les
soviets au même niveau que le parlement bourgeois. Nous sommes tous d'accord
pour dire que les soviets sont l'instrument le plus adapte pour faire la
révolution ouvrière et exercer le pouvoir, alors que le parlement est un
instrument de la domination bourgeoise. Mais les soviets en eux-mêmes ne
constituent aucunement une garantie. "Il faut avoir constamment devant les
yeux toutes ces éventualités pour ne pas tomber dans le fétichisme
d'organisation et ne pas transformer les soviets, forme souple et vitale de
lutte, en "principe" d'organisation, introduit de l'extérieur dans le
mouvement et entravant son développement régulier." (Trotsky, 1924) [3]. Pour les révolutionnaires, la seule chose qui
garantisse que l'avancée se poursuive et ne soit pas stoppée, est le fait
d'opposer aux institutions bourgeoises
Le SU est resté prisonnier de la pensée institutionnaliste bourgeoise. C'est la bourgeoisie, et tous les secteurs privilégiés ayant existé, qui toujours, après leurs révolutions, ont tenté de "sanctifier" les institutions et normes pour freiner la mobilisation révolutionnaire. C'est ce qu'ils firent après la grande Révolution Anglaise avec le Roi et le Parlement, deux institutions qui devinrent "sacrées". La même chose survint avec l'apparition du Chartisme, qui fut dévié vers la voie de garage du vote, qui devait tout embrasser et résoudre. Et la grande Révolution Française aboutit à la glorification et à la soumission au règne bonapartiste ou à la République.
A cause de ces différences avec les révolutions précédentes, différences quant à leur définition (élimination des frontières, des classes et des institutions), la révolution et la dictature du prolétariat ne peuvent congeler aucune institution.
D'après la théorie de la Révolution Permanente, toute norme ou institution
est utile si elle aide à la poursuite de la mobilisation, et doit être
détruite si elle la freine. D'autre part, aucune d'entre elles n'a en soi un
rôle positif garanti à chaque étape de la lutte, ce qui doit être précisé à
chaque
Les objectifs de Lénine, Trotsky, et les nôtres depuis toujours, sont à
l'opposé de ceux des directions des révolutions ayant triomphé jusqu'à
présent et qui, n'ayant pas pour but de liquider les classes ou de continuer
à développer la révolution, ont sacralisé des institutions après la victoire
de la mobilisation. Une révolution dirigée par d'authentiques
marxistes-révolutionnaires aura une dynamique opposée à celles qu'on a connu
jusqu'à
Il ne peut y avoir d'exceptions à cette loi. Les dictatures prolétariennes nationales elles-mêmes devront être dépassées par des dictatures au niveau de régions, de continents, puis par la dictature internationale. Historiquement, le trotskysme au pouvoir tendra à la disparition des classes, du parti révolutionnaire et de l'état. La mobilisation permanente démantèlera et modifiera tout. Si cela ne se passe pas comme ça, cela signifiera que Marx et Trotsky ont aussi été des socialistes utopiques, et que la théorie de la révolution permanente était erronée.
Cela signifie-t-il que les anarchistes avaient raison quand ils
prétendaient ignorer les institutions et les normes dans le processus
Ce rapport contradictoire est présent dans toute activité humaine. Voyons,
par exemple, ce qui se passe avec le langage. Les anarchistes du langage
considèrent que la langue parlée et écrite est tout, et que les lois de la
grammaire, les académies et dictionnaires de la langue ne sont rien. Les
formalistes croient que la grammaire et l'académie sont tout, et que la
langue doit se soumettre sans mot dire à leurs normes. Un véritable marxiste
commence par se réclamer, en tant que facteur fondamental, de cette dynamique
de la langue parlée ou écrite, cette "mobilisation permanente du
En étendant ceci aux conquêtes sociales, nous disons qu'elles s'évaporeraient si n'existaient pas les institutions et les normes. Par exemple, la mobilisation qui a obtenu la journée de travail de huit heures doit s'objectiviser en une loi ou accord avec le patronat, pour ne pas courir le risque certain d'être rapidement perdue. Les syndicats sont la cristallisation de cette mobilisation et de toutes autres mobilisations économiques des travailleurs. S'ils n'existaient pas sous le capitalisme, ce qui a été conquis dans une grève ou une occupation d'usine serait perdu demain. Et si l'avant-garde ne possède pas un parti, avec un programme qui synthétise les expériences historiques de la classe ouvrière et fixe les objectifs à atteindre par la mobilisation révolutionnaire, le prolétariat devrait refaire le chemin parcouru à chaque nouvelle étape.
Les normes et les institutions sont le côté conservateur de la
mobilisation, mais cela dans deux
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