1988

" Pendant 43 ans, de ma vie consciente, je suis resté un révolutionnaire; pendant 42 de ces années, j'ai lutté sous la bannière du marxisme. Si j'avais à recommencer tout, j'essaierai certes d'éviter telle ou telle erreur, mais le cours général de ma vie resterait inchangé " - L. Trotsky.

P. Broué

Trotsky

XXV – Le Parti sans Lénine [1]

La mort de Lénine, le 21 janvier 1924, est un événement capital dans l'histoire du mouvement communiste international et de l'U.R.S.S. Elle ne fut pas moins déterminante pour la destinée personnelle de Trotsky. Au terme de son ouvrage Le Dernier Combat de Lénine, Moshé Lewin assure que, celui-ci « disparu, Staline était sûr de vaincre [2] » – un jugement peut-être exagérément catégorique, mais qui a le mérite de souligner la détérioration profonde de la position de Trotsky dans le parti avec la mort de Lénine.

Trotsky s'en était allé, sans attendre la fin de la XIIIe conférence, pour la cure de repos prescrite, dans le Caucase. D'abondantes chutes de neige avaient prolongé ce voyage. C'est à la gare de Tiflis, le 22 janvier 1924, que son secrétaire, Sermouks, blême, pénétra dans son wagon-bureau, avec, à la main, le télégramme chiffré qui apportait la fatale nouvelle [3]. La première réaction de Trotsky fut de rebrousser chemin pour assister à la cérémonie funèbre. Mais il ne le fit pas, à la grande surprise des siens et de nombreux observateurs : des millions de Soviétiques découvrirent cette absence inexpliquée et inexplicable, et ses adversaires surent en tirer le parti que l'on devine.

Il a donné de son absence une explication identique dans Ma Vie en 1930 et dans un article de 1939, reproduit ensuite dans son Staline. Apprenant la nouvelle de la mort de Lénine, il avait immédiatement télégraphié à Moscou annonçant son intention de revenir et demandant la date des funérailles. La réponse, qui lui parvint une heure plus tard, était signée de Staline, de toute évidence au nom du bureau politique :

« Les funérailles auront lieu samedi, vous ne pourriez revenir à temps. Le bureau politique estime qu'à cause de votre état de santé vous devez poursuivre votre voyage à Soukhoum [4]. »

Il crut sur parole ce message qui tenait compte de toute évidence, pour lui, de la neige tombée dans la partie nord du pays. De toute façon, il n'avait pas à discuter une décision du bureau politique concernant sa cure, analogue à celles que cet organisme avait prises concernant le repos et les soins pour Lénine pendant la maladie de ce dernier. C'est pour toutes ces raisons qu'il continua son voyage en direction de Soukhoum. Il devait, peu après son arrivée, s'apercevoir qu'il avait été trompé par le télégramme de Staline, puisque, sans qu'aucune nouvelle information lui soit parvenue, les funérailles se déroulèrent, en réalité, non le dimanche 26 mais le lundi 27 janvier [5], ce qui lui aurait, incontestablement et dans tous les cas d'enneigement, permis d'y assister, s'il l'avait su à Tiflis.

Dans une polémique indirecte contre le journaliste américain Walter Duranty en octobre et novembre 1939, dans des lettres adressées à son traducteur Charles Malamuth, il devait nuancer ces affirmations: la machination de Staline était en réalité plus complexe qu'il ne l'avait cru tout d'abord, et ne pouvait se réduire à un simple mensonge sur la date réelle de la cérémonie. Staline, en effet, donna bel et bien initialement des instructions, notamment à l'Armée rouge, pour la journée du 26, mais de toute évidence n'eut jamais l'intention de célébrer la cérémonie ce jour-là [6]. Trotsky se souvenait alors qu'un de ses amis – I.N. Smirnov ou N.I. Mouralov – lui avait assuré que le télégramme de Staline était la pièce maîtresse d'une manœuvre destinée à le tenir à l'écart du dernier hommage à Lénine [7].

Deux faits émergent clairement de cet épisode. D'abord, c'est pendant sa cure de l'après-midi, emmitouflé sous des couvertures, au soleil sur le balcon de sa chambre que Trotsky, alerté par les salves tirées par les canons de la garnison, apprit, le 27, que la cérémonie se déroulait et qu'il aurait pu y être présent sans le télégramme de Staline [8]. L'autre est que Trotsky fit sur ce point à Staline une confiance aveugle [9], ne vérifia auprès de personne la date qu'il lui donnait dans son second télégramme  – une éventualité peut-être prévue d'avance si l'on se souvient que les chefs militaires aussi avaient été avisés pour le 26.

Pour les Mouralov et les I.N. Smirnov, comme pour le jeune Ljova Sedov [10], les amis et partisans de Trotsky qui se trouvèrent alors à Moscou, le drame n'était peut-être pas tant son absence que le fait que Staline ait pu le rouler aussi facilement : Trotsky avait fait confiance, dans une question capitale, à un homme qu'il connaissait comme un fourbe et un ennemi juré. Il en fut, pourtant, semble-t-il, peu question à son retour à Moscou, au printemps [11], car beaucoup d'eau avait coulé sous les ponts, et de nouveaux problèmes se posaient.

