1939 |
Compte‑rendu d'une discussion à Coyoacàn entre Trotsky; C.L.R. James et plusieurs militants américains, visiteurs, secrétaires ou gardes, dont Charles Cornell, Lankin, Hudson (O'Shea) et ceux qui se font appeler Owen, Guy et Robinson. Ce texte (T 4563) est traduit de l'anglais et publié avec la permission de la Houghton Library. |
Œuvres - avril 1939
Plans pour l’organisation nègre
James. ‑ Les suggestions concernant le travail du parti sont dans les documents et il n'est pas nécessaire d'y revenir. Je propose qu'elles soient examinées tout de suite par le comité politique en même temps que l'idée du camarade Trotsky d'un certain nombre de numéros de la revue mensuelle sur la question nègre. On a besoin d'urgence d'une brochure écrite par quelqu'un qui connaisse bien les agissements du P.C. sur la question nègre et les reliant à l'Internationale communiste et à sa dégénérescence. Cela constituerait un préliminaire théorique indispensable à l'organisation du mouvement nègre et au travail propre du parti chez les Nègres. Ce dont nous n'avons pas besoin, c'est d'une brochure générale traitant de façon générale, les difficultés des Nègres et démontrant que, de façon générale, nègres et blancs doivent s'unir. Ce serait une de plus d'une longue liste.
Cela mène aisément à la conclusion que l'émancipation des Nègres aux Etats‑Unis et au‑dehors est liée à l'émancipation de la classe ouvrière blanche.
N.B. Le parti devrait produire une étude théorique de la révolution permanente et des peuples nègres. Elle devrait être d'un style tout à fait différent de la brochure proposée plus haut. Il ne devrait pas s’agir d’une controverse avec le P.C., mais d'une analyse économique et politique positive démontrant que le socialisme est la seule issue et d'un niveau théorique élevé. Néanmoins elle devrait émaner du parti.
Les unités locales doivent se consacrer à ces questions en fonction de l'urgence de la situation locale et des campagnes nationales planifiées par le centre. Cela ne peut être décidé qu'à la suite d'enquêtes :
Hudson. ‑ Sur l'ouverture de la discussion sur le socialisme dans le bulletin mais son exclusion pour un temps au moins de l’hebdomadaire : cela me semble dangereux. C'est tomber dans l’idée que le socialisme est pour les intellectuels et l'élite, mais que les gens de base ne s'intéressent qu'aux affaires banales, quotidiennes. La méthode devrait certes être différente ici ou là, mais je pense qu'il devrait y avoir au moins une impulsion dans le sens du socialisme dans l'hebdomadaire; non seulement du point de vue des questions quotidiennes, mais aussi dans ce que nous appelons discussion abstraite. C'est une contradiction ‑ le journal de masse devrait avoir une position claire sur la question de la guerre, mais pas sur le socialisme. Il est impossible de faire l'une sans l'autre. C’est une forme d'« économisme » : les ouvriers ne s'intéresseraient qu'aux affaires de tous les jours, mais pas aux « théories » de socialisme.
James. – Je vois les difficultés et la contradiction, mais il y a autre chose que je ne peux pas bien voir ‑ si on veut construire un mouvement de masse, on ne peut pas plonger dans une discussion sur le socialisme, parce que je crois qu'elle provoquerait plus de confusion qu'elle ne nous gagnerait de soutiens. Le Nègre ne s’intéresse pas au socialisme. Il peut y être amené sur la base de ses expériences concrètes. Autrement nous aurions à former une organisation socialiste nègre ? Je pense que nous devons proposer un programme concret minimal. Je suis d'accord qu'il ne faut pas placer le socialisme trop loin dans l'avenir, mais j'essaie d'éviter des discussions interminables sur le marxisme, la II° Internationale, la III° Internationale, etc.
Lankin. ‑ Cette organisation ouvrirait‑elle ses portes à toutes classes de Nègres ?
James. ‑ Oui, sur la base de ce programme. Le Nègre bourgeois peut la soutenir, mais seulement sur la base de son programme.
Lankin. ‑ Je ne peux pas voir comment la bourgeoisie nègre peut aider le combat du prolétariat nègre pour son progrès économique ?
