1970 |
« Le marxisme n'est pas une philosophie spéculative parmi les autres et il n'est lui-même que si, en même temps qu'il projette une critique radicale du monde, cette critique « descend de la tête dans les poings » et se fait pratique révolutionnaire.» |
Après la mort de Lénine, en 1924, des controverses passionnées déchirent le Parti Communiste russe et le bolchevisme se décompose en trois courants, - trotskysme, boukharinisme, stalinisme - qui, tout en se réclamant du léninisme, aboutissent à des conceptions toutes différentes et s'opposent dans des affrontements mortels.
Vainqueur de ses rivaux, Staline parvient pendant près de vingt-cinq ans à se faire passer pour l'égal et le continuateur de Marx, d'Engels et de Lénine. Mais après 1953 le Mythe s'écroule. Alors que les yougoslaves ont déjà pris leurs distances vis-à-vis de l'idéologie soviétique, la déstalinisation khrouchtchévienne remet en question des certitudes jusque-là inébranlables. Dans tout le mouvement communiste des forces centrifuges s'affirment et en Chine et à Cuba des idéologies nouvelles se différencient. Ce qui fut le stalinisme se décompose.
Boukharine est le premier théoricien qui se soit efforcé d'élucider par quelles voies pourraient passer la marche vers le socialisme dans le cas où la révolution resterait longuement isolée dans un ou plusieurs pays sous-développés.
Fortement impressionné par la stabilisation du capitalisme dans les premières années vingt, il est alors persuadé que le processus révolutionnaire s'étendra sur une longue période historique et commencera presque à coup sûr dans les pays coloniaux et semi-coloniaux sur lesquels pèse le poids principal de l'exploitation. A ses yeux en effet, le capitalisme aura tendance à surmonter son anarchie en évoluant vers le capitalisme d'État et il pourra, pendant longtemps encore, compenser les effets de la chute du taux de profit en généralisant les pratiques monopolistes et en pillant les peuples assujettis.
C'est à partir de ces conceptions générales qu'il s'oppose à la gauche. Sur le plan stratégique, car la théorie de la révolution permanente qui, dit-il, implique une sous-estimation du rôle de la paysannerie, conduit à tourner le dos aux forces révolutionnaires principales qui existent dans le monde. Sur le plan de la politique intérieure soviétique aussi, car il récuse l'idée que la Russie arriérée ne puisse pas avancer vers le socialisme : étant donné que le globe comprend une majorité de pays arriérés, même si la révolution devenait mondiale, la tâche de construire le socialisme se poserait à partir d'une situation de sous-développement relatif.
Pour surmonter cette situation, Boukharine propose une politique qui laissera aux koulaks la possibilité d'accumuler de telle sorte que la croissance de l'économie rurale fournisse à la fois les marchés et les capitaux nécessaires à l'industrialisation, étant entendu que l'État conservera le contrôle des leviers économiques lui permettant d'utiliser les dynamismes de l'économie paysanne pour le renforcement des bases du socialisme. Il n'ignore pas qu'un tel développement sera extrêmement lent, mais la marche vers le socialisme « au pas de la tortue » lui paraêt moins redoutable que les conséquences d'une industrialisation forcée opérée par l'État. Une telle entreprise, pronostique Boukharine, exigerait la mise en place d'un appareil gestionnaire colossal et dispendieux et on aboutirait ainsi à la dictature d'une nouvelle couche sociale dont la domination altérerait le caractère prolétarien du régime et deviendrait un obstacle au développement ultérieur vers le socialisme.
Sur presque tous les points, la gauche s'oppose aux conceptions de Boukharine alors allié de Staline.