L'absence de Trotsky des funérailles de Lénine ne put être comprise des millions de gens qui en prirent conscience et en furent informés, et a fortiori de ses proches. Natalia Ivanovna a noté :

« Les amis attendaient L.D. à Moscou, pensant qu'il reviendrait sur ses pas. Il ne vint à l'idée de personne que Staline, par son télégramme, lui avait coupé le chemin du retour. Je me souviens d'une lettre de mon fils [...], il avait attendu, attendu sans fin, dans l'impatience de nous voir arriver. On sentait dans sa lettre de l'étonnement, de l'amertume et un certain ton de reproche [12]. »

A Tiflis même, sur les instances des autorités locales, Trotsky avait écrit un texte bref, très émotionnel – « Lénine est mort, Lénine n'est plus » – sur cette mort, « caprice invraisemblable, impossible, monstrueux, de la nature [13] ».

Dans Ma Vie, il avoue qu'il fut incapable, après la nouvelle, d'écrire à Kroupskaia le mot affectueux qui s'imposait, tant toute parole lui paraissait dérisoire [14]. C'est avec d'autant plus de gratitude qu'il accueillit, quelques jours plus tard, une lettre de la veuve de Lénine : elle lui racontait comment il s'était fait lire et relire un passage d'un travail dans lequel Trotsky le comparait à Marx. Elle ajoute ces lignes précieuses pour l'homme qui se reposait à Soukhoum :

« Les sentiments que Vladimir Ilyitch a conçus pour vous lorsque vous êtes venu chez nous, arrivant de Sibérie, n'ont pas changé jusqu'à sa mort [15]. »

En 1939, écrivant pour la revue américaine Life, Trotsky, après avoir reconsidéré les circonstances de la mort de Frounzé, son successeur à la Guerre, mort d'une opération qu'il ne voulait pas et dans des circonstances qui alimentèrent des rumeurs sur son assassinat, allait revenir sur la mort de Lénine. Staline n'était-il pas capable d'avoir hâté sa mort, comme Lénine lui-même l'avait demandé à plusieurs reprises [16] ? L'hypothèse n'a rien d'invraisemblable, mais elle demeure gratuite – et nous ne la commenterons pas. Il a souligné également la façon dont Staline traita Lénine malade – un fait confirmé avec éclat, à l'époque de la déstalinisation, par le Journal  des secrétaires de Lénine [17].

L'oraison funèbre en forme de litanie sur les enseignements de Lénine prononcée par Staline devant le cadavre embaumé [18] était, bien sûr, d'une certaine façon, l'héritage des années d'enseignement religieux qu'il avait suivi dans sa jeunesse au séminaire de Tiflis. Mais ce prêche de pope prononcé au nom du « léninisme » signalait surtout l'apparition d'un phénomène nouveau, inconcevable du vivant de Lénine, le culte véritablement religieux de ce dernier et la transformation de sa pensée vivante et combien contradictoire en un dogme baptisé « léninisme ». Le congrès des soviets, réuni immédiatement après sa mort, adopte toute une série de mesures allant dans le même sens : le 21 janvier devient jour anniversaire de deuil, l'ancien Petersbourg, devenu Petrograd, est rebaptisé Leningrad, le cadavre de Lénine est embaumé et va être placé dans un mausolée sous les murs du Kremlin et devenir l'objet de pieuses visites et de pèlerinages.

Trotsky s'indigne dans Ma Vie, parle de « mausolée indigne de la conscience révolutionnaire et offensant pour elle » :

« On cessa de considérer Lénine comme un dirigeant révolutionnaire pour ne plus voir en lui que le chef d'une hiérarchie ecclésiastique [19]. »

A-t-il protesté comme il l'assure ? Valentinov le confirme sur la base du témoignage de Boukharine donné en confidence. Dans les derniers jours d'octobre, au cours d'une réunion à laquelle assistaient six membres du bureau politique, Staline a proposé d'« enterrer Lénine à la russe », en d'autres termes de l'embaumer pour en faire une relique. Trotsky, Boukharine, Kamenev protestent tous avec indignation, ce dernier parlant de « cléricalisme [20] ». Mais Staline tient bon, soutenu par Kalinine et... Rykov. C'est la position de ce dernier groupe qui prévaut et qui est annoncée par la Pravda du 26 janvier, sous prétexte d' « accéder au désir et aux nombreux appels » reçus.

L'unique protestation publique – un cri dans le désert – fut celle de Kroupskaia. Ecrivant dans la Pravda, elle s'opposa à « toutes les formes de révérence externe » – cérémonies, baptêmes de villes et monuments –, affirmant que la seule façon d'honorer sa mémoire était de construire « des crèches, des jardins d'enfants, des maisons, des écoles, des bibliothèques, des centres médicaux, des hôpitaux, des hospices » et de mettre ses principes en pratique [21].