James. ‑ Dans notre mouvement, nous sommes quelques-uns à être des petits‑bourgeois. Si un Nègre bourgeois est exclu d’une université à cause de sa couleur, cette organisation mobilisera probablement les masses pour combattre pour les droits de l'étudiant nègre bourgeois. Le soutien pour l'organisation sera mobilisé sur la base de son programme et nous n'aurons la possibilité d'en exclure aucun nègre s'il est disposé à lutter pour ce programme.
Trotsky. ‑ Je crois que la première question est celle de l'attitude du Socialist Workers Party vis‑à‑vis des Nègres. Il est très inquiétant de s'apercevoir que, jusqu'à maintenant, le parti n'a pratiquement rien fait dans ce domaine. Il n'a publié ni livre, ni brochures, ni même aucun article dans New International. Deux camarades, qui ont composé un livre sur cette question, un travail sérieux, sont restés isolés [6]. Ce livre n'est pas publié, on n'en a même pas publié des extraits. Ce n'est pas un bon signe. Le trait caractéristique des partis ouvriers américains, des organisations syndicales, etc. était leur caractère aristocratique. C'est la base de l'opportunisme. Les travailleurs qualifiés qui se sentent intégrés à la société capitaliste aident la classe bourgeoise à maintenir les Nègres et les ouvriers non qualifiés à une échelle très basse. Notre parti n'échappera pas à la dégénérescence s'il demeure un endroit pour intellectuels, demi‑intellectuels, ouvriers qualifiés et ouvriers juifs qui construisent un milieu très fermé complètement isolé des masses authentiques. Dans ces conditions, notre parti ne peut pas se développer ‑ il dégénérera. Il nous faut avoir ce grand danger devant les yeux. Maintes fois j'ai proposé que tout membre du parti, surtout les intellectuels et demi‑intellectuels, qui, pendant une période, disons de six mois, n'aura pas pu gagner un ouvrier au parti, soit ramené au statut de sympathisant. On peut dire la même chose dans la question nègre. Les vieilles organisations, à commencer par l'A.F.L., sont les organisations de l'aristocratie ouvrière. Notre parti appartient au même milieu, pas celui des masses exploitées de la base dont les Nègres sont les plus exploités. Le fait que notre parti ne se soit pas jusqu'à maintenant tourné vers la question nègre est un symptôme très inquiétant. Si l'aristocratie ouvrière constitue la base de l'opportunisme, l'une des sources de l'adaptation à la société capitaliste, alors les plus opprimés et ceux qui subissent le plus la discrimination sont le milieu le plus dynamique de la classe ouvrière.
Nous devons dire aux éléments conscients parmi les Nègres que le développement historique les désigne pour devenir l’avant‑garde de la classe ouvrière. Qu'est‑ce qui fait office de frein sur les couches supérieures ? Ce sont les privilèges, les avantages matériels qui les empêchent de devenir révolutionnaires. Cela n'existe pas pour les Nègres. Qu'est‑ce qui peut transformer une certaine couche, la rendre plus capable de courage et de sacrifice ? C'est concentré chez les Nègres. Si jamais nous, dans le S.W.P., n'étions pas capables de trouver la voie vers cette couche, alors nous ne serions bons à rien. La révolution permanente et tout le reste ne seraient que mensonge.
Aux Etats‑Unis, nous avons différentes compétitions aujourd'hui. Compétition pour savoir qui vend le plus de journaux, etc. C'est très bien. Mais il nous faut aussi mettre sur pied une compétition plus sérieuse ‑ le recrutement d'ouvriers et particulièrement d'ouvriers nègres. Dans une certaine mesure, c’est indépendant de la création d'une organisation nègre spéciale.
Je crois que le parti devrait entreprendre pour les six prochains mois un travail d'organisation et politique. On peut élaborer un programme pour six mois dans la question nègre... Après un travail d'une demi‑année, nous aurons une base pour le mouvement nègre et nous aurons un sérieux noyau de Nègres et de Blancs travaillant ensemble sur ce plan. C'est une question de vitalité du parti. C'est une question importante. C'est la question de savoir si le parti doit devenir une secte ou s'il est capable de se frayer un chemin vers la partie la plus opprimée de la classe ouvrière.
Trotsky. ‑ Bien. Peut‑être ne serait‑il pas mauvais non plus de ronéotyper ce livre ou des parties, et de l'adresser avec d’autres matériaux de discussion aux divers secteurs du parti pour discussion ?