Pour Trotsky en effet il est faux d'opposer l'Occident stabilisé à l'Orient révolutionnaire. C'est le système capitaliste mondial tout entier qui est entré dans une phase d'instabilité chronique. Etouffant dans le cadre trop étroit des rapports bourgeois de production et des économies, nationales, les forces de production ne pourront plus croêtre en même temps dans l'ensemble des pays capitalistes et chacun d'entre eux évoluera désormais, à travers une accession de phase, d'expansion et de crises, qui en ébranleront l'ordre social. Par ailleurs l'impérialisme évolue en détruisant lui-même les bases de son fonctionnement. En bloquant le développement du pays qu'il domine l'impérialisme limite, du même coup, leur capacité à absorber les capitaux et les marchandises en surnombre du pays avancés et, surtout, il enferme dans me situation intolérable les peuples qu'il a arrachés à leur isolement et à leur passivité. Précipité par Octobre, le réveil de l'Asie inaugure ne période de lune, contre l'hégémonie de l'Occident et ces luttes, à lent tour, aggraveront les rivalités entre les grandes puissances et leurs antagonisme, internes. Loin d'être durablement stabilisée, l'Europe est située à l'entrecroisement des contradictions mondiales du système et son avenir reste ouvert sur des crises révolutionnaires pouvant atteindre le capitalisme en plein cœur.
Mais encore faudrait-il que le Komintern soit à la hauteur de sa tâche : pour Trostky comme pour Lénine la lutte des classes est une guerre du classes et la révolution une bataille qui ne supporte pas les erreurs tactiques a stratégiques. Or Boukharine et Staline qui ont accaparé la direction de l'Internationale ne sont que des thermidoriens inconscients. Agissant sous la pression du force, conservatrices qui grandissent en U.R.S.S. - bureaucrates, nepmen, koulaks -, ils gaspillent les occasion, révolutionnaires, permettent au capitalisme de se consolider a, en Russie même, en prolongeant la NEP., ils laissent se renforcer les couches néo-bourgeoises qui finiront par lu éliminer. La Russie ne pourra échapper à une restauration du capitalisme, que si les forces révolutionnaire affaiblies par la saignée de la guerre civil, reprennent le dessus et imposent un changement radical de toute la politique suivie par Boukharine et Staline
Sur le plan intérieur, il faut liquider la NEP. Et inaugurer une politique d' « accumulation primitive socialiste », dont Préobjanski définit les « lois objectives » : pour faire face au capitalisme il est nécessaire que l'État organise par priorité le développement de la fabrication du moyens de production, sans hésiter à pressurer l'économie paysanne, à limiter la consommation pour dégager les investissements nécessaire. Ainsi « à la faveur « d'un répit entre deux batailles de classe internationales » la Russie pourra faire quelques pas en direction de la mise en place des infrastructures nécessaires au socialisme mais, en même temps, l'exécution des déclics de l'accumulation primitives provoquera l'apparition d'un lourd appareil privilégié et répressif qui rendra à s'ériger en force sociale autonome et à perpétuer sa domination. C'est pourquoi il sua nécessaire, afin d'éviter la stabilisation d'un régime bureaucratique, de faire équilibre à la puissance de l'appareil en restaurant et renforçant sans cesse les organes de la démocratie ouvrière. Surtout il faudra que le Komintern exploite par une juste stratégie les occasions révolutionnaires qui continueront à s'offrir, de telle manière que le révolutions étrangères, en abrégeant la période d'accumulation primitive en Russie, coupant court aux menaces de bureaucratisation qu'elle implique. De toute manière, précisera Trotsky, le socialisme ne peut s'épanouit que sur des bases économiques dépassant le niveau atteint par les pays arriérés et ce dépassement ne peut être réalisé que dans le cadre et ce division internationale socialiste du travail. Le sort de la révolution russe et du socialisme dépendent entièrement de la lutte mondiale des classes.