Ce n'est pas la voie dans laquelle s'engage le comité central. Dans le sillage de Zinoviev pour qui, Lénine mort, le « léninisme » vit, il crée une revue théorique, Bolchevik, et décide de recruter, sous le nom de « promotion Lénine », plus de 200 000 nouveaux membres : ces nouveaux, en majorité des ouvriers restés à l'écart pendant la révolution, souvent illettrés, inexpérimentés, manipulables, sont dispensés de tout stage préalable, admissibles à toutes les fonctions, électeurs et éligibles, même au congrès [22]. Dans le même temps, une épuration sévère frappe les oppositionnels : de vieux militants exclus se suicident. Les étudiants membres de l'Opposition sont exclus en masse.

Trotsky ne peut pas ne pas avoir compris la signification de la « promotion Lénine » qui, en apparence, fait la concession à l'Opposition de renforcer la base ouvrière du parti, mais seulement pour mieux l'étouffer. Mais il ne le reconnaîtra que beaucoup plus tard, dans La Révolution trahie [23]. Maria Joffé, elle, a entendu à Vorkouta le trotskyste Andréi Konstantinov – sans doute l'ancien journaliste de la Pravda révoqué en 1923 – expliquer à ses camarades que le parti a été tué par « "la promotion Lénine", destinée à étouffer ses rangs révolutionnaires sous le poids de ce matériau humain brut, ni trempé dans la bataille, ni expérimenté, ni indépendant d'esprit, mais possédant certainement cette ancienne habitude russe, bien cultivée maintenant, de craindre les autorités et de leur obéir aveuglément [24]  ». Le 11 avril 1924, Trotsky avait assuré que « l'entrée d'ouvriers d'usine dans le parti constituait un facteur politique de grande importance, la façon dont la classe ouvrière exprimait sa confiance, un signe véridique et infaillible [25] »...

Trotsky ne réagit pas non plus aux changements de personnel qui ont pour objectif de consolider la position des « trois » et de renforcer leur contrôle sur le parti, donc sur l'Etat. Vice-président du conseil des commissaires du peuple, Rykov a normalement remplacé Lénine à la présidence. Dzerjinski le remplace à la tête du conseil supérieur de l'Economie nationale. Mais le commissariat du peuple à la Guerre n'est pas une chasse gardée. E.M. Skliansky, vice-commissaire depuis le début de la guerre civile, jouit, sur tous les plans, de la confiance totale de Trotsky. Il est muté dans l'appareil économique et remplacé par M.V. Frounzé, qui est un homme de Zinoviev. Le bureau politique met les formes et envoie à Soukhoum une délégation pour obtenir l'assentiment de Trotsky. Celui-ci ne bronche pas. Il écrira plus tard : « Le renouvellement du personnel de la Guerre s'était fait depuis longtemps, à toute vapeur, derrière moi [26]. »

Bien que nous n'ayons de son état d'esprit de l'époque aucune trace écrite, il semble bien que son analyse de la situation en Union soviétique, ne le conduise pas à faire preuve d'optimisme. Ce n'est pas en un mois, ni en une ou plusieurs années, qu'il va gagner la bataille qu'il n'a pas livrée avec Lénine et qu'il a perdue sans lui. Il faudra du temps et beaucoup d'efforts pour redresser le parti, et ce ne sera possible qu'avec l'appui d'une jeune génération qu'il faut informer, former et tremper. Refusant d'engager le combat pour la direction du parti, il se refuse en même temps à toute concession de principe, à tout recul sur les idées qu'il a défendues avec l'Opposition et qui, selon lui, constituent une partie indissociable du tout qu'est le bolchevisme.

On va le voir très clairement lors de son retour de Soukhoum au printemps, sa santé rétablie, à temps pour qu'il puisse participer à une importante réunion du comité central, le 22 mai, puis, à partir du 23, au XIIIe congrès du parti russe, auquel Préobrajensky et lui-même participent sans avoir le droit de voter.

Il ne manquerait pas d'armes s'il voulait vraiment engager le combat – et notamment contre Staline. Kroupskaia avait tenu secrète en 1923 l'existence de la « Lettre au congrès », connue sous le nom de « Testament de Lénine ». Lénine vivait encore, et les instructions qu'il lui avait données n'étaient valables qu'après sa mort. A l'approche du XIIIe congrès, elle révèle à Kamenev l'existence de cette lettre et demande que, conformément à la volonté de Lénine, elle soit communiquée au parti en son congrès [27].

La situation est difficile pour les « trois », puisque Lénine recommande dans ce texte l'élimination de Staline du poste de secrétaire général. Les « trois » ne se résolvent pas à faire connaître la lettre au parti, mais il leur est difficile de s'y opposer de front et tout seuls. Selon un historien contemporain, le Dr lou. Borissov,

«  la décision de ne pas tenir compte de la volonté de Lénine fut prise par les membres de l'époque du Politburo et de la commission du C.C. pour adoption des documents de Lénine : Kamenev, Zinoviev et Staline lui-même [28] ».