Trotsky. ‑ Je crois que c'est absolument nécessaire.
Owen. ‑ Il me semble qu'il existe le danger de sortir un numéro sur les Nègres avant d'avoir une organisation nègre suffisante pour assurer sa diffusion.
James. ‑ Il n'est pas destiné en priorité aux Nègres. Il est destiné au parti lui‑même et aux autres lecteurs de la revue théorique.
Accord général.
Accord général.
Trotsky. ‑ Je ne crois pas que nous puissions commencer en excluant le socialisme de l'organisation. Vous proposez une organisation très large, un peu hétérogène, qui acceptera aussi des gens religieux. Cela signifierait que si un ouvrier nègre, ou un paysan, ou un commerçant, intervient dans l'organisation en expliquant que le salut unique pour les Nègres est dans l'Eglise, nous serons trop tolérants pour l'exclure et en même temps suffisamment intelligents pour ne pas le laisser parler en faveur de la religion, mais que nous ne parlerons pas en faveur du socialisme. Si nous comprenons le caractère de ce milieu, nous adapterons à lui la façon de présenter nos idées. Nous serons prudents; mais nous lier les mains par avance ‑ dire que nous n'introduirons pas la question du socialisme parce que c'est une question abstraite ‑ ce n'est pas possible. C'est une chose d'être attentifs aux questions concrètes de la vie des Nègres et d'opposer sur ces questions le socialisme au capitalisme. C'est une chose d'accepter un groupe hétérogène et de travailler à l'intérieur, et une autre de se laisser absorber par lui.
James. ‑ Je suis tout à fait d'accord avec ce que vous dites. Ce que je redoute, c'est qu'on mette en avant un socialisme abstrait. Vous vous souviendrez que j'ai dit que le groupe dirigeant doit clairement comprendre ce qu'il est en train de faire et où il est en train d'aller. Mais l'éducation socialiste des masses se fera à partir des questions quotidiennes. Je suis seulement préoccupé d'empêcher que cette affaire ne se développe en discussion interminable. La discussion devrait être libre et approfondie dans l'organe théorique.
En ce qui concerne la question du socialisme dans l'organe d’agitation, mon opinion est que l'organisation devrait se définir nettement en accomplissant le travail quotidien des Nègres de telle sorte que les masses des Nègres puissent y participer avant d'être engagés dans des discussions sur le socialisme. Alors qu'il est clair qu’un individu peut soulever toutes les questions qu'il désire et indiquer sa solution des problèmes des Nègres, la question est cependant de savoir si ceux qui dirigent l'organisation dans son ensemble devraient commencer par parler au nom du socialisme. Je pense que non. Il est important de se rappeler que ceux qui ont pris l’initative devaient avoir en commun un certain accord sur les questions fondamentales actuelles de la politique, sinon il y aurait une grande confusion au fur et à mesure du développement de l’organisation. Mais, tous, en tant qu'individus, ont le droit de soutenir leur point de vue particulier dans la discussion générale, pourtant la question est de savoir s'ils parleraient collectivement en tant que socialistes depuis le début et mon opinion personnelle est non.
Trotsky. ‑ Dans l'organe théorique on peut avoir une discussion théorique, et dans l'organe de masse une discussion politique de masse. Vous dites qu'ils sont contaminés par la propagande capitaliste. Dites‑leur : « Vous ne croyez pas au socialisme. Mais vous vous rendrez compte qu'au cours du combat les membres de la IV° Internationale non seulement seront avec vous, mais vraisemblablement les plus militants. » J'irais même jusqu'à dire que chaque orateur devrait terminer son intervention en disant : « Mon nom est la IV° Internationale ! ». Alors ils se rendront compte de qui sont les combattants, alors que celui qui prêche la religion dans la salle au moment critique ira à l'église et pas sur le champ de bataille.
Trotsky. ‑ Oui, c'est la question la plus importante et la plus difficile. Le programme peut être très modeste, mais en même temps il doit laisser à tous leur liberté d'expression dans les discours, etc. ; le programme ne doit pas constituer une limitation de notre activité mais seulement nos obligations communes. Chacun doit avoir le droit d'aller plus loin. Mais tous sont obligés de défendre le minimum. Nous verrons comment ce minimum se cristallisera au fur et à mesure que nous franchirons les premières étapes.