C'est seulement en 1929 que, le stalinisme se constitue commun en domine originale. Jusque-là Staline et sa fraction occupent une position centriste et ne se différencient du boukharinisme que par quelques réserves prudentes sur la possibilité d'intégrer pacifiquement les koulaks au socialisme. Mais en 1929 la rupture avec la droite est totale. Après avoir rejeté, en 1928, les thèses de Boukharine soi la stabilisation relative du capitalisme, Staline affirme la nécessité de briser les koulaks a reprend à son compte les projets d'industrialisation de la gauche qu'il avait d'abord tournés en dérision. Dès lors, l'essentiel de la doctrine stalinienne est en place : la théorie de la possibilité du socialisme dans un seul pays, complétée par l'affirmation selon laquelle l'économie étatisée et planifiée de l'U.R.S.S. dispose d'une supériorité constitutive pour rattraper et dépasser le capitalisme embourbé dans une crise sans issue, ordonne me vision du monde qui, pour l'essentiel, restera constante jusqu'à la destalinisation
Désormais l'U.R.S.S. est ansée marcher à grands pu vas le socialisme qui se consolide et s'épanouit à mesure que l'économie se développe selon de rythmes exceptionnellement rapides rendus possibles par la suppression de la propriété privée, tenue pour l'équivalent de l'abolition de toute exploitation, et par la substitution de la planification au marché. L'idéologie soviétique affirme même que dans la Russie devenue une société sans classe se forge un « type d'homme nouveau » qui libéré de l'aliénation et de l'asservissement capitaliste éprouve le travail comme une « affaire d'honneur et d'héroïsme, et réalise des prodiges dans le développement de la productivité.
La marche vers le socialisme ne s'effectue pourtant pas sans lutte. C'est que, expliquera Staline, l'encerclement capitaliste subsiste a la résistance de l'ennemi intérieur s'intensifie à mesure que le socialisme se consolide. Loin de laisser l'Etat dépérir il faut au contraire le renforcer sans cesse pour faire face à l'impérialisme et à la conspiration permanente des agents de l'étranger (trotskistes, zinoviévistes boukhariniens titistes, sionistes, etc.), édifier une éthique et nue culture nouvelles que le jdanovisme opposera, comme le noir et le blanc, jusque dans le domaine des sciences, à celles de l'Occident, « cosmopolites et décadents », Qu'il s'agisse de défaire l'ancienne société ou de construire l'univers nouveau, la doctrine stalinienne tend à faire de l'Etat le seul agent historique actif
Tandis cependant que l'U.R.S.S. est en route vers une civilisation supérieure, le capitalisme s'achemine démontrent les économistes staliniens, vers une phase de paralysie et de régression. Centrant toutes le analyses soi les effets du rétrécissement géographiques du marché consécutif à la formation de l'U.R.S.S. et aux Progrès, de l'industrialisation réalisés par quelques pays assujettis, ils soutiennent - en dépit de nombreuses indications de Lénine, de Boukharine et de Varga qui avaient montré que l'Etat pouvait devenir un puissant organisme de restructuration du système - qu'aucun redressement de l'économie capitaliste n'est concevable. La même affirmation restera de rigueur après la deuxième guerre mondiale: la formation d'un « marché mondial socialiste » ayant Provoqué un nouveau rétrécissaient des bases du capitalisme, celui-ci entre dans la deuxième phase de sa « crise générale » et sera incapable de parvenir à mie nouvelle phase d'expansion En 1952, Staline prophétisera même une nouvelle guerre du Japon et de l'Allemagne contre la domination étouffante du capitalisme américain.
Complément nécessaire de l'affirmation de la possibilité du socialisme dans, un seul pays, la « théorie de la crise générale du capitalisme » ne sera cependant pas à fonder une politique révolutionnaire internationale, et il apparaêtra en plus nettement ne le stalinisme a effectué une dissociation complète entre l'entreprise de construire le socialisme en Russie et les projets de révolution mondiale. Dès 1928 le Komintern n'assigne plus à ses sections, pour tâche immédiate, que de paralyser les éventuels préparatifs de guerre des états capitalistes contre la « Patrie du socialisme ». Par la suite, à l'époque des fronts populaires et de la guerre froide, les choses deviennent tout à fait claires : les Partis communistes reçoivent pour fonction d'animer des rassemblements sans caractère de classe qui s'assignent pont but de sauver ou de restaurer la démocratie, de défendre la paix et de sauvegarder les indépendances nationale. Sans être explicitement abandonnée la lutte pour le socialisme est reléguée à l'arrière-plan comme un objectif situé dans me perspective lointaine et imprécise. L'acceptation de la coexistence pacifique avec le capitalisme était me réalité bien avant Kroutchev.