Il fallait une décision formelle d'un organisme plus large. On réunit donc pour la circonstance un comité central élargi aux responsables des délégations au congrès. Selon un récit déjà ancien fait par un ancien collaborateur de Staline, le texte du « testament » y est lu par Kamenev, personne n'étant autorisé à prendre des notes, et aucun exemplaire n'étant distribué [29]. lou. Borissov a récemment confirmé cette version. L'impression est énorme : dans l'atmosphère de dévotion religieuse créée autour de la personnalité de Lénine, est-il concevable de désobéir à sa dernière volonté [30] ?

C'est Zinoviev qui sauve Staline. Après avoir rappelé que les volontés de Lénine sont, pour tous, la « loi suprême », il suggère que, sur un point au moins, les « craintes du chef » ont été « vaines » et qu'en ce qui concerne Staline, on peut décider de ne pas tenir compte d'un texte écrit, après tout, dans des circonstances bien différentes :

« Je veux parler de celui de notre secrétaire général. Vous avez tous été témoins de notre travail en commun de ces dernières années et, comme moi, vous avez été heureux de confirmer que les craintes d'Ilyitch ne s'étaient pas réalisées [31]. »

Kamenev soutient Zinoviev. Trotsky, pour qui la publication du testament pourrait être un atout formidable, se tait. Staline offre de démissionner et demande un vote sur cette question. Zinoviev propose alors un vote à main levée sur l'éventualité de faire connaître le testament, délégation par délégation, aux délégués du congrès, et ne pas le rendre public [32]. Il l'emporte largement : les « trois » sont suivis par leurs fidèles : Ordjonikidzé, Molotov, Kirov, Frounzé, Rykov, Boukharine, Dzerjinski, Kalinine ... Pendant la lecture du texte, Radek, qui en découvrait le contenu, s'est tourné vers Trotsky pour lui dire qu'à son avis, désormais, « ils » n'oseront rien faire, contre lui. Trotsky réplique : « Au contraire, ils devront aller jusqu'au bout et même le plus vite possible [33]. »

Cet épisode est resté dissimulé aux yeux du public soviétique pendant plus de soixante ans. L'historien lou. Borissov le résume en 1987 en disant qu'il s'agit d'une décision « autoritairement imposée aux délégués », « lue séparément sans concertation ». Il écrit :

« Par ses résultats, ce fut un crime qui surpassa "l'épisode d'Octobre" de Zinoviev et de Kamenev (c'est-à-dire leur opposition à l'insurrection armée du 25 octobre/7 novembre 1917), que Lénine évoque aussi dans son testament [34]. »

Dans « Le Jugement de l'Histoire n'épargne personne », commentaire de la pièce de Mikhail Chatrov, Plus loin, encore plus loin, Dmitri Kazoutine écrit, en 1988 : « Sur le plan moral, c'est une apostasie [35]. »

Reste à expliquer l'attitude de Trotsky, son silence obstiné pendant la discussion de la question du « testament » dont, en toute logique – ne fût-ce que par respect pour la mémoire de Lénine – il eût dû revendiquer la publication immédiate. Il n'y a pas d'explication d'un comportement que l'on peut estimer suicidaire sur le plan politique, l'abandon d'un de ses principaux atouts dans la lutte au sein du parti. A la différence de ce qui s'était passé lors du XIIe congrès, il n'a en effet rien à attendre d'un avenir proche et de développements qui, avec l'étouffement du « testament », ne peuvent être positifs pour lui et pour sa cause, cette « démocratie du parti » qu'il a défendue dans le Cours nouveau. Ayant jeté ses armes, il ne sera pourtant pas dispensé de se battre, mais les mains nues.

Le déroulement du XIIIe congrès, à la fin de mai 1924, qui se présente comme une répétition aggravée de la XIIIe conférence, confirme en tout cas l'appréciation pessimiste qu'il porte sur le rapport des forces et qui explique probablement son refus de s'engager pour une relance du débat sur le « cours nouveau ». Le rapport politique du comité central est présenté par Zinoviev. Il consiste en une charge à fond contre l'Opposition, une dénonciation de ses « attentats » contre le parti, sur la question des groupements et des fractions, la question des générations, celle de la déclaration de guerre à l'appareil qu'elle a appelée « lutte pour la démocratie ». Zinoviev évoque en termes dramatiques la discussion de la fin de 1923, le parti ébranlé, selon lui, jusque dans ses fondations, les discussions de nuits entières, les militants désorientés, bref, « le parti en danger ». C'est, assure-t-il, le devoir de chacun de tout faire pour apaiser sa fièvre et le guérir. Tourné vers Trotsky et Préobrajensky, il leur dit:

« Le plus sage et le plus digne d'un bolchevik que l'Opposition pourrait faire serait de faire ce qu'un bolchevik doit faire quand il a commis une erreur, venir à la tribune du congrès du parti, se tourner vers lui et lui dire: "Je me suis trompé. C'est le parti qui avait raison" [36]. »

Une telle invite est sans précédent dans le parti, où personne n'a jusqu'à présent osé demander – voire seulement songé à demander – à quiconque de condamner ses propres convictions et renoncer publiquement et par discipline à ses propres idées. Jamais encore ne s'était produite, consciemment ou non, semblable confusion, même involontaire, entre soumission à la discipline et capitulation pure et simple, « discipline de pensée ». Il n'est pas étonnant que la protestation la plus vive ait été émise à la tribune par Kroupskaia : la veuve de Lénine estime qu'une telle exigence est « psychologiquement inacceptable [37] ».