Trotsky. ‑ C'est important. Cela provoquera un conflit avec certains ouvriers qui n'en voudront pas. C'est un tournant, des éléments ouvriers les plus aristocratiques vers les éléments inférieurs. Nous avons attiré à nous quelques‑unes des couches supérieures des intellectuels quand ils sentaient que nous avions besoin de protection : les Dewey, les LaFollette [7], etc. Maintenant que nous entreprenons un travail sérieux, ils nous quittent. Je crois que nous allons perdre deux ou trois couches supplémentaires et aller plus profondément encore dans les masses. Ce sera notre pierre de touche.
Trotsky. ‑ C'est absolument nécessaire.
Hudson. ‑ Cela cadre très bien avec nos revendications de transition.
Trotsky. ‑ Oui, et donnez‑lui même un caractère plus militant encore. Il pourrait y avoir un piquet à l'extérieur pour attirer l'attention et expliquer un peu ce qui se passe.
Trotsky. ‑ Oui, je crois que c'est très important, mais il me semble qu’il y a une première considération a priori que beaucoup de ces Nègres sont des domestiques de gens riches, sont démoralisés et sont moralement devenus des laquais. Mais il y a les autres, une couche plus large, et la question est de gagner ceux qui ne sont pas ainsi privilégiés.
Owen. ‑ J'aimerais soumettre un point. Il y a quelques années, je vivais à Los Angeles près d'un quartier nègre ‑ à l'écart des autres. Les nègres là étaient plus aisés. Je me suis renseigné sur leur travail et on m'a dit ‑ les Nègres eux-mêmes – qu’ils avaient une situation avantageuse parce qu'ils étaient domestiques - nombre d'entre eux dans les maisons de la colonie du cinéma [8]. J’étais surpris de découvrir les domestiques dans la couche supérieure. Cette colonie de Nègres n'était pas réduite – elle comprenait plusieurs milliers de personnes.
James. ‑ C'est vrai. Mais, si vous êtes sérieux, il n'est pas difficile d'aller vers les masses Nègres, ils vivent ensemble et sentent ensemble. Cette couche de Nègres privilégiés est plus petite que toute autre couche privilégiée. Les Blancs les traitent avec un tel mépris qu'en dépit d'eux‑mêmes, ils sont plus proches des autres Nègres que vous ne pourriez l'imaginer...
Accord général.
Trotsky. ‑ Combien y a‑t‑il de Nègres au Congrès ? Un [9]. il y a 440 membres à la Chambre des Représentants et 96 au Sénat. Si les Nègres constituent 10 % de la population, ils auraient droit à 50 membres, mais ils n'en ont qu'un. C'est un tableau clair de l'inégalité politique. Nous pouvons souvent opposer un candidat nègre à un candidat blanc. Cette organisation nègre peut dire : « Nous voulons un Nègre qui connaisse nos problèmes. » Cela peut avoir d'importantes conséquences.
Owen. ‑ Il me semble que le camarade James a ignoré une partie très importante de notre programme : le labor party.
James. ‑ Un quartier nègre veut présenter un candidat nègre. Nous leur disons qu'ils ne doivent pas se présenter seulement en tant que Nègres mais qu'ils doivent avoir un programme qui convienne aux masses des Nègres pauvres. Ils ne sont pas stupides et peuvent le comprendre, et c'est à encourager. Les ouvriers blancs veulent un candidat ouvrier dans un autre quartier blanc. Alors nous disons aux Nègres dans le quartier blanc : « Soutenez ce candidat parce que ses revendications sont de bonnes revendications ouvrières. » Et nous disons aux ouvriers blancs dans la zone nègre : « Vous devriez soutenir le candidat nègre parce que bien qu'il soit nègre, vous remarquerez que ses revendications sont valables pour l'ensemble de la classe ouvrière. » Cela veut dire que les Nègres auront la satisfaction d'avoir leurs propres candidats sans les zones où ils prédominent, et qu'en même temps nous bâtissons la solidarité ouvrière. Cela s'intègre dans le programme de Labor Party.
Hudson. ‑ Est‑ce que cela n'est pas proche du Front populaire de voter pour un Nègre seulement parce qu'il est nègre ?