La déstalinisation khrouchtchévienne est bien davantage un remaniement qu'une liquidation du stalinisme. La dénonciation des crimes de Staline, le rejet de la théorie de l'aggravation de la lutte des classes pendant la période de reconstruction du socialisme a de 1a politique de terreur permanente qui en résultait, l'abandon des thèmes les plus excessifs du jdanovisme, n'empêchent pas que l'oeuvre do dictateur mie considérée comme positive dans son meuble : si les superstructures du régime ont pu être déformées jusqu'à la monstruosité, ses basés socialistes sont restées intactes. Le « marxisme khrouchtchevien » n'expliquera guère l'anomalie d'ou tel développement.
En fait le khrouchtchévisme est né d'un malaise grandissant dans les pays de l'Est. En faisant de Staline le bouc émissaire de tous les malheurs passés et présents, Khrouchtchev a voulu faire miroiter aux yeux des populations lassées de la terreur, de la sous-consommation chronique et de 1a crainte d'une nouvelle guerre, les perspectives d'un autre avenir. De là, les thèmes essentiels du khrouchtchévisme: la puissance des armes thermonucléaires condamne le capitalisme, et le socialisme à rivaliser seulement le plan de leur, capacité, respectives à développer les forces de production et le bien-être des populations et, des, cette compétition pacifique, le socialisme l'emportera. Dès 1970 la production soviétique dépassera celle des U.S.A. et vers 1980 l'U.R.S.S. atteindra le communisme, défini comme une société de l'abondance de biens matériels. Des lors, les conditions de la lutte mondiale pont le socialisme se trouveront radicalement modifiées : tandis que les pays du Tiers monde accédant à l'indépendance se trouveront attirés pu l'aide soviétique dans l'orbite du socialisme, les progrès accomplis par l'U.R.S.S. démontreront de façon si éclatante la supériorité de son système que tous les peuple se dresseront contre le capitalisme et celui-ci sera défait, sans avoir pu utiliser la puissance terrifiante de ses armes.
Après la chute de Khroutchev, ses successeurs se trouverait contraints par les difficultés persistantes de l'économie, d'abandonner discrètement quelques-unes de ses promesses trop précises sur la proximité du « communisme beurré ». Mais la révision krouchtchévienne du stalinisme ne sera pas pour l'essentiel remise en question, qu'il s'agisse de la nécessité de remanier la distribution désinvestissements et le fonctionnement de la planification pour tenter de satisfaire les besoins des consommateurs, de continuer à pratiquer une politique de coexistence pacifique et d'affirmer que, dans la plupart des pays, les conditions mûrissent pour que puisse s'effectuer une transition pacifique vers le socialisme. Renonçant enfin à soutenir, contre toute évidence, que le capitalisme continuait à stagner, les idéologues communistes ont dès lors admis que l'intervention croissante de l'État avait conduit le système vers une nouvelle phase de son développement celle du capitalisme monopoliste d'État au sein de laquelle oppression exercée par une « poignée de monopoleurs » sur du courbes sociales de plus en plus larges, permettrait de faire naêtre une démocratie avancée qui réaliserait progressivement le socialisme. Les différence entre communisme et réformisme se trouvent, du coup, singulièrement amincies.
Tandis que vous la pression de ses difficultés internes a du fardeau de la guerre froide l'Union soviétique procédait à ces remaniements doctrinaux, le poids de l'hégémonie et de l'exploitation russe sur les nouveaux États socialistes, la dissemblance de leur niveau de développement et de lent situation, l'incapacité de l'économie soviétique à devenir réellement le centre d'un «marché soviétique socialiste » brisaient l'unité stratégique et idéologique du monde communiste.