Dans ses Mémoires, Love and Revolution (Amour et Révolution), l'écrivain américain Max Eastman – qui assista à ce congrès et y apprit dans un couloir, de la bouche de Trotsky, l'existence du « testament » et les grandes lignes de son contenu – raconte qu'il donné à Trotsky « le petit conseil 100 % américain » de « tomber la veste et retrousser les manches » et d'attaquer les conspirateurs en lisant à la tribune le texte du testament [38]… On se doute aussi que Trotsky ne répondit à cette invite que par une ironie aimable...

Le visage crispé, marqué, écrit Eastman, « de signes de souffrance jamais vus [39] », il intervient sur un ton calme et mesuré, écouté par une salle tendue, mais attentive et applaudi à plusieurs reprises. Dès sa première phrase, il explique qu'il désire « laisser de côté tout ce qui pourrait envenimer la question, lui donner une empreinte personnelle, rendre plus difficile encore la liquidation des difficultés » du parti. Il ne traitera donc pas de certains « sujets épineux », s'engageant cependant à répondre à toute question qui leur serait posée à ce sujet [40].

Il traite ensuite, l'un après l'autre, les points soulevés par Zinoviev et lui répond qu'il n'a fait que poser les problèmes évoqués dans les termes mêmes où ils ont été posés par la résolution du bureau politique du 5 décembre. Méthodiquement, il réfute les accusations une à une. Il salue au passage le succès de la « promotion Lénine » comme un vote de confiance en faveur du parti, puis en arrive à la « reconnaissance de ses erreurs » qui lui a été demandée par Zinoviev :

« Il n'y a rien de plus simple, de plus facile, moralement et politiquement, que de venir dire à son parti qu'on s'est trompé sur telle ou telle question [41].»

Mais ce n'est pas cela qui lui est demandé par Zinoviev ; c'est en réalité de renier l'esprit même de la résolution du 5 décembre – et cela, il n'est pas disposé à le faire :

« Aucun de nous, camarades, ne peut ni ne veut avoir raison contre son parti. En dernière analyse, c'est toujours le parti qui a raison, parce qu'il est l'unique instrument historique dont la classe ouvrière dispose pour régler ses problèmes fondamentaux. J'ai déjà dit qu'il n'est rien de plus facile que de venir dire au parti que toutes ces critiques, toutes ces déclarations, ces avertissements, ces protestations, constituaient une seule et même erreur. Mais, camarades, je ne peux pas le dire, parce que je ne le pense pas. Je sais qu'on ne peut pas avoir raison contre son parti. On ne peut avoir raison qu'avec son parti et à travers son parti, parce que l'Histoire n'a pas encore construit d'autre route pour vérifier qu'on a eu raison. Il existe chez les Anglais une formule historique : " Qu'il ait tort ou raison, c'est mon pays" (Right or wrong, my country).
« C'est avec une bien plus grande justification historique que nous disons : de la même façon, même s'il se trompe sur telle ou telle question pratique, à un moment ou à un autre, c'est mon parti […]. Je crois pour ma part que j'ai rempli mon devoir de membre du parti qui doit prévenir son parti de ce qu'il considère comme un danger [42]. »

Peut-être hésite-t-il un instant avant d'exprimer, sous une forme un peu rhétorique, sa détermination de demeurer jusqu'au bout dans le parti :

« Il est ridicule et peut-être un peu déplacé de faire ici des déclarations personnelles, mais j'espère que, s'il le fallait, je ne serais par le dernier soldat sur la dernière barricade bolchevique [43] ! »

Ayant reconnu qu'il n'est pas possible d'opérer une distinction entre « fractions » et « groupements » – la seule concession qu'il ait consenti à faire –, il termine cette intervention par une affirmation trop souvent négligée par les historiens :

« Il n'y a pas que des membres individuels du parti qui commettent des erreurs. Le parti aussi peut en commettre. C'est le cas par exemple de certaines résolutions de la [XIIIe] conférence dont je considère que d'importants passages sont aussi faux qu'injustes […]. Mais, si le parti adopte une résolution que l'un d'entre nous tient pour injuste, il dit :
"Qu'elle soit juste ou injuste, c'est de mon parti qu'il s'agit et j'endosse jusqu'au bout les conséquences de sa résolution" [44]. »

Préobrajensky, sur la même ligne, est plus précis et plus polémique. Saluant, lui aussi, comme une manifestation de la confiance ouvrière le succès du recrutement dans la promotion Lénine, il assure cependant :

« Ce serait d'un optimisme tout à fait excessif que de prétendre qu'en entrant dans le parti, les ouvriers confirment et approuvent tout ce que nous avons fait en matière de politique interne au parti, y compris les perversions bureaucratiques [45]. »

Il s'élève contre la façon dont la purge a été menée sans que le parti ait été à même de la contrôler et contre le fait que nombre d'erreurs aient été commises. Il demande enfin au congrès de reconsidérer la résolution de la XIIIe conférence qui qualifie l'Opposition de « déviation petite-bourgeoise ».