James. ‑ Cette organisation a un programme. Quand les démocrates présentent un candidat noir, nous disons : « Pas du tout. Il faut un candidat avec un programme que nous puissions soutenir. »
Trotsky. ‑ La question concerne une autre organisation pour laquelle nous ne sommes pas responsables, de même qu'elle ne l'est pas pour nous. Si cette organisation présente un certain candidat et que nous estimons qu'en tant que parti nous devons présenter contre lui notre propre candidat, nous en avons pleinement le droit. Si nous sommes faibles et que nous ne pouvons pas convaincre l'organisation de choisir un révolutionnaire, et qu'ils choisissent un démocrate nègre, nous pouvons même retirer notre propre candidat, en faisant une déclaration concrète suivant laquelle nous nous abstiendrons de combattre non pas le démocrate, mais le Nègre. Nous considérons que la candidature du Nègre, opposée à celle d'un Blanc, même s'il appartiennent tous deux au même parti, constitue un facteur important dans la lutte des Nègres pour leur égalité ; et, dans ce cas, nous pouvons accorder notre soutien critique. Je crois que cela peut être fait dans certains cas.
Trotsky. ‑ Qu'enseignera‑t‑il ?
James. ‑ Je pense à plusieurs jeunes Nègres dont chacun est capable de donner une image clairement anti‑impérialiste, anti-guerre. Je pense que ce serait très important dans la construction d’une compréhension de l'internationalisme.
Accord général.
James. ‑ Je suis d'accord avec votre attitude dans la question du travail du parti avec les Nègres. Ils sont une force considérable et domineront tous les Etats du Sud. Si le parti prend pied là-bas, la révolution sera gagnée en Amérique. Rien ne pourra l'arrêter.
Notes
[1] C.L.R. James était lui‑même l'auteur d'un excellent travail intitulé Les Jacobins Noirs sur cet épisode de l'histoire révolutionnaire et le rôle de Toussaint-Louverture.
[2] Le compte‑rendu est évidemment très abrégé : la fameuse réforme électorale de 1832, conséquence directe de l'agitation ouvrière, a probablement d’une certaine façon commandé l'abolition de l'esclavage, décidée par un bill de mai 1833, mais elles ne se confondent pas.
[3] C'est le 1" septembre 1863 que le président des Etats‑Unis, Abraham Lincoln, avait lancé sa proclamation affranchissant les esclaves dans les Etats-Unis.
[4] En 1935, à Londres, C.L.R. James avait fondé avec quelques autres militants, dont le Kényan Jomo Kenyatta, une organisation de soutien de l'Ethiopie contre l'agression italienne, l'International African Friends of Ethiopia. Ils avaient peu après obtenu la spectaculaire adhésion d'un ancien de l'I.C. qui venait de rompre avec Moscou sur son refus de collaborer avec les impérialismes « démocratiques », Georges Padmore, le futur père du panafricanisme. De cette association, que James présidait, était né, en mars 1937, l'International African Service Bureau qui publiait International African Opinion, influente dans l'intelligentsia africaine avancée.
[5] Les « lovestonistes » sont les partisans de Jay Lovestone (né en 1898), née Jacob Liebstein, en Lituanie, venu aux Etats‑Unis en 1907, militant socialiste puis co‑fondateur du parti communiste dont il avait été le dirigeant avec l'appui de Boukharine. Après son exclusion en 1929, il avait animé la Communist Party Opposition puis l'Independent Labor League qui était la filiale de la « droite » américaine et avait une certaine influence dans le C.I.O.
[6] Les auteurs de ce travail étaient deux militants de Berkeley, Barney Moss et William S. Bennett. Mais les secrétaires de Trotsky n'arrivaient pas à remettre la main sur le manuscrit qu'ils lui avaient envoyé.
[7] Trotsky mentionne ici les deux personnalités libérales qui contribuèrent énormément au succès de sa campagne contre les procès de Moscou, le président de la commission d'enquête, le pédagogue et philosophe John Dewey (1859‑1962) et sa secrétaire, la journaliste et essayiste Suzanne LaFollette (1893‑1983).
[8] Il s'agit bien entendu du quartier de Hollywood à Los Angeles.
[9] Il s'agissait d'Arthur W. Mitchell (1883‑1968) élu sous l'étiquette démocrate à Chicago, où il était avocat : il avait succédé à un Noir élu comme républicain en 1928 (O. DePriest).