Rejetés malgré eux hors du camp socialiste, les « titistes », n'ont guère produit qu'un éclectisme idéologique dont le contenu a d'ailleurs varie au gré des circonstances et de la situation de la Yougoslavie. Si au plus fort de la tension qui les oppose an, Russes, Os reprennent certaines des conceptions des critiques de gauche du stalinisme pou défait le régime soviétique comme un capitalisme d'État au même moment, ils empruntent à la social-démocratie, dont ils se rapprochent, l'idée que le capitalisme occidental est déjà en voie de transition vers le socialisme. Par la suite, lorsque Moscou normalisera les relations soviéto-yougoslaves, les titistes adresseront par contre, avec Khrouchtchev, que le stalinisme n'a été qu'une déformation passagère et désormais en voie de résorption du socialisme et ils prendront à nouveau leurs distances vis-à-vis du capitalisme, accusé de barrer la route à la libération des peuples et de faire peser sur le monde la menace d'une guerre nucléaire. Mêmes fluctuations à propos de la construction du socialisme yougoslave: si à partir de 1952 les dirigeants de Belgrade insistent sur la nécessité de préparer le dépérissement de l'Etat et d'organiser l'auto-gestion de l'économie pour éviter l'implantation d'un système bureaucratique, après la révolution hongroise de 1956, ils freinent la « débureaucratisation » et réaffirment que le Parti et l'État doivent, au-dessus des conseils ouvriers, conserver un rôle dirigeant au niveau central.
Critique du khrouchtchevisme et de ses suites mais non pas du stalinisme, le maoïsme apparaît également comme une idéologie qui a été organisée et a varié en fonction de la situation particulière de la Chine et de ses problèmes. Placés à la tête d'un pays dont l'industrialisation est hérissée de difficultés, les dirigeants de Pékin ne pouvaient pas admettre que l'U.R.S.S. entreprenne de marcher vers la prospérité en laissant la Chine en arrière, seule face à l'impérialisme. C'est pourquoi ils ont dénoncé la politique de Khrouchtchev et de ses successeurs comme une trahison et bientôt comme l'expression d'une modification de la nature sociale de l'U.R.S.S. En favorisant la diffusion en U.R.S.S. d'idéaux et de modèles de vie empruntés à la société de consommation capitaliste, en rétablissant dans la gestion de l'économie les critères du profit et de la rentabilité et en renonçant à la lutte mondiale pour le socialisme, les successeurs de Staline ont liquidé le socialisme au profit d'une nouvelle bourgeoisie d'origine bureaucratique qui accumule à partir de ses hauts privilèges et en détournant les fonds publics.
A partir de là, les maoïstes ont été conduits à affirmer leur représentation toute différente de la société future et des voies qui y conduisent. Pour eux, le socialisme ne peut progresser qu'en rompant avec toutes les valeurs des sociétés qui l'ont précédé et en transformant de fond en comble les mentalités et les comportements humains, avant même que les bases matérielles d'un ordre social plus élevé aient été créées. De là, l'importance qu'ont pris en Chine les campagnes de « remodelage des consciences » et de « lutte contre les déviations économistes ») tendent d'effacer les mentalités acquisitives et organiser l'adhésion de chacun à un système qui serait animé par des finalités entièrement nouvelles. Ainsi, dans un pays qui pour longtemps encore est voué aux rudes tâches de l'accumulation, le maoïsme semble faire resurgir l'idéal ascétique et autoritaire des utopies du communisme prémarxistes. L'avenir dira s'il peut y avoir là autre chose qu'une transfiguration idéologique de l'indépassable pauvreté présente.
La même observation s'applique sans doute à l'idéologie qu'ont développé récemment les Cubains qui, depuis 1965, prétendent, en dépit de la pauvreté de leur île et du blocus ruineux qu'elle subit, faire éclore sans délai une nouvelle éthique qui donnerait déjà forme à la société communiste.
Ces adaptations maoïstes et castristes de la théorie du socialisme dans un seul pays à la misère économique et culturelle de pays accablés par un formidable retard, se sont, par ailleurs, accompagnées d'une version « tiersmondiste » de la stratégie de la lutte mondiale contre l'Impérialisme Bien que leurs conceptions divergent sur les conditions dans lesquelles peut être déclenchée la lutte insurrectionnelle et sur la façon dont elle doit être conduite, maoïstes et castristes se retrouvent d'accord pour considérer que le centre des luttes s'est déplacé vers les pays sous-développés, il faut, par la multiplication de guerres locales de type vietnamien, refouler et isoler le capitalisme dans quelques pays avancés où, pensent-ils, il sera voué à des crises insurmontables et finalement à la révolution.
Cinquante ans après Octobre, il ne reste rien de la puissante unité mondiale des forces révolutionnaires dont les fondateurs du bolchevisme avaient rêvé.
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