Mais le XIIIe congrès n'a été que la manifestation de la puissance de l'appareil, la négation des idées et des débats d'idées. Aucun délégué ne pose à Trotsky de question sur les « sujets épineux », mais valets et béni-oui-oui se succèdent à la tribune pour parler de son intervention « incompréhensible », « diplomatique ». Staline et Zinoviev font semblant d'avoir compris qu'il défend l'idée d'une infaillibilité du parti du type de celle du pape. Staline s'indigne lourdement :

« Trotsky dit que le parti ne peut pas faire d'erreurs. C'est faux. Le parti en commet souvent. […] C'est une flatterie et […] une tentative pour nous ridiculiser [46].  »

Ouglanov ironise pesamment : Trotsky rêve d'être un soldat alors qu'on attend de lui qu'il soit un « commandant » discipliné. Zinoviev en rajoute sur ses « flatteries aigres-douces » à l'égard du parti [47].

Les résolutions finales du XIIIe congrès approuvent les résolutions de la XIIIe conférence, renouvellent la condamnation de l'Opposition dans les mêmes termes. Quelques jours plus tard, le Bolchevik du 5 juin 1924 la qualifie de « demi-menchevisme intérieur, quart de menchevisme, mille fois plus dangereux que le menchevisme cent pour cent...».


L'une des conséquences de plus longue portée du XIIIe congrès du parti russe se trouve dans la profonde transformation de l'Internationale et de ses partis, connue sous le nom de « bolchevisation ». Trotsky, pour les communistes étrangers, est un dirigeant prestigieux, beaucoup plus que Zinoviev, pourtant président de l'Internationale – pour ne pas parler de Staline, pratiquement inconnu dans tous les partis communistes de l'époque.

Il semble que l'éventualité d'une « mutinerie », voire d'une simple fronde de la part de partis étrangers, prenant parti pour Trotsky contre les autres dirigeants russes, ait à l'époque terrorisé Zinoviev et ses alliés. Leur charge se déchaîne aussitôt contre tout dirigeant d'une section de l'I.C. soupçonné de sympathie, même platonique, pour Trotsky et l'Opposition.

Au cours de l'assemblée générale des militants de Moscou du 11 décembre 1923, Karl Radek mentionne au passage le fait que les directions des partis français, allemand et polonais ont manifesté de la sympathie pour Trotsky et les Quarante-six [48].

Dans un premier temps, la direction zinoviéviste de l'Internationale se déchaîne contre Brandler, qu'elle associe à Radek pour en faire le bouc émissaire du fiasco allemand d'octobre 1923. Au présidium de l'I.C., le 12 janvier 1924, Zinoviev prononce un véritable réquisitoire contre Brandler et Radek, qu'il répète à la XIIIe conférence du parti russe [49]. Les deux hommes sont, selon lui, coupables d'« opportunisme de droite » et ont tenté d'introduire dans l'Internationale les luttes fractionnelles, défigurant et dénaturant dans son application la politique révolutionnaire décidée par l'Internationale. Effrayés, Brandler et son conseiller Thalheimer se démarquent publiquement de Trotsky, clament leur accord avec Zinoviev : il n'y aura pratiquement pas un seul partisan de l'Opposition de 1923 dans le K.P.D...

La direction du parti polonais est d'une autre trempe. Au début de décembre 1923, son comité central vote un texte qui déclare notamment :

« Le point central dans la crise actuelle à l'intérieur du parti communiste russe consiste dans les divergences d'opinion entre sa majorité et le camarade Trotsky. Nous savons que ces divergences sont liées à des problèmes complexes de la construction du socialisme, et nous ne sommes pas en mesure de juger de ce qui concerne la politique économique. Une seule chose est claire pour nous : le nom du camarade Trotsky est pour notre parti, pour toute l'Internationale, pour l'ensemble du prolétariat révolutionnaire mondial, indissolublement lié à la révolution d'Octobre victorieuse, l'Armée rouge, le communisme et la révolution mondiale.
« Nous ne pouvons admettre la possibilité que le camarade Trotsky puisse se trouver hors des rangs de la direction du parti communiste russe et de l'Internationale. Nous sommes cependant inquiets à l'idée que les discussions puissent dépasser le cadre des problèmes concrets en discussion et quelques déclarations publiques de dirigeants responsables du parti justifient les pires inquiétudes [50]. »

Au présidium de l'I.C., en janvier, le représentant du Parti communiste polonais, Edward Prochniak regrette le mutisme de l'exécutif dans la question de ses propres responsabilités dans la défaite allemande. Il lance un avertissement :

« Depuis que Lénine, le dirigeant le plus important du prolétariat révolutionnaire mondial ne prend plus part à la direction de l'Internationale, et depuis que l'autorité de Trotsky, dirigeant reconnu du prolétariat révolutionnaire mondial, a été mise en question par le parti communiste russe, il existe le danger que l'autorité de la direction de l'Internationale communiste soit ébranlée [...]. Nous considérons que l'accusation d'opportunisme portée contre Radek, un des dirigeants les plus éminents, est non seulement injuste, mais au plus haut degré dommageable pour l'autorité des dirigeants de l'Internationale [...]. Les divergences entre les dirigeants les plus connus de l'Internationale communiste dans l'appréciation de la question allemande sont du type de celles qui sont inévitables dans un parti révolutionnaire vivant [51]. »

Au Ve congrès de l'Internationale communiste, les dirigeants du parti communiste russe, Staline en tête, débarquent dans la « commission polonaise » et y imposent la décision de révocation de l'ancienne direction, formée de Warski, Walecki et Wera Kostrzewa à qui Zinoviev s'est juré de «casser les reins». Wera Kostrzewa, qui s'incline, comme les autres, parce qu'elle sait que les ouvriers polonais choisiraient l'Internationale contre leurs propres dirigeants, lance, elle aussi, un avertissement qui lui coûtera la vie :

« Nous sommes contre la création à l'intérieur du parti d'une atmosphère de lutte permanente, de tension, d'acharnement les uns contre les autres [...]. Je suis persuadée qu'avec votre système, vous allez discréditer tous les dirigeants du parti, les uns après les autres, et j'ai peur qu'au moment décisif, le prolétariat n'ait plus à sa tête d'hommes éprouvés. La direction de la révolution pourrait tomber entre les mains de carriéristes, de "chefs saisonniers" et d'aventuriers [52]. »

Alfred Rosmer décrit l'activité déployée par Zinoviev et son appareil sous le couvert de la « bolchevisation » décidée par le Ve congrès :

« Au moyen d'émissaires qu'il dépêchait dans toutes les sections, il supprimait dès avant le congrès toute opposition. Partout où des résistances se manifestaient, les moyens les plus variés étaient employés pour les réduire : c'était une guerre d'usure où les ouvriers étaient battus d'avance par les fonctionnaires qui, ayant tout loisir, imposaient d'interminables débats: de guerre lasse, tous ceux qui s'étaient permis une critique et qu'on accablait du poids de l'Internationale cédaient provisoirement ou s'en allaient [53]. »

Boris Souvarine, l'ancien représentant à Moscou du P.C.F., a publié en France une traduction du Cours nouveau et a défendu Trotsky et l'opposition au XIIIe congrès du parti russe : il est exclu. Après lui, Pierre Monatte et Alfred Rosmer, les deux anciens du noyau de la Vie ouvrière pendant la guerre sont exclus pour avoir protesté contre les conséquences de la politique de « bolchevisation » dans leur parti...

L'un des résultats de la prétendue « bolchevisation » est qu'il n'y eut aucune discussion sur le « fiasco » d'octobre 1923 en Allemagne dont il faut pourtant bien admettre qu'il posait à l'Internationale communiste les questions les plus fondamentales. L'Allemagne avait-elle connu une situation révolutionnaire à partir d'août 1923 ? Le bureau politique du parti russe et l'exécutif de l'Internationale avaient-ils eu raison de prévoir et de préparer l'insurrection en octobre ? La décision de battre en retraite après la conférence de Chemnitz était-elle fondée ?

La réponse, du fait de l'imbrication avec les luttes de tendance, ne pouvait guère émaner d'un tribunal objectif. Radek et Piatakov, partisans de Trotsky et des Quarante-six en Russie, avaient d'abord été sceptiques sur les chances de la révolution allemande, bien qu'ils n'aient pas été « au moins aussi sceptiques que Staline », comme l'assure Deutscher … Mais ils avaient préparé l'insurrection et aussi lancé le mot d'ordre de la retraite. Zinoviev, d'abord hésitant, avait approuvé le plan de marche élaboré par Trotsky mais aussi l'ordre de battre en retraite lancé par Brandler et Radek. Trotsky pensait au fond que les deux derniers n'avaient fait que boire le vin tiré par Staline et Zinoviev. Ces deux derniers, faisant de Radek et de Brandler des « trotskystes », firent d'une pierre deux coups en attribuant, en dernière analyse, à Trotsky l'échec d'une avancée révolutionnaire dont il avait été l'inspirateur et dont ils l'avaient empêché d'être l'exécutant. La « révolution allemande » de 1923 – dont l'idée même a été tournée en dérision par nombre d'historiens – est ainsi devenue un non-événement...


Les débats que nous venons de décrire avaient un goût de cendre pour les militants communistes – et il n'en manquait pas alors – aux yeux de qui la révolution allemande était un enjeu pour l'humanité entière, plus que pour les objectifs de boutique de l'appareil du P.C. russe. Pour Trotsky, ils avaient déjà un goût de mort.

Il était de nouveau à Soukhoum depuis quelques jours quand il reçut le 3 septembre 1924, par télégramme, l'annonce du suicide de son collaborateur Mikhail Salomonovitch Glazman, qui s'était tiré un coup de revolver en apprenant son exclusion du parti. Glazman était entré au Parti bolchevique en 1918. Secrétaire-sténographe de profession, il avait été l'un des hommes du train, des combattants au blouson de cuir. Militant révolutionnaire, travailleur infatigable, il avait pratiquement vécu trois ans auprès de Trotsky, n'abandonnant la plume du sténographe que pour empoigner le fusil. Il avait été également secrétaire du conseil militaire révolutionnaire.

Que lui reprochait-on qui ait pu expliquer une telle mesure ? Son travail auprès de Trotsky, la collaboration qu'il venait de lui donner pour l'édition de ses œuvres sur 1917, expliquaient qu'il fût persécuté, mais ne pouvaient à cette date constituer un motif avouable d'exclusion. Il est probable que la clé de cette énigme se trouve dans les archives du G.P.U. Des années plus tard, Trotsky évoque, à propos de Glazman, les jeunes révolutionnaires qui avaient eu une défaillance devant la police tsariste et que Staline et les siens, alors qu'ils avaient été blanchis, faisaient chanter : Glazman se serait donc suicidé pour échapper à un chantage qui exigeait de lui des accusations contre Trotsky. Nous ne savons rien de plus précis. Informé de son exclusion le 1er septembre 1924 en tout cas, Glazman se suicida le 2 septembre. Quand Trotsky signa sa nécrologie, le 6 septembre, le mort avait déjà été réintégré, et l'organisme qui avait prononcé l'exclusion avait reçu un blâme de la commission centrale de contrôle...

Glazman n'était que la première victime. A cet égard, l'abstention de Trotsky et des siens dans la bataille autour du « testament » a pesé très lourd, et c'est probablement au moment de la discussion de cette question au sommet, en mai, que s'est joué son destin personnel. Trotsky en a conscience puisqu'il écrit, dans un hommage au jeune mort que la Pravda va refuser de publier, l'expression pudique de ce qui est probablement pour lui un regret poignant : « Pardonnez-moi, mon jeune ami, de ne vous avoir pas protégé ni sauvé. »

Références

[1] Il n'y a pas d'étude d'ensemble sur les questions traitées dans ce chapitre.

[2] Moshé Lewin, Dernier combat, p. 142.

[3] Victor Serge, V. M., p. 156.

[4] M.V., III, p. 240 ; Staline, p. 524.

[5] Ibidem, p. 241.

[6] Trotsky, Œuvres, 22, p. 115. Lettre à Malamuth (21 octobre 1939).

[7] Ibidem, p. 155.

[8] M.V., III, p. 241.

[9] Œuvres, 22, pp. 115-116.

[10] M.V., III, p. 243.

[11] Lettre à Malamuth (19 novembre 1939), Œuvres. 22, p. 154.

[12] M.V., III, p. 243.

[13] Trotsky, Lénine, pp. 227-229.

[14] Deutscher, op. cit., II, p. 189 ne donne pas de référence pour cette lettre qui n'est pas dans les archives.

[15] Ibidem. p. 242.

[16] « Le Super-Borgia du Kremlin. » Œuvres, 22, pp. 66-84

[17] Publié dans Voprosy Istorii KPSS, n° 2, 1963, traduction française Cahiers du Monde russe et soviétique n° 2, 1967, pp. 264-328.

[18] Staline, Sotch., VI, pp. 46-51.

[19] M.V., III, p. 248.

[20] Valentinov « Le Mausolée de Lénine » Le Contrat social  n° 5, I, novembre 1957.

[21] Pravda, 30 janvier 1924.

[22] Compte-rendu de la XIIIe conférence, pp. 516 sq.

[23] « La Révolution trahie » in De la Révolution, pp. 586-587.

[24] M. Joffé, One Long Night, Londres, 1978, pp. 71-72.

[25] Zapad i Vostok, Moscou, 1924, p. 27.

[26] M.V., III, p 244.

[27] Note du Département d'Etat, 3 septembre 1956, p. 3.

[28] Borissov, « Homme et symbole. » Naouka i Jizn. septembre 1987.

[29] Note absente de l'original. (NdE).

[30] Note absente de l'original. (NdE).

[31] Note absente de l'original. (NdE).

[32] Note absente de l'original. (NdE).

[33] Note absente de l'original. (NdE).

[34] Note absente de l'original. (NdE).

[35] Note absente de l'original. (NdE).

[36] Note absente de l'original. (NdE).

[37] Note absente de l'original. (NdE).

[38] Note absente de l'original. (NdE).

[39] Note absente de l'original. (NdE).

[40] Note absente de l'original. (NdE).

[41] Note absente de l'original. (NdE).

[42] Note absente de l'original. (NdE).

[43] Note absente de l'original. (NdE).

[44] Note absente de l'original. (NdE).

[45] Note absente de l'original. (NdE).

[46] Note absente de l'original. (NdE).

[47] Note absente de l'original. (NdE).

[48] Note absente de l'original. (NdE).

[49] Note absente de l'original. (NdE).

[50] Note absente de l'original. (NdE).

[51] Note absente de l'original. (NdE).

[52] Note absente de l'original. (NdE).

[53] Note absente de l'original. (NdE).

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